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Les grands aussi méritent un doudou

Petite peluche, grand réconfort

Les grands aussi méritent un doudou Petite peluche, grand réconfort

Qu’il prenne la forme d’un ours tout doux, des restes d’un vieux foulard ou d’un petit bonhomme, le doudou est un point de réconfort qui brave les frontières, les classes sociales mais surtout qui brave la loi du veillissement. En effet, si le taux de natalité en France est en baisse, ce n’est pas le cas des ventes de jouets. Au cours des douze derniers mois, les achats destinés à des consommateurs âgés de 12 ans et plus auraient représenté 29 % du chiffre d’affaires total des jeux et jouets. À elles seules, les ventes de peluches ont bondi de 14 % sur la même période, atteignant les 50 millions d’euros. Une grande partie de ces ventes aurait été générée par les « kidults », cette catégorie d’adultes touchés par le syndrome de Peter Pan, pas encore prêts à abandonner ces bouts de tissus réconfortants derrière lesquels ils se cachaient quand la peur des monstres prenait le dessus, ou bien qu’ils serraient un peu plus forts en cas de besoin de réconfort. Aujourd’hui, pour la Gen-Z, l’anxiété a remplacé les monstres, et le besoin réconfort est de plus en plus nécessaire. Dans ce climat social et politique anxiogène, un doudou en forme de petit gâteau souriant  est le premier sur la wish-list des 18-25 ans

Selon un rapport sur la santé mentale des jeunes publié en juin dernier, 42% des 18-25 ans se considèrent porteur d’un trouble mental, tandis que 32% de ces derniers qui utilisent les réseaux sociaux déclarent ne pas bien se sentir bien dans leur vie, avec 45% d’entre eux affirmant avoir été personnellement victime de violence en ligne. Des données qui ne font que s’empirer chaque année : si en 2020, les passages des 18-25 ans aux urgences pour “idées suicidaires” étaient au nombre de 50 par semaine, aujourd’hui, ils ont triplé. 59% d’entre eux déclarent être souvent "épuisés, sans énergie", 58% "anxieux" et 48% se disent "souvent tristes, déprimé(e)s". Un mal-être en croissance probablement dû à la pandémie, à l’anxiété qu’elle a engendré mais aussi à la solitude : les jeunes âgés de 18 à 24 ans seraient les plus concernés (27 %), par la solitude que les 25-34 ans (20 %). 

@serge_adams #pourtoi son original - Serge Adams

Vouloir s’accrocher à son doudou et retrouver ce petit personnage fiable et familier dans une période difficile est donc compréhensible. Une volonté encouragée par le marché actuel de la peluche, qui propose des options toujours plus jolies et aesthetics de doudou. La marque Jelly-cat par exemple, qui a littéralement explosé sur TikTok, prospose des peluches presque plus adaptées à un adulte qu’à un enfant qui ne serait probablement pas en mesure d’apprécier sa mignonnerie à sa juste valeur. À côté des Jelly-cat, on retrouve les doudous de la marque Miniso, une chaîne chinoise de magasins spécialisés dans les cosmétiques, la papeterie et les jouets, qui ont eux aussi conquis le coeur de la Gen-Z. Et dieu merci, en ces temps difficiles, avec l’arrivée de ces créatures adorables que l’on aimerait emporter partout avec nous est arrivée le dé-tabou des doudous

@shopgroveonline Best Selling @Jellycat This year Which ones do you have? #jellycats #jellycat #jellycatdiner #jellycatshop ALL I WANT FOR CHRISTMAS - Danii

«Aujourd’hui il n’y a plus du tout de honte et c’est totalement assumé, c’était moins le cas avant», explique Sandra Callahan, directrice générale de Gipsy Toys, distributeur français de peluches. Si l’on vit dans une société qui prône l’indépendance et qui blâme la démonstration des émotions, l’utilisation des doudou est ironiquement un acte d’autonomie, une recherche de son propriétaire de se débrouiller tout seul en s’en remettant à sa peluche plutôt qu’en déplaçant ses problèmes et ses peurs sur les autres. De plus, la disparition de rites de passages de l’âge enfant à l’âge adulte semble en avoir confus plus d’un, créant des adultes qui ont du mal à comprendre s’il est temps de dire au revoir à leur peluche ou si au contraire, il en ont plus besoin que jamais. Ce coming out de doudou et leur présence chez les grands devrait peut-être nous rappeler que même à 80 ans, notre enfant intérieur sera toujours là, et qu’il faut en prendre soin comme on prendrait soin de notre moi de 6 ans demi s'il se présentait devant nous. L’argent reviendra, allez donc acheter la peluche en forme de cornichon que vous regardez depuis des semaines même si elle coûte 25€, et prenez même l'hamburger qui va avec si ça vous chante.