L’intemporalité de Martin Margiela sera bientôt mise aux enchères
Des pièces réalisées par Margiela de 1988 à 1994 passeront sous le marteau en janvier prochain
16 Décembre 2024
Le 27 janvier prochain, une collection de plus de 300 pièces réalisées par le grand Martin Margiela lui-même entre 1988 et 1994 alors qu’il faisait ses premières armes dans le monde de la mode, sera vendue aux enchères. La collection qui sera mise en vente lors de la Semaine de la couture appartient à Angela et Elena Picozzi, les filles de Graziella Picozzi, styliste italienne et grande admiratrice des pièces du créateur belge. Parmis les articles qui seront mises en vente, on retrouvera par exemple des vestes en toile peinte, des costumes à épaules cigarette, des tops en vinyle transparent issus du défilé printemps-été 1990, une jupe « rideau » de l'automne-hiver 1991 (qui devrait être vendue entre 2500 et 3500 euros, soit entre 2600 et 3600 dollars) et des soutanes de prêtres de l'automne-hiver 1992. La collection comprend également des modèles issus du projet « ! » réalisé en collaboration avec Picozzi sur laquelle elle et Margiela ont collaboré pendant quatre saisons, avant que ce dernier ne lance sa marque éponyme. Il s'agira de la plus grande vente aux enchères d'objets de Margiela jamais organisée, selon Kerry Taylor et Maurice Auction, à qui on doit cet événement.
À travers les pièces en vente, on retrouvera un peu de l’énigmatique Martin Margiela, ce personnage mystérieux, presque mystique dont les apparitions médiatiques peuvent se compter sur les doigts de la main, en réaction à un industrie de la mode trop commercialisée et dans une tentative de remettre l’attention sur les pièces plutôt que sur le personnage qui se cache derrière. Une volonté qui se retrouve dans sa façon de créer, certes anticonformiste, mais qui donne vie à des pièces sans étiquette, cherchant à s’éloigner le plus possible du concept de marque et de tout ce qui en découle. En 2008, il se retire carrément de l’industrie en vendant sa marque au groupe OTB, dont l’italien Renzo Rosso est à la tête. En 20 ans de carrière, sa disparition soudaine et radicale du secteur de la mode laisse toutefois derrière elle des pièces historiques, comme les fameuses tabi, le gilet en porcelaine de la collection Artisanal 1989 ou encore le manteau en couette aux manches amovibles. Des pièces toutes aussi iconiques les unes que les autres, mais d’autant plus rares, s’élevant désormais au rang de pièces d’archives rares et précieuses. Une caractéristique rendant cette vente aux enchères d’autant plus importante, à ne manquer sous aucun prétexte.
Ce ne sera pas la première vente aux enchères de pièces rares signées Martin Margiela à voir le jour. En 2019 et 2021, pas moins de 200 pièces Margiela appartenant aux collections privées étaient déjà vendues de la même manière. « Nous avons toujours considéré ces objets comme une partie importante de l'histoire de la mode qui devait être protégée. La rencontre entre notre mère Graziella et Martin Margiela a été un moment fondamental pour tous les deux », a déclaré Angela Picozzi. « Nous avons toujours considéré ces articles comme une partie importante de l'histoire de la mode qui devait être protégée. Au fil du temps, nous avons réalisé à quel point il était important que le talent et la vision de Martin soient mis en valeur, étudiés, racontés et, pourquoi pas, portés. C'est pourquoi nous vendons ces pièces aujourd'hui. Nous pensons que le monde de la mode doit être réexposé à l'esthétique des débuts de Margiela », expliquent les deux soeurs dans un communiqué. La vente aux enchères sera prise en charge par Kerry Taylor Auctions, basée à Londres, qui s’associe à la boite française Maurice Auction, comme ils le font deux fois par an dans des ventes de mode et de haute couture. En tout cas, cette édition s'annonce déjà riche en pièces inestimables, mais aussi en émotions. Rendez-vous donc le 27 janvier prochain au 81 Boulevard Voltaire, afin d’y découvrir une partie des secrets de l’énigmatique Margiela à travers ses créations.