La « digitine » est la nouvelle expression de la cancel culture
Cette nouvelle punition virtuelle risque bien d'effrayer les influenceurs encore silencieux face aux injustices
13 Juin 2024
La sentence est irrévocable pour les célébrités qui n’usent pas de leur privilège pour le bien de l’humanité. La Gen Z a inventé une nouvelle punition virtuelle pour les coupables : la « digitine », une contraction de « digital » et « guillotine » qui consiste à bloquer les influenceurs qui ne combattent pas l’injustice. Le terme a été développé par la TikTokeuse @ladyfromtheoutside. Dans sa vidéo, elle appelle les internautes à conduire une « digitine » aux célébrités qui font le choix de ne pas aider les personnes en détresse malgré leur fortune colossale accompagnée d’influence massive. La jeune femme argumente en rappellant que « Nous leur avons donné une plateforme, il est temps de la reprendre ». Le but est de réduire les rentrées d’argent dont ces influenceurs bénéficient à travers les publicités sur les réseaux sociaux.
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La première « exécution » a été ordonnée à l’influenceuse Hayley Kalil. Son crime ? À l’occasion du Met Gala, elle avait posté une vidéo où, habillée en Marie-Antoinette, elle chuchotait « let them eat cake » (« qu’ils mangent des brioches »). Une célèbre citation attribuée à la reine qui l’aurait déclarée lorsqu’elle a été informée que son peuple affamé n'avait pas les moyens d’acheter du pain. Cette dernière n’est pas passée pour la Gen Z qui accuse la jeune femme de non seulement se moquer des classes sociales basses mais aussi de n’avoir absolument rien fait pour ces dernières malgré son influence probante. Le timing de la vidéo a été vivement critiquée également. Dire « let them eat cake » pendant qu’une crise de la famine est en cours à Gaza a davantage mis le feu au poudre. Suite au mouvement digitine, l’influenceuse aurait perdu 80 000 followers même après avoir posté une vidéo de 8 minutes où elle présente ses excuses les plus plates. Le mouvement paraît inarrêtable avec la publication d’une « digitine list » sur les réseaux sociaux. La peine est claire pour toutes ces célébrités qui ne se sont pas prononcées sur le génocide en cours à Gaza. La liste recense des stars de renommée comme Selena Gomez, Dwayne Johnson ou encore Taylor Swift.
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La « digitine » pourrait être le résultat de la cancel culture qui s’est morfée par la colère de la nouvelle génération, lassée de l’inaction des privilégiés dans un monde fermement injuste. Dans une société où l’information n’a jamais été aussi accessible, les stars ne peuvent plus duper leurs fans, même les plus fervents, sur leur position politique ou humanitaire. Certains prennent la défense des célébrités en déclarant qu’elles ont le droit d’être apolitiques et qu’elles n’ont pas l’obligation de se positionner sur toutes les causes. Pourtant, dans un contexte où les faveurs dont bénéficient les « nepo babies » sont décriées, « eat the rich » est devenu un slogan journalier, les célébrités ont-elle réellement le choix de rester silencieuses dans leur confortable chaise remplie de privilège ? La Gen Z ne semble pas avoir peur de dénoncer les injustices de manière franche et il est probable que les générations futures ne feront qu’amplifier leurs voix.