22% des colis livrés par La Poste viennent de Temu et Shein

Si il y a 5 ans moins de 5% des colis arrivés dans les boîtes aux lettres des Français grâce à La Poste venaient des plateformes chinoises Shein et Temu, ce chiffre a depuis connu une augmentation vertigineuse, atteignant aujourd’hui 22%, soit 4 fois plus qu'il y a quelques années. Des résultats qui représentent probablement le fruit d’un mélange entre période de confinement, normalisation de la surconsommation, prix imbattables, stratégie marketing réfléchie et surtout société impatiente. Malgré le fait que ces magasins en ligne représentent pour certains un large éventail de choix vestimentaires, mais pas que, à portée de main, il est important de rappeler la véritable essence des ces plateformes. Car si ces géants de la vente rapide et leurs produits se font de plus en plus présents dans les foyers des Français, les dangers qu’ils incarnent et leur caractère néfaste à plusieurs niveaux le sont eux aussi. 

Shein, fondé en Chine en 2012, est très vite devenu un symbole des excès de la mode à bas prix, illustrant les défis sociaux et environnementaux que soulèvent les modèles de production rapide en offrant des vêtements à des prix imbattables, suscitant des critiques sur ses pratiques de production sont souvent accusées de négliger les normes écologiques et sociales. Temu, quand à elle, lancée 3 ans après les débuts de sa compatriote susmentionnée est l’incarnation internationale de Pinduoduo, géant chinois du commerce en ligne. Son modèle de prix extrêmement bas connaît un succès fulgurant en Europe, avec une offre qui couvre des catégories variées, allant de vêtements à la décoration, en passant par les jouets et produits high-tech. Si ces deux colosses de la fast fashion peuvent représenter pour certains un moyen pratique et efficace de recevoir littéralement n’importe quel article possible et imaginable en quelques clics et en quelques secondes, ils représentent surtout danger écologique, surconsommation, piètre qualité, et dégâts sur la santé. En Corée du Sud, des phtalates ont d’ailleurs récemment été détectés dans des vêtements de la marque (notamment dans des produits pour enfants) en des quantités largement supérieures aux limites légales, présentant des risques sanitaires pouvant causer obésité, maladies cardiaques, cancers et problèmes de fertilité.

À la fin septembre, six pays de l’Union européenne — Allemagne, France, Autriche, Danemark, Pays-Bas et Pologne — ont sollicité une intervention de l’Union européenne contre les sites de commerce en ligne comme Shein et Temu, qui sont soupçonnés de proposer des produits potentiellement dangereux pour les consommateurs. En réponse à ces préoccupations, la Commission européenne avait déjà, en juin, exigé de Shein et Temu des informations pour vérifier leur conformité aux normes européennes de protection des consommateurs. Les questions de l’Union européenne à l’égard de Shein et Temu concernent également plusieurs autres aspects. Parmi eux : l’utilisation de designs d’interface trompeurs, appelés «dark patterns», qui influencent de manière insidieuse le comportement des utilisateurs. Des préoccupations ont aussi été exprimées sur la protection des mineurs, la transparence des algorithmes de recommandations de produits, et la traçabilité des vendeurs sur ces plateformes. 

Le problème est que ce genre de site connaît son public, et agit en conséquence. Leur cible principale est la tranche des 18-35 ans, un public qui recherche des vêtements à la mode, mais à des prix abordables. Elles comptent également bien entendu sur une clientèle adepte des achats en ligne, et pour les attirer, quoi de mieux que de s’en remettre à la meilleure des publicités de notre époque actuelle : les réseaux sociaux ? Instagram et TikTok, réseaux sociaux préférés de la Gen Z, sont au cœur du business model de la Fast Fashion. Les plus gros acteurs du secteur pratiquent un matraquage publicitaire agressif, à coups de réductions et d’offres promotionnelles. L'objectif reste le même : pousser les gens à l’achat et à retourner constamment sur les boutiques en ligne. Une stratégie qui mène de manière presque inévitable au succès, un succès prouvé une fois de plus par les données de La Poste, qui n’annoncent certainement rien de bon.