Brève histoire des directeurs créatifs aux mandats les plus courts

Le départ anticipé de Peter Do de la marque Helmut Lang annoncé hier a quelque peu secoué la fashion sphère, au vu de la brièveté de la période durant laquelle il est resté à la tête de sa direction créative (1 an et demi). Mais en plus de se demander qui sera le prochain directeur à proposer ses services à la marque, la question qui se pose surtout est : pourquoi est-ce que les directeurs créatifs s’en vont et se succèdent les uns aux autres à une telle rapidité et pourquoi les mandats sont parfois si courts et abrégés ? Bien que nous n’ayons pas la réponse à cette question qui varie d’un cas et d’une personnalité à l’autre, faisons toutefois un petit retour sur tous les créateurs qui ont quitté de manière abrupte leur poste alors que (presque) rien n’annonçait leur départ. 

Les 6 mois de Ludovic de Saint Sernin chez Ann Demeulemeester

Si le créateur Belge est aujourd’hui à la tête de sa propre marque éponyme, aux côtés de laquelle il mène divers projets comme par exemple travailler en tant que guest designer pour Jean-Paul Gaultier, il a toutefois été nommé directeur artistique de la marque belge également Ann Demeulemeester en décembre 2022. Pourtant, une seule et unique saison suffira à faire tirer au créateur sa dernière révérence, puisqu’il partira en mai 2023. La collection FW23, fort heureusement, a été tellement bonne qu’elle aura suffit pour marquer les esprits des fashion, avec son très célèbre « top » en plume (il ne s’agit pas ici d’une faute d’orthographe, nous écrivons bien plume au singulier car il n’y avait qu’une).  

Les 4 mois de Walter Chiapponi chez Blumarine 

Alors qu’en novembre 2023, créateur Italien faisait son entrée chez Blumarine après avoir quitté son poste chez Todd’s, c’est le chemin vers la porte de sortie qu’il entrepris quatre mois plus tard, en mars 2024 pour donner à sa carrière une toute autre tournure et se consacrer à des projets humanitaires. Lui aussi, aura bénéficié d’une saison seulement pour apporter sa petite touche personnelle à la marque italienne, avant que David Koma ne reprenne son poste. 

Les 10 mois de Peter Hawkins chez Tom Ford

Si tout récemment, c’est Haider Ackermann qui a été nommé à la tête de la direction créative de Tom Ford, avant lui, c’était Peter Hawkins qui, malgré la brièveté de son mandat, était pourtant une figure phare de la maison américaine, représentant pour elle une figure de continuité avec son passé, son histoire et son ADN. Toutefois, depuis son arrivée à la direction de la maison, cette dernière a reçu des critiques mitigées. Son départ aura permis à Tom Ford d’accueillir un vent de changement et à entrer dans une nouvelle ère pleine de bons pronostics et de succès. 

Les 28 mois de Raf Simon chez Calvin Klein

Cette fois la collaboration entre la marque et son directeur créatif a été plus longue que les exemples précédemment cités, pourtant celle-ci s’est bien moins bien terminée. Alors qu’il lui restait pas moins de 8 mois avant la fin de son mandat, le créateur Belge, qui aujourd’hui a trouvé la paix aux côtés de la maman italienne de tous les adeptes de la mode, j’ai nommé Miuccia Prada, prenait la porte et quittait la Calvin Klein car les différents se faisaient trop nombreux. 

Le jeu de la chaise musicale des directeurs créatifs est aujourd’hui plus actif que jamais, au point qu’il en devient difficile de suivre les nombreux va-et-vient des créateurs. Espérons toutefois que le futur qui attend ces derniers se fera un peu plus linéaire et moins semé des désistements frénétiques. Car si chaque expérience auprès d’une marque apporte à celui qui y a passé un moment, aussi bref soit-il à sa tête, est un enrichissement à tous les niveaux, soyons honnête : aucun créateur ne passe la porte d’une maison de mode en se disant qu’il en ressortira probablement déçu et peu satisfait quelques semaines plus tard.