Le défilé SS25 de Diesel et les mille vies du denim
Entre circularité et trompe-l'œil
22 Septembre 2024
Vincent Migliore
«Denim is diesel» répète une voix métallique et lointaine, accompagnant le spectacle immersif et expérientiel qui a servi de décor pour la SS25, à partir de 14 800 kg de déchets de jeans. Un hommage au charme décadent d’un matériau qui ne cesse jamais son cycle de vie, réutilisé dans ce cas pour créer de nouveaux rouleaux de denim, utilisés dans l'industrie automobile et pour l'isolation. Après le défilé, l'ensemble du décor sera récupéré et recyclé. «C’est l’élément disruptif pour Diesel : nous promouvons la circularité dans notre production autant que nous poussons l’élévation du design», raconte Glenn Martens, directeur créatif de Diesel.
Élever le denim est ce que Diesel fait chaque jour, et la SS25 est la célébration de toutes les manières dont cela peut être fait. Des micro-shorts en denim brodés avec des franges extra-longues, une veste en cuir à double boutonnage est traitée pour ressembler à du denim et portée avec des jeans en denim usés avec des coutures avant matelassées et des franges brodées le long des chevilles. Ces mêmes franges sont également la finition d'une robe nuisette en denim chambray, tout comme les détails de franges brodées le long des jambes des jeans en denim. Le très apprécié Trompe D'oeil de Martens revient avec des sweats en coton, des mini-robes et des débardeurs avec des cols faussement usés en jacquard dévoré, le coton étant brûlé pour révéler l’effet usé sur le tulle en dessous. En parallèle, le look tailleur est réalisé à partir d’un jacquard à double trame : lorsqu’il est gravé au laser, la trame et la chaîne restantes se voient des deux côtés différents.
Les débardeurs en jersey et les robes à manches longues sont imprimés avec les carreaux traditionnels du Prince de Galles, doublés partout sauf sur la poitrine, laissant le corps en dessous s'exprimer librement. Les carreaux du Prince de Galles sont imprimés sur du PVC, puis découpés en bikinis, robes et vêtements tailleurs, tous avec des franges extra-longues, parties intégrantes de la pièce. Les expériences avec le denim continuent : un manteau artisanal est entièrement composé de restes de bobines de fil de denim, rappelant les déchets sur le podium. Le denim ultra-doux de Diesel est réinventé grâce à l'utilisation d'un double trame, ensuite traité au laser pour paraître usé. Un manteau de moine long jusqu'aux pieds, ainsi que des jeans oversize, sont issus du Diesel Rehab Denim, fabriqués à partir de 100% de coton recyclé, incorporant les déchets de la production même des jeans Diesel.
Les imprimés Diesel sont appliqués sur du jersey plissé, puis craqués pour des résultats imprévisibles sur les débardeurs, chemises et mini-robes. Les mailles à double trame enveloppent le corps, traitées au laser pour paraître usées, tandis que le denim en Tencel fabriqué avec du Lyocell est vaporisé pour ressembler à du cuir, puis drapé en mini-robes sans manches. La circularité dans le design se retrouve également dans des imprimés bandana issus des archives de Diesel, réélaborés et réutilisés pour une série de robes et tops noués et drapés, appliqués sur des tissus plissés qui sont ensuite ouverts et craqués. Une veste et un manteau artisanaux sont construits à partir de fil de rebut enroulé et attaché, créant des formes organiques comme si la base florale était vivante. Le sac Play est imprimé avec l'image d'un bandana Diesel. La nouveauté de la saison, le sac Play-Double-D, est imprimée avec l’image d’une version sculpturale du Play. Le sac Grab est recouvert de bandanas noués. Pour les chaussures, la plateforme D-Lake avec semelle transparente peut être soit un sabot, soit une bottine. Les bottes trompe-l'œil ressemblent à des jeans serrés ou des leggings coincés dans le D métallique d'un talon aiguille. La collection de lunettes Diesel est la première développée avec le nouveau licencié Luxottica. Les lunettes de soleil sont volontairement vieillies avec des effets de barattage, tandis que les lunettes de lecture moulées ont le triple oval D, Trini-D-Y, sur les branches.
Dans la République de Diesel, «Blue is the warmest color» : de la monumentalité du décor à la minutie d'une collection qui a exploré toutes les déclinaisons possibles du matériau qui a fait son succès. Même les yeux des mannequins se sont transformés en plaques de glace, afin que rien ne soit laissé au hasard. Martens continue, saison après saison, à construire un imaginaire cohérent et tout-en-un, dans lequel le consommateur peut entrer et se perdre dans les mille variantes de denim et de bleu.