
L'influence des rôles de genre sur la mode et le design expliqué par le MoMu d'Anvers
De l’idéal bourgeois au minimalisme contemporain, le musée de la mode nous plonge dans une rétrospective
21 Mars 2025
Ce n'est un secret pour personne, depuis la nuit de temps, la femme porte sur ses épaule le poids d'une société baisée, de ses idéaux, des attentes masculines et d’un besoin constant d’apparaître comme une fée des bois non seulement parfaite physiquement mais aussi disposée à se mettre au second plan. Gare à celle qui oserait briller un peu plus que l'acceptable, car sa sentence serait irrévocable : s’ensuivrait une vie indéfiniment liée au statut d'aguicheuse, de superficielle, voire de séductrice en série, et l’histoire n’est pas là pour dire le contraire. Si vers les années 80 le power dressing, qui a permis aux femmes de conquérir l’habillement masculin et partiellement le statut qui va avec, débarque et promet une vague d’avancée bien nécessaire, les femmes n’ont que très rarement été placées au premier rang sur la scène de la mode. « Dans l’idéologie domestique du XIXe siècle, la femme joue un rôle prééminent en sa qualité d’« embellisseuse » de sa personne et de son intérieur. Dans un souci de confort, la maîtresse de maison décore son intérieur avec des coussins moelleux et des textures douces, des rideaux et des draperies, des objets artisanaux et quantité de bibelots. Son corps est, lui aussi, alourdi par de multiples couches de tissu et de passementerie au point de risquer de se fondre dans son intérieur jusqu’à disparaître dans le décor. » confirme d’ailleurs le MoMu, Musée de la mode d’Anvers. Mais au-delà de ces quelques lignes et de la description complète que l’on retrouve sur son site, le musée ne se limite pas aux mots pour exprimer comment la question du genre influence la mode et le design depuis des années lumières. Dès le 29 mars, le musée accueillera entre ses murs « Mode & Intérieurs : A Gendered Affair », une exposition retraçant l'influence des rôles de genre sur la mode et le design.
A travers cette exposition, la commissaire du musée Romy Cockx démontre de façon on ne peut plus explicite comment la manière de consommer des peuples occidentaux de la seconde moitié du XIXème siècle a façonné un idéal bourgeois, confinant les femmes à leur rôle domestique. Mais l’exposition ne se limite pas à la mode, elle montre également comment les architectes de l’époque ont joué un rôle dans l'inversion de cette tendance, examinant l'impact des créateurs influents de l'histoire moderne ainsi que l'influence réciproque entre la mode et la décoration intérieure ces dernières années. Pour ce faire, l’exposition retrace le travail de créateurs historiques masculins comme Henry van de Velde, en analysant scrupuleusement leur recherche d’harmonie et la façon dont ils combinèrent mode, architecture, mobilier, décoration et accessoires pour ce faire. On y retrouve également des figures et Maisons Belges phares, comme la Maison Martin Margiela, Ann Demeulemeester, Raf Simons et Hussein Chalayan. L'exposition, qui se clôturera le 3 août, mettra en lumière l'impact des préoccupations sociales, des enjeux liés à la durabilité et de la surproduction sur la mode et le design au cours des deux dernières décennies. Elle explorera également l'obsession contemporaine de la maison en tant que sanctuaire et comment les marques de mode intègrent de plus en plus des éléments de décoration intérieure, tels que la literie, les tapis et les chaises, dans leurs collections. Rendez-vous fin du mois pour vous unir à cette quête d'harmonie entre mode et design, ancien et nouveau mais surtout masculin et féminin.