Le design à Paris se porte-t-il bien ?
Q&A avec la Galerie Paradis, Valérie Maltaverne et Hall Haus
05 Luglio 2024
Alex Relmy
Ils et elles comptent parmi les figures les plus révolutionnaires du design parisien actuel, secouant le secteur et le poussant vers de nouveaux horizons. Johan Delpuech et Nathalie Bucari composent le duo à la tête de la Galerie Paradis, un espace qui accueille une sélection pointue de mobiliers et d’objets du XXe siècle restaurés et revalorisés, avec la mission de rendre le design accessible au plus grand nombre. Valérie Maltaverne, nommée Chevalier des Arts et des Lettres en 2019, ne cesse de transmettre le savoir-faire français avec Ymer et Malta, sa maison de création d’objets et de mobilier d’art contemporain inscrite dans la démarche du Slow Made. Zakari Boukhari, Teddy Sanches, Sammy Bernoussi et Abdoulaye Niang sont les quatre jeunes membres de Hall Haus, collectif spécialisé dans l'approche sociale du design. Nous les avons réunis pour faire un état des lieux du design parisien.
Qu'est-ce qui distingue Paris en termes de design ?
Johan et Nathalie : Paris est une ville où le design est intuitif, imprégné d'histoire et de culture. Ici, on valorise beaucoup l'artisanat, les matières singulières et le mélange des styles. On privilégie souvent une approche poétique et primaire et on ose des designs plus éclectiques et expressifs.
Valérie Maltaverne : Contrairement aux autres capitales du design, Paris dispose d’un écosystème complet avec des écoles, des galeries, des antiquaires, des musées, des maisons de vente, des architectes et des décorateurs de renommée mondiale.
Hall Haus : Paris a une relation unique avec la mode qui joue un rôle crucial. La manière dont les gens s’habillent est une source d’inspiration pour toutes les expressions artistiques, y compris le design.
Y a-t-il de la place pour les artistes émergents à Paris ?
J&N : Oui ! Les galeries, les concept stores et les événements fournissent des plateformes pour exposer et vendre des créations. Les initiatives institutionnelles et les incubateurs offrent un soutien financier et professionnel. Et la communauté est collaborative.
V.M. : Cette ville reste l’une des capitales les plus ouvertes, rassemblant des créateurs de toutes les origines. Le talent et le savoir-faire peuvent apparaître n’importe où, mais Paris reste une vitrine irremplaçable pour les montrer au monde entier !
H.H. : Récemment il y a eu une ouverture à de nouveaux formats, ce qui aide les artistes émergents. En revanche, les nouveaux doivent souvent apprendre à gérer chaque aspect de leur projet. Mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car cela permet de développer un éventail de skills.
Quel est le rôle que joue le design dans le développement de la capitale française ?
J&N : Le design est un moteur essentiel du tissu urbain et économique de Paris. Dans ce cadre, les studios ont la responsabilité de rendre les espaces plus fonctionnels et esthétiques pour contribuer à améliorer la qualité de vie des habitants et à renforcer l'attractivité de la ville pour les visiteurs et les investisseurs.
V.M. : Paris dispose d’un patrimoine esthétique unique. Le design doit être présent partout pour continuer à l’enrichir ou pour réparer des erreurs. La difficulté est de préserver un riche héritage tout en ne restant pas figé dans le passé. Certains projets récents, tels que La Samaritaine, la Fondation Pinault ou encore la Fondation LVMH, ont trouvé cet équilibre.
H.H. : Celui de travailler sur les espaces et l’usage publics. Le design ne doit pas vivre par lui-même, mais à travers les gens. Dans ce cadre, même une poubelle peut devenir une œuvre d’art. Mais ce n’est pas simple !