Marseille accueille la première exposition sur le nudisme, pour les nudistes

Marseille : son petit bout de méditerranée, son pastis, son accent chantant et son soleil qui réchauffe le cœur est non seulement un refuge réconfortant pour les Français en quête de vitamine D et de repos mais également pour les touristes toutes catégories confondues, habillés ou pas. En effet, la France est la première destination touristique naturiste, et Marseille, par son climat et les 3 mers qui s’y rencontrent, est bien souvent choisie par la communauté nudiste pour une session bronzage dans le plus grand des conforts. Et ça, le chef-lieu de la Provence-Alpes-Côte d’Azur l’a bien compris, et a décidé d’organiser une exposition sur le nudisme, pour les nudistes. L’exposition « Paradis naturistes » réunit 600 photographies, films, revues, objets quotidiens, peintures, dessins, livres, estampes et sculptures, et permet à la communauté naturiste de visiter l’exposition en tenue d’Eve, à condition de porter des chaussures. 

Les visites nues de l'exposition Paradis naturistes sont organisées en partenariat avec la Fédération française de naturisme un soir par mois, lors des heures de fermeture du musée. « Toute personne souhaitant visiter les lieux habillée pendant ces heures pourrait être considérée comme un peu étrange », a déclaré le porte-parole du musée. Une innovation en ligne avec le public qui peuple Marseille chaque été, mais qui reste toutefois la preuve d’une grande ouverture d’esprit de la ville et de ceux qui la dirigent. D’ailleurs, l’initiative ne se limite pas à l’exposition : grâce à la dévotion de Jean-Pierre Blanc, co-commissionaire de l’exposition, tout un parcours prend vie dans la citée phocéenne. Pas moins de six lieux proposent des expositions nudistes, des œuvres, des ateliers et des rencontres entre personnes de la communauté. 

Mais comment la communauté nudiste s’est étendue au point de devenir un groupe à part entière qui se rejoint dans les 4 coins du monde pour célébrer ce choix de vie atypique et audacieux ? On dit qu’autrefois, l’être humain vivait en harmonie avec la nature, et que c’est la modernité qui l’aurait coupé de ce lien particulier et naturel, le rendant esclave et dépendant non seulement de vêtements mais surtout d’injonctions et de règles imposées par la société. Le mouvement se serait développé en Allemagne dans un premier temps, et aurait postérieurement atteint la France lors de l’entre-deux-guerres, amené sur le territoire français par des médecins hygiénistes qui se sont interrogés sur l’aliénation des corps et sur comment se débarrasser de tout ce qui pourrait l’asservir. Le naturisme aujourd’hui serait-il donc le simple fruit d’une nostalgie d’une époque d'affranchissement, aurait-il encore quelque chose à voir avec le rapport au corps et le bien-être ou bien serait-ce simplement une manière insignifiante de passer ses vacances en évitant les marques de bronzage ?   

Ce qui est clair, en tout cas, c’est que le naturisme ne se limite certainement pas à la recherche d’attention et à la volonté d’attirer le regard des plus curieux, vu que la plupart des plages et endroits réservés aux naturistes sont accessibles exclusivement à condition de faire tomber la chemise. « Aujourd'hui, il existe un nouvel engouement pour la nudité dans la nature, un engouement qui va de pair avec la recherche d'une alimentation saine et végétarienne et le recours aux thérapies naturelles, à la méditation et au yoga en plein air. Ces modes de vie, ainsi que le refus des diktats qui pèsent sur nos corps, sont autant de clés pour comprendre les enjeux du naturisme d'hier et d'aujourd'hui », précise le musée. Vivre librement en communion avec son corps et la nature est peut-être le secret du bonheur, qui sait, peut-être ont-ils tout compris. Pour les passionnés d’art moderne prêts à déambuler dans le plus simple appareil, l’exposition « Paradis naturistes » se trouve au Mucem de Marseille et est ouverte jusqu’au 9 décembre.