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Bientôt la fin de l'indépendance pour Jacquemus ?

Quand la couture est en quête de coup de pouce

Bientôt la fin de l'indépendance pour Jacquemus ?  Quand la couture est en quête de coup de pouce

Bien que indépendance et liberté créative et économique soient chères au coeur de Simon Porte Jacquemus, il semblerait que ce dernier soit aujourd’hui prêt à faire quelques compromis. Si Jacquemus est aujourd’hui à nouveau entièrement gérée par son créateur, ce dernier aurait contacté la banque d’affaire Rothschild & Co dans l’optique de céder une part de son capital à un éventuel investisseur minoritaire. Un acteur qui l'aiderait à poursuivre son plan de distribution - qui a jusqu'à présent privilégié le marché de gros (avec des partenaires tels qu'Antonia, la Rinascente, Saks et Bergdorf Goodmane) - qui participerait à l'ouverture de plusieurs magasins temporaires (il y a deux ans, il a ouvert un pop up de plus de 3 000 mètres carrés dans le centre de Paris pendant six mois) et qui soutiendrait la stratégie de communication massive pour laquelle il s'est fait un nom ainsi que ses défilés de mode coûteux et itinérants, qui, bien qu'ils ne fassent pas officiellement partie du calendrier parisien, attirent un nombre important de célébrités et d'initiés du secteur.

Si l’investisseur n’a pas encore été trouvé, le premier objectif d’accélérer le développement de ses boutiques directes semble déjà bien en marche, avec la très récente inauguration de la toute première boutique Jacquemus en Amérique du Nord, située à New York, dans le quartier de Soho. Après cette ouverture en grande pompe ainsi que l’ouverture de la boutique temporaire devenue permanente de l’Avenue Montaigne, Londres serait la prochaine étape. En 2022, dans une interview accordée à The Business of Fashion par le créateur, il évoquait pour la première fois son succès et son chiffre d'affaires, qui dépassait les 100 millions d'euros en 2021 et était supposé doubler d'ici la fin de 2022, faisant de Jacquemus, « la marque française la plus prospère à ses débuts depuis plus de dix ans ». La marque, qui avait entre-temps annoncé son objectif d'atteindre 500 millions d'euros en 2025, a franchi la barre des 200 millions d'euros en 2022, avant d'atteindre le chiffre impressionnant de 280 millions d'euros en 2023, rapporte Forbes. Mais malgré ces réussites et beaux projets en perspective, la marque semble, comme presque tous les autres acteurs du secteurs qui vit actuellement une période de crise, connaître une baisse. Selon Miss Tweed, son chiffre d'affaires devrait reculer de 15 à 20% cette année

En mars dernier, une exposition médiatique aux côtés de LVMH avait déjà déclenché une vague de rumeurs quant à une potentielle «perte» d'autonomie pour Jacquemus et une entrée de la marque dans les rangs du géant du luxe. Une rumeur qui avait toutefois été démentie par le designer, affirmant qu’il souhaitait garder son indépendance. Il avait ajouté à cela qu’il souhaitait se concentrer sur la croissance de sa marque, de laquelle il a d’ailleurs repris la gestion complète après le départ de son ancien PDG en décembre dernier, démentant de plus belle les rumeurs selon lesquelles il pourrait prendre la direction artistique d’une grande maison. Si la marque ne rejoindra  pas l'équipe de Bernard Arnault, Jacquemus semble aujourd'hui toutefois avoir changé d'avis et serait à la recherche de la perle rare qui l'aidera dans ses projets. 

Malgré les difficultés, Simon Porte Jacquemus semble maintenir une attitude positive - comme en témoignent les médias sociaux - surtout devant la longue file d'attente qui zigzaguait devant la boutique du 143 Spring Street ce weekend. Un nouveau  magasin qui offre pas moins de 2 906 mètres carrés d'espace sur deux étages. Le jeune créateur avait d'ailleurs déclaré à WWD que « New York est un marché important. L'Amérique en général est vraiment importante. Je pense que notre histoire, notre esthétique et nos projets peuvent avoir encore plus de succès qu'ils n'en ont aujourd'hui sur le marché américain. C'est quelque chose que je veux vraiment construire. En tant que marque indépendante, l'ouverture d'une boutique (comme celle-ci) n'est pas une mince affaire. Cela demande beaucoup d'investissement et c'est une nouvelle façon de faire des affaires pour une jeune entreprise ». Un investissement de taille, en effet, qui sera peut-être allégé pour la prochaine boutique par un nouveau membre de la famille Jacquemus. Affaire à suivre.