Plus besoin de grosses campagnes, un Iphone et le tour est joué
Balenciaga et les photos de la collection Fall 25 capturées par Demna et son téléphone le confirment
03 Décembre 2024
La première chose que l’on apprend à faire en photographie, même celle pour amateur et faite avec le matériel que l’on a sous la main, c’est de ne pas mettre son doigt devant l’objectif. Pourtant, hier, Demna, directeur créatif de Balenciaga, a prouvé que, quand ce que la photo capture est de qualité, même un cliché fait à l’arrache entre deux essayages n’altèrera pas l’impact que celui-ci aura sur son audience. A défaut de mettre en place une campagne rocambolesque à la mise en scène toujours plus recherchée et toujours moins censée, Balenciaga a décidé que pour dévoiler sa collection Fall 25, un shooting fait à l’Iphone par Demna himself était plus que suffisant. Et elle a eu raison, car les 58 looks de cette nouvelle collection comprenant la collaboration entre la marque et Lamborghini fut ainsi ironiquement mise en valeur de la meilleure des manières.
À défaut de proposer des pièces difficilement portables et compliquées à cernées, comme la mode aime tant faire, la collection s’articule autour de la quotidienneté, proposant des pièces qui se prêtent à la vie de tous les jours, ses contraintes et ses activités. Elle n’a pas peur de jouer entre les frontières d’un extrême et d’un autre, en présentant par exemple un t-shirt rouge écrevisse décoré de la tête d’Isabelle Huppert (petit hommage à son super ensemble de survêtement porté à Venise en août dernier ?) suivi de très élégants looks full black assortis de lunettes de soleil à la Monica Bellucci. Cette danse entre les opposés (qui par définition, s’attirent et se complètent) perdure tout au long de la collection, alliant des looks composés d’éléments qui sèment la discorde dans la fashion sphère, à des pièces qui mettent tout le monde d’accord. On passe de longues jupes lourdes et encombrantes à des minijupes à la limite de l’acceptable, d’énormes écharpes à un décolleté plongeant avec le look 55, et de doudounes moelleuses à des t-shirts sans manche. Le maximaliste charme le minimalisme, l’élégant flirt avec le casual, et le noir nargue la couleur.
Pourtant parmi la variété que l’on retrouve entre ces presque 60 looks, deux éléments ressortent particulièrement du lot : le premier est la manière dont elle est montrée, le deuxième est la participation de Lamborghini dans la collection. Après la collaboration de Porsche avec Boss en 2024, c’est aujourd’hui Lamborghini qui s’impose dans le monde de la mode avec cette collaboration, proposant des pièces allant du t-shirt représentant la Temerario 2025 à des vestes de courses ou des porte-clés. Les éléments Lamborghini dans la collection respecte également le thème de la vie de tous les jours, avec des survêtements, des parkas réversibles, des vestes MA-1 en nylon, des tricots et des chemises en popeline. Les chaussures audacieuses ne manquent pas non plus d'attirer l'attention, variant entre les talons aiguilles orthopédiques créées en collaboration avec Scholl, des sneakers longues et courbées qui semblent être du 58 et les simples semelles décorées seulement d’une attache dans laquelle passer l’orteil.
Et si ces photos publiées sur le compte Instagram de la marque semblent avoir été publiées par erreur, comme s’il s’agissait d’une fuite d’information à laquelle on ne serait pas censés avoir accès, il s’agit bel et bien des clichés officiels de cette nouvelle collection. Capturée par Demna et son iphone, cette publicité désinvolte pourrait bien nous faire remettre en question le concept tout entier de campagne. Car pourquoi se casser la tête à créer des décors à la limite du réalisable et réfléchir au prochain concept révolutionnaire quand les vêtements peuvent être tout simplement montrés comme ils sont, sur un mannequin figé, et sans que l’attention en soit détournée ? Si les campagnes loufoques, qu’elles soient réalisées par Jacquemus, Loewe ou même Balenciaga (qui récemment présentait la campagne du sac City bag shootée au premier rang d’un faux défilé), un retour au basique fait parfois du bien. Un simple shooting en backstage réalisé à l’iphone un doigt devant l’objectif, si la collection est intéressante et se suffit à soi-même, est parfois tout ce qu’il nous faut, ni plus, ni moins.