Quand Angèle et ses collègues de la pop culture brandissent l’épée avec style

L’arrivée à grand pas d'Halloween serait-elle la raison pour laquelle les stars laissent s’exprimer la «sorcière» au troisième œil bien ouvert  qui réside en elles ? Après Chappell Roan, Zendaya, ou encore Chloë Sevigny, c’est au tour d’Angèle à présent de brandir l’épée et de prendre la pose toute de cotte de maille et de fer vêtue. En effet, après quelques tapis rouges phares et surtout une panoplie de Tik Tok, c’est désormais officiel: le medieval weird core ou weirdeval semble plus tendance que jamais chez les protagonistes de la pop culture. Après avoir ébranlé le monde entier avec sa performance lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques en août dernier par sa démarche féline, sa voix d’ange et son micro-bob qui a incité plus d’une à passer le dangereux et décisif coup de ciseau, la chanteuse Belge a retourné la toile il y a quelques jours avec son apparition dans PHOTO magazine. Si elle est mise en scène de plusieurs manières, tantôt femme Chanel par excellence en ensemble tweed et collier de perles, tantôt réalisatrice de film derrière la caméra, tantôt prête à sortir dans une soirée mondaine dans une sublime et très longue robe noire, le cliché qui a le plus marqué ses fans et pas que est le dernier, qui a aussi été choisi comme couverture du magazine : celle où elle cosplay clairement Jeanne d’Arc. 

Un personnage à laquelle elle n’est pas la seule à avoir rendu hommage. À l’heure où manifestation, « dons mystiques » et spiritualité pour pouvoir communiquer plus librement avec l’univers sont au top de leur popularité grâce à Tik Tok et ses tutoriels à deux sous, et face à une nouvelle génération obsédée par la jeunesse martyre, une jeune fille brûlée au bûcher pour avoir affirmé entendre des voix ne pouvait que revenir parmi les rangs des icônes desquelles s’inspirer. Pourtant sur les tapis rouge et les podiums (et dans le cas d’Angèle dans un studio photo), l’hommage à un tel personnage historique a des implications bien plus importantes qui vont au-delà du glamour et de la tendance passagère. Zendaya au Met Gala en 2018 dont le thème était Heavenly Bodies: Fashion and the Catholic Imagination (en français ​​« Corps célestes : La mode et l'imaginaire catholique »), choisissait déjà la tristement célèbre sainte comme inspiration, en arborant une somptueuse robe en cotte de maille signée Versace et un bob court roux. Plus récemment, Chappell Roan, a assené le coup de grâce aux MTV Music Awards, avec un look spectaculaire tout droit sorti de la collection prêt-à-porter FW24 de Y/Project composé d’un manteau de velours royal pistache, d’une robe transparente bordeau lui donnant un air de guerrière médiévale à qui on ne voudrait pas chercher des noises, de cuissardes en fer, et carrément d’une épée. Elle a ensuite présenté un second look tout aussi médiévalesque lors de sa performance de Good Luck babe, où l’appel à Jeanne d’Arc était encore plus frappant, avec son ensemble de cotte de mailles à capuche bordée de franges métalliques de la collection SS24 de Rabanne, complété par des mitaines toujours en cotte de mailles. 

Et la jeune sainte ne semble pas seulement inspirer les stars et leurs stylistes, mais également des collections entières, comme la Teen Knight Poem signée Hedi Slimane pour Celine en 2021. Pourtant le monde de la mode n'est bien entendu pas le seul auquel elle fait office de muse : Baz Luhrmann, réalisateur et scénariste Australien, a annoncé qu'il allait réaliser un biopic sur la vie de Jeanne d’Arc et son statut d'héroïne romantique de la culture populaire. Une annonce à laquelle Jenna Ortega à réagit en disant qu'interpréter la sainte serait pas moins que son « dream role ». La popularité qu’obtient ce nouvel imaginaire d’héroïsme indiquerait-il que le glamour hanté sera la prochaine inspiration de tous les domaines de la scène culturelle populaire ? Difficile à dire au vu de la rapidité à laquelle les tendances et inspirations filent et tombent aux oubliettes. Ce que l’on sait, c’est que cet élan soudain d’intérêt pour Jeanne d’Arc, son histoire et son destin funeste, même s’il passe à travers les vêtements, symbolise également une nouvelle forme de féminisme à laquelle la mode et ses protagonistes peuvent activement participer. Bien qu’il est toujours utile de garder son exemplaire du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir ou même d'un des derniers livres en date d’Annie Ernaux, le souvenir d’une icône qui n’hésitait pas à froisser le patriarcat en arborant des habits de combat réservés aux hommes et la réincarnation d'une figure féminine presque androgyne est à accueillir à bras ouverts. En attendant, on continuera à écouter Balance ton quoi et à liker les posts d’Angèle habillée en combattante du Moyen-Âge