Les amateurs de chats votent pour Kamala Harris
« Si vous êtes encore indécis, demandez à votre chat pour qui voter ! »
05 Novembre 2024
Il y a quelques mois, dans un post sur Instagram en soutien à Kamala Harris, Taylor Swift a signé en tant que « Childless Cat Lady », soit « femme à chats sans enfants ». Sur la photo, la chanteuse américaine étreint un de ses trois chats, Benjamin, avec lequel elle avait déjà été photographiée pour une couverture de Time. C'était une critique ouverte de la campagne électorale de Trump : quelques semaines auparavant, une interview de 2021 sur Fox News de J.D. Vance, candidat républicain à la vice-présidence, avait révélé qu’il considérait que les États-Unis étaient gouvernés par « un groupe de femmes à chats sans enfants insatisfaites de leur vie ». Vance faisait référence en particulier à certains membres féminins du Parti démocrate, dont Kamala Harris, qu’il avait citée nommément. «Quand Vance dit qu’Harris est l’une des nombreuses femmes à chats sans enfants [...] il exprime une série d’idées sexistes et racistes, selon lesquelles seules certaines femmes peuvent être considérées comme de “vraies femmes”. C’est-à-dire les mères mariées, tandis que toutes les autres sont des exceptions dans la société », a écrit la journaliste Tressie McMillan Cottom dans le New York Times. En réponse à ces accusations, de nombreuses personnes ont exprimé leur soutien à la candidature d’Harris en postant des photos de leurs chats en ligne et sur les réseaux sociaux. Il en est même né de véritables campagnes, telles que Pet Lovers for Kamala ou Cat Ladies For Kamala, qui encouragent entre autres les gens à s’inscrire sur les registres électoraux et à aller voter. « Si tu hésites encore, demande à ton chat pour qui voter !», a écrit un utilisateur en commentaire d’un reel de Cat Ladies For Kamala, qui, avec ses initiatives et son merchandising, a déjà collecté plus de 400 000 dollars pour soutenir la candidature d’Harris.
Mais la publication de Vance n’est pas la seule a avoir placé les chats au centre de la campagne électorale américaine. Lors du débat télévisé entre les candidats aux élections présidentielles, tenu en septembre dernier, Trump a affirmé qu’à Springfield, dans l’Ohio, des immigrants en situation irrégulière voleraient les animaux domestiques des résidents pour les manger – une théorie complotiste provenant des milieux de l'extrême droite américaine. Cet épisode a déclenché de nombreuses campagnes de haine en ligne contre la communauté haïtienne, et dans les semaines qui ont suivi, des images créées avec l’intelligence artificielle montrant Trump entouré d’animaux, notamment des chats et des chiens, ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Le candidat républicain lui-même a posté sur ses propres comptes des images de ce genre créées avec l’IA, dont l’une montre un chat orange avec une pancarte sur laquelle est écrit « Kamala me déteste ». Cette stratégie extravagante du parti républicain a attiré l’attention, et a donné lieu à de nombreuses blagues et mèmes sur les réseaux sociaux, qui ont contribué à ternir encore plus l’image de la rhétorique de Trump. Kamala Harris elle-même, lors de leur débat télévisé, a éclaté de rire pendant que le candidat républicain expliquait son histoire absurde de migrants mangeant des chiens et des chats, et a ensuite utilisé ces déclarations pour démontrer l’extrémisme de son adversaire.
@kamalahq icon behavior
original sound - Kamala HQ
Grâce aux déclarations bizarres de Trump et Vance sur les animaux de compagnie, le thème choisi pour la célèbre parade d'Halloween de New York a été justement celui des chats. «On était un peu perdus, puis un jour Vance a dit cette chose sur les femmes à chats sans enfants et tout a changé. [...] Peu de temps après, Trump a commencé à parler d’immigrants mangeant des chats : pour nous, c’était la tempête parfaite», a expliqué au Manifesto Jeanne Fleming, la productrice artistique de l’événement – qui, pour l’édition 2024, a été intitulé «Miao», et comme chaque année a attiré des dizaines de milliers de participants, dont beaucoup déguisés en chats. Tout ce récit semble favoriser Harris, qui ces dernières semaines a saisi l’occasion pour se présenter davantage comme une candidate non clivante, capable de rassembler tous les citoyens américains, même ceux qui ne voteront pas pour elle. Pour cela, elle a commencé à utiliser un ton plus positif et joyeux, disant que sa politique est celle de la joie, et qu’elle ne se fonde pas sur l’opposition, mais sur l’adhésion à des valeurs. Trump, en revanche, a continué même dans les derniers jours de campagne électorale à utiliser un ton agressif et violent, insultant et menaçant les personnes et les institutions qui ne le soutiennent pas.