La France s’invite sur le plateau The Tonight Show de Jimmy Fallon avec Yseult
Une artiste francophone de plus à toucher du bout des doigts l'American Dream
20 Septembre 2024
En plus des cliché des gros burgers, des diners à la Grease et de la démesure, les late-night show, un format télévisé typique de chez nos amis d'outre-Atlantique mêlant humour et interview généralement diffusé en fin de soirée, sont également l’une des caractéristiques qui contribuent à rendre la culture américaine si lointaine de nos habitudes européennes. Si le concept a été popularisé dans les années 1960 par Johnny Carson et son émission The Tonight Show Starring Johnny Carson, la télévision américaine regorge aujourd’hui de ce genre de programme, offrant un large éventail de présentateurs et de quoi satisfaire tous les goûts et toutes les couleurs. Un concept que la France a d’ailleurs tenté d’implémenter de l’autre côté du globe, avec par exemple Ce soir avec Arthur ou encore Le Late avec Alain Chabat, sans pour autant parvenir à rivaliser avec la popularité que le programme obtient au Nouveau Monde. À défaut de faire venir l’Amérique jusqu’à chez nous, c’est donc la France qui a été en Amérique lundi dernier, lorsque la chanteuse française Yseult, l’artiste francophone la plus écoutée au monde, a foulé le sol du très connu The Tonight Show de Jimmy Fallon.
Découverte en 2015 via l’émission Pop Star, la chanteuse a ensuite réussi à se faire un nom sur la scène musicale francophone avec ses quatre album Yseult, Rouge, Noir, et BRUT. Mais sa carrière a récemment pris un tournant différent grâce à sa performance lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris. C’est avec les yeux du monde entier braqué sur la capitale française et sur les protagonistes de la scène olympique, sportifs comme artistes, que la jeune chanteuse interprétait My Way de Frank Sinatra le 11 août dernier. Une interprétation qui a participé à renforcer la popularité de l'artiste en dehors de la France et de ses pays limitrophes francophones, et qui n’a pas échappé aux USA et ses acteurs du monde du divertissement. C’est donc sur la scène du Tonight Show que la carrière américaine d’Yseult s’est sérieusement concrétisée, alors qu’elle interprétait « suicide », sa dernière chanson en date, vêtue d’un ensemble trompe-l’oeil Acne studios.
Une autre de nos compatriotes aurait-elle atteint l’American dream ? En effet, les artistes de France et de Belgique semblent décidés à ne pas se contenter d’une carrière nationale. Directement derrière Yseult dans le classement des artistes francophones les plus écoutés au monde se place Aya Nakamura. L’interprète de Djadja fait depuis ses débuts l'unanimité auprès de nos voisins américains, et est l’artiste qui s’exporte le mieux, aussi bien au niveau des ventes que des streams, comptant plus de 7 milliards de streams dans le monde. Et ses voisins belges ne sont pas en reste : Angèle, qui a également performé lors de la cérémonie de clôture des JO aux côtés de Kavinsky et Phoenix, dans une interprétation moderne de Nightcall, obtient également un succès fulgurant aux États-Unis. Sa tournée pour promouvoir son deuxième album Brol comportait d’ailleurs 8 dates en Amérique du nord, faisant une halte à l’un des festivals les plus connus au monde, Coachella. Une exportation qui lui a d’ailleurs valu un ticket d’entrée au très élitiste Met Gala de New York. Son compatriote Stromae obtient lui aussi depuis des années un succès sans pareil aux États-Unis après y avoir fait une tournée en 2014, sans oublier bien entendu les Daft Punk et la French House, qui ont réussi à exporter en dehors des frontières de la France la techno house française typique des années 90.
Pourtant ce phénomène n’est pas récent, cela fait même des décennies et bien avant l’ascension de la digitalisation et des réseaux sociaux et que la variété française se fait connaître en Amérique. Charles Aznavour, par exemple était considéré le plus Américain des Français, un titre qui lui a d’ailleurs valu une étoile sur la Walk of Fame d’Hollywood. Édith Piaf avait également réussi à conquérir le coeur des amerloques après y avoir séjourné plusieurs fois sur une longue période de temps durant lesquelles elle chantait dans les cabarets. À la fin des années 60, Jacques Brel faisait également voyagé la Belgique jusqu'au vieux continent lorsqu’il entonnait à Brodway «In the harbor of Amsterdam, there are sailors who sing» (même si la version française supplément accent bruxellois est bien plus charismatique soyons honnêtes). Un phénomène et une stratégie commerciale ancrée depuis la nuit des temps, bien qu’à cette époque ni Aznavour, ni Piaf, ni Brel ne pouvaient bénéficier de leur quart d’heure de gloire assis sur le fauteuil d’un présentateur de talk show, qui cumulera ensuite inévitablement likes, reposts et partages en tout genre.