L'aiguille des secondes continue de croître

Tous ceux qui, au fil des années, ont associé l'intérêt croissant pour les vêtements de seconde main à une simple mode éphémère ont été contredits. Vintage, seconde main, pré-propriété, appelez-le comme vous voulez : il s'agit d'un marché en expansion constante. Chaque jour voit naître de nouveaux e-commerces dédiés, et de plus en plus de créateurs réalisent des contenus tels que des vidéos de "haul" et des "unboxing" dans le but de raconter la mode vintage, générant un flux d'intérêt si important qu'il a convaincu même les plus sceptiques de succomber à son charme. Comme c'est le cas depuis dix ans maintenant, ThredUp, une plateforme de consignation et de magasin de seconde main, a publié le Rapport sur la revente, offrant une perspective sur la situation future de ce marché qui, selon les projections, croîtra trois fois plus rapidement que le marché mondial de l'habillement. En 2023, en termes de ventes, la seconde main a augmenté de 18% par rapport à l'année précédente, tandis que, selon les prévisions, d'ici 2025, 10% des ventes dans le marché de l'habillement proviendront de la seconde main : ce sont des chiffres remarquables, surtout si l'on considère l'intérêt substantiel du public pour des marketplaces de mode rapide comme Temu et Shein. D'ici 2028, le marché de la seconde main atteindra 73 milliards de dollars, enregistrant une croissance moyenne de 11% par an.

En bref, même les plus réticents à l'idée de porter des vêtements d'occasion ont changé d'avis pour plus d'une raison. Par exemple, l'aspect économique est très important : il suffit de penser que 55% des consommateurs déclarent qu'à moins que l'économie ne s'améliore, ils dépenseront des sommes de plus en plus importantes pour des vêtements d'occasion. Grâce à la recherche de ThredUp, il est apparu qu'en 2023, 3 personnes sur 4 prennent en compte la valeur intrinsèque d'un vêtement au moment de l'achat ; en même temps, 59% des consommateurs achètent un vêtement après une analyse attentive, réduisant ainsi le nombre d'achats impulsifs. L'économie circulaire de l'habillement fonctionne plutôt bien : grâce à la popularité gagnée par Vinted et Depop, 25% des consommateurs mondiaux ont revendu au moins un vêtement sur ce type de plateformes, atteignant presque les chiffres record de la période pandémique, une manière durable de faire du tri, mais aussi pour joindre les deux bouts, étant donné que 41% ont payé des factures et des loyers avec l'argent provenant de la vente de leurs vêtements.

La fascination des consommateurs pour ce type de marché a le potentiel de créer un effet domino. En effet, 74% des marques qui n'ont pas encore mis en place un système de revente dans leur plan d'affaires envisagent de le faire dans les mois à venir. En 2023, des géants tels que H&M, J.Crew, American Eagle et bien d'autres ont cédé à ce choix. La motivation vient du fait que les employés du secteur de la vente au détail ont réalisé à quel point les consommateurs prennent en compte de nouveaux facteurs au moment de l'achat. À ceux mentionnés précédemment s'ajoute un intérêt croissant des clients pour les marques qui opèrent de manière durable : en 2023, 62% des employés du secteur de la vente au détail ont accordé une importance particulière à cet aspect, alors que 60% de la génération Z et des milléniaux s'intéressent à savoir si un vêtement se revend facilement ou non. Étant donné que les éditions limitées attirent un public de plus en plus restreint, l'achat de vêtements vintage qui cachent une histoire derrière eux est privilégié. Enfin, 22% des consommateurs sont intéressés par l'achat de seconde main car c'est le moyen le plus facile de se permettre des marques haut de gamme.

Les conditions sont réunies pour que le marché de l'occasion devienne de plus en plus central dans le secteur de l'habillement. Bien sûr, pour qu'un intérêt aussi grand puisse croître à une telle échelle, une prise de conscience dual a été nécessaire, tant de la part des consommateurs que de ceux qui travaillent dans le secteur de l'habillement, même si 65% des employés et 43% des consommateurs estiment toujours que le gouvernement de leur pays d'origine ne prend pas suffisamment de mesures pour réduire l'impact environnemental de l'habillement, et que 42% des consommateurs estiment que les gouvernements devraient promouvoir la mode durable en promulguant des lois.