Le Silencio jusqu’à Tokyo

Arnaud Frisch : si ce nom ne vous dit rien, celui du Silencio pourrait vous mettre la puce à l’oreille. Un des pionniers de la nuit parisienne, il a su transformer le paysage nocturne de la Ville Lumière en créant des espaces hybrides et avant-gardistes où se mêlent musique, art contemporain et gastronomie. L’histoire du Silencio débute en 2011, lorsque Frisch, en collaboration avec le réalisateur David Lynch, imagine un lieu unique dans les sous-sols de la rue Montmartre à Paris. Inspiré par le club fictif du film Mulholland Drive, Silencio n’est pas seulement une boîte de nuit, mais un espace hybride où s'unissent différents protagonistes de la culture, de la cuisine aux créations artistiques. Un projet qui a marqué une rupture avec les concepts traditionnels de la vie nocturne parisienne en intégrant des éléments culturels variés, permettant ainsi à ses fidèles de participer à des événements exclusifs tels que des concerts, des expositions d’artistes renommés comme Juergen Teller et Martin Parr, ou encore des dîners à thèmes. Frisch avait déjà compris que l’avenir des clubs résidait dans leur capacité à offrir une expérience complète, alliant divertissement et culture, loin du simple espace festif. Cette vision a été soutenue par une approche marketing subtile : l’accès réservé aux membres pendant la première partie de la soirée renforçant l’idée d’exclusivité, tout en permettant à un public plus large d’entrer une fois minuit passé, augmentant ainsi l’attrait du lieu tout en cultivant un certain mystère.

Dès les premières soirées, des personnalités comme Lana Del Rey, Kendrick Lamarr, Pharrell Williams ou encore Virgil Abloh pour son premier DJ set, se pressent pour y performer, ainsi que des artistes cimentant la réputation du Silencio comme un carrefour incontournable de la culture contemporaine. Porté par ce succès, Frisch commence à déployer son concept à l’international, avec une première incursion à Ibiza. En 2020, il y ouvre El Silencio, une version balnéaire de son club parisien, qui incarne parfaitement l’esprit hédoniste de l’île tout en intégrant les éléments artistiques et culturels qui font la singularité du lieu originel. El Silencio n’est pas qu’un simple lieu de fête, c’est un véritable espace de rencontre entre les créateurs et les amateurs d’art, où l’on peut déguster une gastronomie raffinée, notamment grâce à l’arrivée ce 15 février 2024 du restaurant japonais Urusai. Avec sa carte innovante, inspirée de la street food tokyoïte élaborée par Olivier Leone et Arthur Cohen, deux étoiles montantes de la cuisine parisienne, cette ouverture a permis à l'institution de s’implanter sur de nouveaux marchés en tirant parti des tendances locales tout en capitalisant sur l’image de marque déjà solidement établie. 

Le futur du Silencio s’annonce encore plus prometteur avec l’expansion vers d’autres métropoles internationales. New York a accueilli, en février 2024, le dernier Silencio en date dans le quartier emblématique de Hell’s Kitchen, conçu par le designer russe Harry Nuriev, qui a su adapter l’espace à l’atmosphère de la ville tout en maintenant une continuité avec la marque mère. Un quatrième club qui s’impose comme une véritable plateforme pour les artistes, avec une programmation mêlant cinéma, mode, musique et art contemporain, consolidant ainsi la marque Silencio comme un acteur central de la scène culturelle mondiale. Mais le projet le plus ambitieux d’Arnaud Frisch serait l’ouverture d’un Silencio à Tokyo, prévue également pour 2024. Une ville qui représente une nouvelle frontière, une opportunité de fusionner les influences occidentales et orientales au sein d’un espace créatif où se croisent musiciens, chefs étoilés et artistes internationaux. En parallèle, Frisch prévoit même d’intégrer une offre hôtelière à ses futurs clubs, transformant Silencio en un véritable écosystème où l’art, la fête et le bien-être coexistent harmonieusement.