Quand les mèmes se mêlent à la politique
Les nouveaux leviers de stratégie politique en 2024
13 Septembre 2024
Avec les élections présidentielles qui arrivent à grands pas ce 5 Novembre 2024, Joe Biden cède sa place à Kamala Harris, bien déterminée à battre Trump par tous les moyens. Et s' il y a bien un moyen qui se popularise récemment dans la politique, ce sont les mèmes. Ils sont devenus des outils politiques incontournables aux États-Unis au fil des années, amenés par la génération Z, où leur capacité à distiller des messages complexes en visuels saisissants a radicalement transformé la manière dont les campagnes électorales engagent les électeurs. Tout le monde se rappelle de l’exemple frappant de la campagne présidentielle de 2016, où des mèmes comme «Pepe the Frog» sont devenus des symboles polarisants. Ce mème, qui a vu sa signification évoluer au fil de l’élection, a été approprié par des militants pro-Trump et certaines franges de l’extrême droite, illustrant comment l’humour internet peut être détourné à des fins politiques. Un phénomène, amplifié par les algorithmes des réseaux sociaux, qui a permis à la campagne Trump de mobiliser des soutiens via des plateformes comme Reddit et 4chan, loin des stratégies publicitaires classiques.
En 2024, la politique américaine se joue autant sur les réseaux sociaux que dans les urnes. Ce qui pourrait sembler anecdotique est en réalité un changement profond dans la manière dont les candidats se connectent à leurs électeurs. Donald Trump et Kamala Harris en sont des exemples vivants, chacun exploitant ces fragments de culture internet pour façonner leur image publique et influencer des pans entiers de l’électorat. Si Trump a depuis longtemps compris la puissance des mèmes pour galvaniser ses soutiens, Harris, elle, a su s’approprier la tendance «Brat Summer» et la transformer en un véritable levier politique, ralliant à sa cause la génération Z. L’exemple le plus marquant de cette stratégie est l’adoption par Harris d’un son TikTok remixant son discours «You think you just fell out of a coconut tree?», devenu viral et symbole de sa campagne. Ce mème, repris à l’infini par des créateurs sur TikTok, a non seulement permis à Harris de s’imposer dans le paysage médiatique, mais surtout de toucher un électorat jeune souvent désenchanté par la politique. En s’appuyant sur des codes esthétiques et des références pop comme l’album Brat de Charli XCX, Harris a réussi là où d’autres échouent : s’ancrer dans une culture numérique mouvante sans paraître déconnectée.
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Donald Trump, quant à lui, n’a pas renoncé à son utilisation des mèmes, mais son style reste ancré dans des représentations plus classiques et héroïques de sa personne, souvent partagées par ses fidèles sur des plateformes comme Truth Social. Suite à une tentative d’assassinat ce 14 juillet 2024 dont il a été victime, Trump n'a bien entendu pas perdu l'occasion d'utiliser les réseaux sociaux pour transformer cet événement en une démonstration de force. La scène où il se relève, bras levé aux côtés de ses gardes du corps, a été rapidement partagée et détournée, renforçant son image d’homme invincible aux yeux de ses partisans. Cependant, il peine à capter la nouvelle génération, moins sensible à ces récits simplifiés. En 2024, la course entre Harris et Trump révèle ainsi deux approches opposées d’une même réalité : la politique moderne est désormais un jeu d’influence où l’humour absurde et les formats courts règnent en maîtres.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 15, 2024
Mais le phénomène des mèmes n’est pas réservé aux États-Unis, en France, lors de l’élection présidentielle de 2022, les mèmes ont également été des outils de communication politique, parfois détournés à des fins de moquerie. Emmanuel Macron, souvent surnommé «Jupiter» pour son style présidentiel autoritaire, a vu ce surnom être transformé en mèmes le représentant comme un dieu olympien, renforçant une critique de son prétendu élitisme. De l’autre côté, Marine Le Pen, candidate de l’extrême droite, a été la cible de mèmes mettant en lumière ses positions changeantes sur l’Union européenne, en particulier lors des débats. Ces mèmes ont contribué à façonner la perception de chaque candidat, souvent de manière plus percutante que les discours politiques classiques. Les élections législatives de 2024 n’y ont pas échappé et ont également vu une explosion de l’utilisation des mèmes, souvent créés par des IA, pour mobiliser et influencer les électeurs. Une tendance qui montre que la culture du mème, combinée aux avancées de l’IA, jouera un rôle central dans la politique de demain.