Pourquoi sommes-nous fascinés par les histoires glauques?

Tout le monde semble parler de la série Netflix Mon petit renne une histoire - inspirée des faits réels - qui relate une relation toxique entre un humoriste et son harceleuse. Le public a tellement été investi dans la série qu’il s’est lancé dans la recherche de la vraie Martha, l’harceleuse dans la série. La recherche, premièrement innocente, s’est rapidement transformée en chasse à la sorcière. Richard Gadd, réalisateur et acteur principal du show, a dû publier une annonce pour convaincre l’audience d’arrêter la recherche. Les série sombres qui ont pour thème le crime, le viol, l’enlèvement etc. connaissent un succès solide depuis ces dernières années. Comme par exemple, Dahmer, Making a murderer, The Keepers pour n’en citer que quelques-uns. Mais pourquoi sommes-nous si fascinés par ces histoires glauques, incongrues qui mettent en scène les méandres du côté sombre de l’humanité? 

Une première explication pourrait être la recherche de l’excitation et de l’adrénaline dans un environnement sécurisé. Dean Fido, maître de conférences en psychologie à l'université de Derby Apprentissage en ligne, explique que le genre “true crime” est différent des autres: "En tant qu'êtres humains, nous sommes toujours à la recherche de quelque chose de nouveau et d'inédit. Que ce soit bon ou mauvais, nous avons besoin de quelque chose qui crée un élément d'excitation. Lorsque nous combinons ce désir avec la compréhension et la résolution d'une énigme, nous pouvons ressentir une courte et forte décharge d'adrénaline, mais dans un environnement relativement sûr." Selon certains psychologues évolutionnistes, nous sommes attirés par ces récits car le meurtre, le viol et le vol ont été des éléments significatifs de la société humaine depuis les temps des chasseurs-cueilleurs. Il est dans notre nature d'être extrêmement attentifs aux crimes, et nous avons instinctivement le désir de découvrir le "qui", le "quoi", le "quand" et le "où", afin de comprendre ce qui motive les criminels et de mieux nous protéger ainsi que nos proches. 

Cet intérêt pour ce genre de récits est particulièrement visible chez les femmes. Une étude de l’Université de l’Illinois a démontré que les femmes sont particulièrement friandes d’histoires de true crime, plus que les hommes. Le phénomène est tellement grandissant, que l’image est devenue presque un cliché: une femme qui boit un verre de vin avec en fond un podcast sur un serial killer. Des memes nommés “Women True Crime Meme” fleurissent sur les réseaux sociaux. Cette même étude américaine affirme que les femmes montrent un plus grand intérêt pour les récits qui explorent les motivations des meurtriers, qui décrivent les moyens par lesquels les victimes se sont échappées et qui mettent en lumière des victimes féminines. Cette tendance concorde avec la théorie évolutive selon laquelle les individus sont instinctivement attirés par des récits où ils peuvent s'identifier à la victime et découvrir des conseils ainsi que des stratégies pour vaincre les antagonistes.