La vérité sur les stéréotypes français dans Emily in Paris

Depuis son lancement en 2020, la série Netflix Emily in Paris suscite des discussions entre les Parisiens sceptiques, les fans français, les voyageurs américains pleins d'espoir et les expatriés. Une certitude émerge : les avis divergent. Conçue par Darren Starr, scénariste et producteur américain ayant flirté avec l'idée d'une Américaine à Paris dans la saison 6 de Sex & The City, l'intrigue d'Emily à Paris a toujours captivé. Remontant au rôle d'Audrey Hepburn dans Sabrina, l'idée d'une Américaine à Paris attire l'attention des jeunes femmes ou hommes pleins d'espoir qui voient la ville d'un angle romantique, tout en suscitant la curiosité des Français quant à l'interprétation de leur capitale par un grand studio. Soyons honnêtes, aborder ce sujet sans recourir à des clichés et des dramatisations est impossible. Prenons la première scène, où Emily découvre son appartement parisien. L'idée de vivre sans ascenseur la surprend, suivie, bien sûr, d'une tentative de flirt du voisin après seulement 5 minutes. Au-delà des clichés et de la naïveté, c'est une interprétation charmante des stéréotypes français, non pas pour se moquer de la culture, mais pour l'amplifier au profit d'une narration romanesque. En réalité, les premières impressions montrent un personnage principal perpétuant lui-même les stéréotypes français, suscitant la curiosité du reste de l'équipe face à cet Américain bruyant manquant de la chaleur que, contrairement aux idées reçues, la plupart des Français ont. Examinons de plus près certains aspects spécifiques d'Emily in Paris qui méritent d'être décryptés, au moins pour les touristes ou travailleurs américains susceptibles de découvrir un Paris bien différent de celui conçu par Netflix.

Au contraire, les Parisiens travaillent

Bien que la série présente l'agence Savoir comme un lieu où les employés circulent sans horaires fixes, ce n'est pas la réalité. Les Français respectent des horaires de bureau et une certaine routine au travail. Il est important de souligner qu'ils ne ridiculisent pas l'éthique de travail américaine, la considérant souvent positivement, offrant la possibilité de repousser les limites. De plus, attirer l'attention des hauts dirigeants nécessite plus que des campagnes réussies sur les réseaux sociaux. Pour Emily, il semble qu'elle ne passe pas suffisamment de temps assise à un bureau ou devant un ordinateur. De plus, la dernière fois que j'ai vérifié, travailler le week-end n'est pas illégal. Enfin, bien que la vie personnelle et professionnelle puisse parfois se mêler autour d'un verre après le travail, l'idée de s'immiscer dans la vie personnelle d'un collègue est inhabituelle.

Les classiques de la cuisine française manquent

Alors que les spectateurs découvrent les délices de la cuisine professionnelle de Gabriel, le bel intérêt amoureux d'Emily, qui change souvent d'avis, la série néglige la cuisine française classique. Certes, les croissants et le café sont omniprésents, mais où est le sandwich jambon beurre classique pour le déjeuner ? Où est l'apéritif avec du fromage et du vin, voire un simple poulet rôti ? La série semble manquer le coche quant à la façon dont une Américaine à Paris, telle qu'Emily, mangerait. Même si les Parisiens ne dépendent pas autant des fast-foods que les Américains (surtout en ce qui concerne les 'food desserts'), un repas chez McDo n'est pas inédit. Enfin, la scène de la saison 2 où Gabriel critique les plats préparés d'Emily pour un dîner révèle davantage la personnalité de Gabriel que celle des Français. Connaissez-vous d'ailleurs Picard ?

Une garde-robe avant-gardiste sans décontraction

Oui, Paris est la capitale mondiale de la mode, mais non, toutes les femmes actives ne portent pas des tailleurs-jupe Chanel et des sacs de marque. L'absence de style authentique sert à séduire le téléspectateur, le poussant parfois à rechercher une tenue ou à découvrir le créateur d'un sac à main. En réalité, tous les personnages féminins d'"Emily in Paris" ont des garde-robes qui semblent un peu figées. Les moments où l'on voit Emily dans des tenues décontractées sont lorsqu'elle fait de l'exercice ou court sur la Seine. Derrière les paillettes et le glamour associés à la scène de la mode parisienne, rappelons que la Fashion Week ne se déroule pas tous les jours. Une simple paire de jeans associée à un pull en maille et à quelques bijoux aurait parfois été plus efficace. La garde-robe d'Emily est certainement la plus audacieuse, et bien que nous admirions son assurance, nous nous interrogeons sur son sens pratique.

Et les 16 autres arrondissements ?

La série ne présente pas Paris dans toute sa diversité. Un spectateur non averti pourrait penser que la ville se limite à des lieux emblématiques tels que le Louvre ou le jardin des Tuileries. Ce que Darren Starr et les autres producteurs ont omis, ce sont les riches enclaves culturelles présentes dans chaque quartier parisien. Emily ne s'aventure pas dans le 10e pour savourer de délicieux plats sénégalais, par exemple. La série a été accusée à plusieurs reprises de blanchiment, en choisissant des personnages symboliques non blancs tels que la meilleure amie d'Emily ou son intérêt amoureux dans la deuxième saison. Même lorsqu'elle se promène dans les rues, l'absence de diversité est flagrante. Certes, il y a eu des défauts dans la production. Cependant, pour de nombreux spectateurs Emily in Paris a tenu ses promesses avec sa narration légère, inspirant et romantisant le style de vie parisien qui fait tant rêver. Peut-être peut-on considérer Emily elle-même comme l'une des principales lacunes. Il est rare qu'un Américain vienne vivre et travailler dans la ville sans parler un mot de français, et peu sont aussi arrogants pour croire qu'ils peuvent y arriver sans effort. Avec l'annonce de la quatrième saison où Emily s'envolera pour l'Italie, nous devrons nous demander si les producteurs ont tiré des leçons des critiques des trois saisons précédentes. Le régime d'Emily se composera-t-il uniquement de pâtes ? Boira-t-elle du vin toute la journée ? Pour le bien de la culture italienne, nous espérons que non. Mais si les producteurs font bien les choses, le séjour d'Emily en Italie pourrait offrir un nouvel éclairage aux voyageurs pleins d'espoir et aux curieux de la culture européenne, leur permettant de se faire une idée avant de porter des jugements.