Quels sont les impacts négatifs de la fermeture du Musée Pompidou?

Le Centre Pompidou, aussi connu comme le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou ou tout simplement Beaubourg, est depuis longtemps un lieu culturel apprécié par les Parisiens et les touristes. Situé au cœur du Marais, son architecture est époustouflante, de style unique et moderne. Il s'agit du premier exemple majeur d'un bâtiment "intérieur-extérieur", dont le système mécanique et structurel multicolore se trouve à l'extérieur. Le résultat ? Un musée incroyablement remarquable, coloré, imaginatif, vaste et séduisant. En 1968, le président Charles de Gaulle a proposé que le Plateau Beaubourg soit l'emplacement du musée, ainsi qu'une bibliothèque publique gratuite, car la ville n'en possédait pas à l'époque. Un an plus tard, le président Georges Pompidou prend les rênes et entérine la décision de son prédécesseur.

Pour la construction, le jury était composé d’architectes renommée tels que Oscar Niemeyer, Jean Prouvé et Philip Johnson. En outre, il s'agissait du premier projet de construction en France pour lequel des étrangers étaient pris en considération. Renzo Piano (musée Whitney à New York, The Shard à Londres), Richard Rogers (Lloyd's Building à Londres, Senedd Building à Cardiff) et Gianfranco Franchini (Bibliothèque Chieri en Italie, Bibliothèque Civique Internationale à Bordighera) ont remporté le concours et, selon Piano, «le style de conception n'était pas celui d'un bâtiment mais d'une ville où l'on trouve de tout : un déjeuner, de l'art, une bibliothèque, de la musique.» D'une certaine manière, les trois architectes construisaient bien plus qu'un musée puisque le lieu est aujourd'hui un site de rassemblement emblématique de la ville qui encourage la découverte. De plus, à quelques pas du musée se trouve la fontaine Stravinsky, une structure  ludique et fantaisiste composée de sculptures mobiles à jets d'eau construit par  Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle. Cependant, le célèbre musée Pompidou devrait fermer ses portes pendant cinq ans à partir de 2025 afin de procéder à des travaux de rénovation, au grand dam du public, de ses employés, et des touristes enthousiastes. 

Rénovations, l'expansion, mais à quel prix ?

Rappelons que Beubourg a attiré 3 millions de visiteurs en 2022, témoignant de sa renommée. Depuis son ouverture, le musée s’est dévoué à l'art contemporain. Notamment, il a orchestré une exposition audacieuse mettant en avant des œuvres exploitant la technologie NFT. Parmi les expositions passées, la rétrospective Salvador Dali de 2013 s'est démarquée en battant le record de fréquentation quotidienne. D'autres expositions notables incluent une rétrospective Jeff Koons en 2014, une dédiée à Richard Linklater en 2019 et une rétrospective sur la photographe expressionniste Alice Neel en 2020. Si vous avez récemment visité le musée, considérez-vous chanceux car les portes fermeront bientôt pour une rénovation massive. Celle-ci vise à résoudre les problèmes liés à la corrosion et à la dégradation inhérente au passage du temps. Cependant, les dirigeants du musée, dont Laurent Le Bon, président et ancien directeur du musée Picasso, ont des aspirations audacieuses pour le projet, dont une expansion significative. Déjà présent à l'étranger, à Bruxelles, Malaga, Hong Kong, et prochainement dans le New Jersey en 2024, il sera le premier musée Beaubourg en Amérique du Nord. Peu de détails sont connus sur l'expansion prévue, mais nous pouvons confirmer que le Pompidou ajoutera 20 000 mètres carrés d'espace souterrain, en utilisant un ancien garage d'autobus. Les nouveaux espaces comprendront des salles de cinéma et des espaces pour des expositions pluridisciplinaires. De plus, le premier étage inaugurera un "centre des nouvelles générations" et un nouveau restaurant, venant s'ajouter à George, déjà présent sur le toit du musée, offrant des vues exceptionnelles sur la ville.

En ce qui concerne les motivations de cette démarche ambitieuse, nous pouvons nous référer à un communiqué de presse récemment publié par les responsables. «Le dépassement des frontières disciplinaires fonde la singularité artistique et l'ADN du Centre depuis sa création, cette pluridisciplinarité lui permet d'être en contact permanent avec les enjeux de la société. Le Centre fait ainsi écho et accompagne la création actuelle...Mettre chaque visiteur au centre du projet, c'est perpétuer la tradition...Faire le pari d'une hospitalité sincère, c'est ne pas saturer les espaces d'exposition pour augmenter la qualité de la présentation des œuvres.» Pour le financement de ce projet ambitieux, le gouvernement français a alloué 262 millions d'euros, tandis que les directeurs s'efforcent de réunir 160 millions d'euros supplémentaires. Malgré l'attitude positive et l'ambition artistique qui entourent ce projet, les employés du musée sont placés dans une situation extrêmement difficile. 

La grève des employés du Beaubourg

Les employés du Beaubourg sont en grève depuis le 16 octobre et viennent de décider qu'ils poursuivraient leur mouvement jusqu'au 15 janvier 2024. Avec près de 1 000 employés, le musée a la responsabilité de veiller à ce que ses employés bénéficient d'une sécurité d'emploi. Il a été annoncé qu'environ 480 de leurs employés seront transférés au Grand Palais, dans des salles de stockage des collections dans le nord de Paris, et certains dans le nouveau centre Pompidou qui devrait ouvrir à Massy au cours de l'été 2026. Mais, pour les autres, c'est l’incertitude. Selon le syndicat des travailleurs, il y a eu une "rupture de confiance" avec la direction du Beaubourg, et les employés concernés n'ont pas de véritables réponses concernant leur avenir. Outre les employés du musée, ceux du restaurant sont également confrontés à une grande incertitude.

De plus, la bibliothèque publique gratuite du musée a longtemps été un lieu d'étude et de travail pour les étudiants. Avec la fermeture du musée, ce ne sont pas seulement les employés qui vont souffrir, mais aussi les étudiants, ainsi que ceux qui n'ont malheureusement pas de maison et qui dépendent de la bibliothèque gratuite, soit pour s’échapper du froid, soit pour se tenir au courant de l'actualité. Enfin, bien que nous ne puissions pas prédire à quoi ressembleront les rénovations, ni à quel point elles seront bruyantes, le fait que le centre Pompidou soit situé dans le centre de Paris sera certainement une gêne pour beaucoup. Surtout pour ceux qui vivent à proximité. S'il est évident que la plupart des musées de la taille du Beaubourg ont besoin de rénovations de temps en temps, son expansion remet en question le fait que la direction ne cherche qu'à faire rentrer plus d'argent, en ignorant les effets néfastes que cela pourrait avoir sur le musée, le transformant essentiellement en un centre commercial plutôt que culturel.