Marc Jacobs veut travailler chez Chanel
Mais visiblement personne ne lui a encore répondu
04 Novembre 2024
«Il n’y a qu’un seul poste que je veux, et personne ne m’a demandé de le faire», a déclaré la semaine dernière Marc Jacobs au WSJ en parlant de Chanel. Peut-être s'agit-il d'une simple plaisanterie, pourtant le designer a ensuite précisé qu’il avait tenté de contacter les dirigeants de la marque via Sofia Coppola, amie de Jacobs et collaboratrice fréquente de la maison française, sans toutefois recevoir de réponse en retour. Comme le précise le WSJ, la marque a bien été contactée mais n’a pas souhaité faire de commentaire – ce qui est néanmoins suffisant pour pousser les insiders de la mode du monde entier à spéculer et élaborer des théories : et si chez Chanel opérait la même magie Marc Jacobs qu’il avait créé, il y a deux décennies, chez Louis Vuitton ? En effet, avec le choix d’un nouveau directeur créatif, le vaste empire de Chanel s’ouvre à une nouvelle voie dans son histoire. Considérant que son pouvoir repose principalement sur des produits phares tels que les sacs, les parfums et la beauté, la stratégie que la maison pourrait décider de suivre pourrait être celle de revenir aux ambiances pop vibrantes de l’ère de Karl Lagerfeld et de se reconnecter avec l’important public de la Gen Z en suivant plus ou moins la voie tracée par Miu Miu, qui, grâce à sa croissance fulgurante, a su capter l’air du temps ces dernières années. Le fait que Jacobs ait fait une déclaration aussi flagrante alors que les négociations concernant les directeurs de la création sont normalement traitées comme des secrets d'État, est toutefois très significatif.
En envisageant cette hypothèse, ce choix ne serait toutefois pas insensé. Jacobs est l’un des designers les plus connus au monde, ayant réussi à lancer une ligne de sacs à succès sur le marché intermédiaire, malgré un segment prêt-à-porter plus restreint mais néanmoins solide; il a créé un modèle de Mary Jane qui a bien marché, relancé sa ligne de produits de beauté, mais surtout, il a développé une marque pour les jeunes appelée Heaven, dessinée par la brillante Ava Nirui, qui est devenue un phénomène en soi. Et ce sans mentionner les campagnes remplies de célébrités et ses derniers défilés, tous devenus viraux en ligne et appréciés par la critique. On ne peut certainement pas qualifier Jacobs d’indépendant (après tout, il fait partie du groupe LVMH à moins que le conglomérat ne veuille le vendre), mais il est sûr que le designer a trouvé ces dernières années un moyen de rester pertinent sans suivre le modèle un peu dépassé d’autres marques, peut-être mieux perçues par le public mais devenues de plus en plus distantes du public payant, s’adressant désormais à une classe sociale trop élevée. On pourrait dire que le sens de l’élégance classique de Jacobs, mêlé à son humour et à sa popularité personnelle, pourrait être un bon complément pour Chanel – à moins que Simon Porte Jacquemus ne revendique le trône.