“Les Sculptures” de Jacquemus est une ode à la sophistication

Vous n'avez sûrement pas pu passer à côté de l’information suite au raz-de-marée de posts sur les réseaux sociaux : oui, le dernier défilé Jacquemus s'est bien déroulé à Saint-Paul-de-Vence hier. Dans cet écrin méridional auquel Jacquemus est profondément attaché, la collection printemps-été 2024 a été dévoilée, exaltant une sensualité et une féminité plus matures. Contrastant avec le faste du défilé précédent à Versailles, où des modèles à la Marie-Antoinette évoluaient dans des tutus, culottes bouffantes xxs et des déshabillés transparents, cette saison a été marquée par une sobriété élégante. Baptisée Les Sculptures, la dernière collection a astucieusement exposé une exploration minutieuse des volumes et des coupes, rendant hommage à l'artiste Alberto Giacometti. C'est donc sans surprise que le rendez-vous mode s'est déroulé à la Fondation Maeght, attirant la crème de la crème. Voici tout ce qu’il faut retenir de ce défilé évènement.

Un cadre évocateur  

Le choix de la Fondation Maeght comme scène pour dévoiler cette collection ne s'est pas fait au hasard. «Je suis obsédé par le design, souligne le créateur, né dans le sud de la France. Je voulais montrer une collection qui raconte celui que je suis aujourd'hui, ce que j'aime, ce qui me passionne», dévoilait le créateur. En choisissant ce lieu emblématique de l'art moderne où les créations d'artistes majeurs du XXe siècle tels que Joan Miró, Alexander Calder et Georges Braque sont abritées, Jacquemus a orchestré une fusion audacieuse entre l'art et la mode, inscrivant ainsi son nom aux côtés de ces maîtres. La Fondation Maeght a servi de toile de fond ajoutant une profondeur conceptuelle et une énergie créative à la collection. Les sculptures, peintures et installations sont devenues de véritables co-stars, observant silencieusement les silhouettes du créateur se pavaner et conférant à la présentation une ambiance artistique palpable. L'inspiration extraite des œuvres de Giacometti a été la force motrice de la collection. Les silhouettes des mannequins reflétaient avec agilité les formes élancées et effilées des sculptures de l’artiste, avec une touche bon-chic bon-genre rehaussée de l'éclat solaire caractéristique de Jacquemus.

Un vestiaire sophistiqué  

Avec Les Sculptures Jacquemus a soigneusement réussi à fusionner l’univers de Giacometti et les clichés bourgeois. Il présente une version 2.0 de la fille Jacquemus, devenue femme et puisant son inspiration dans le vestiaire des années 50. La palette de couleurs est restreinte à quelques teintes - noir, blanc, beige, gris flanelle. Les pièces, conçues avec précision, se distinguent par des coupes simples et symétriques. Les robes, dans des nuances de noir profond et de rouge vif, mettent en valeur des épaules larges et des tailles marquées, évoquant une féminité mature. Les pantalons taille haute présentent un plissé impeccable, des détails artistiques, tels que des manches tubulaires et des structures géométriques, créent un équilibre entre modernité et élégance classique. En clin d’oeil à ses collections précédentes, le créateur joue aussi sur le miniature avec des jupes très courtes, des robes minimalistes et des robes-blazers ajustées. Les pièces rendent également hommage à l'excentricité artistique grâce à des éléments de transparence, des bords déformés et des touches de crin de cheval. Pour l’homme et la femme Jacquemus, les accessoires sont en adéquation avec l’esthétique globale. Les sacs présentent un design épuré et moderne ou se démarquent par leur structure unique. L'intérêt se porte plus sur les chaussures, on opte pour des talons à bouts pointues, des mocassins, on revisite le combo claquettes-chaussettes, on innove avec des sandales à double talons ou avec les fameuses “zizi” revisitées. 

Un casting et des guests cinq étoiles 

Cette saison, nous avons aussi eu le droit à un deuxième défilé: celui des invités de marque, sur le podium et dans l’audience. Non pas que ne nous n’y soyons pas habitués, cette année l’équipe Jacquemus semble s'être surpassée. Parmi les nouvelles recrues on pouvait compter Julia Roberts, Kylie Jenner et sa fille Stormi mais aussi l'interprète de Charlotte York dans Sex and the City, Kristin Davis. Iconique. Du côté du front-row français on pouvait apercevoir une ribambelle d’artistes français tels que Tiakola, Gazo et Shay. Une audience qui souligne l'attrait mondial de Jacquemus et sa capacité à attirer l'attention des grandes figures. La puissance des réseaux sociaux a également été manifeste dans la promotion du défilé, ils ont été inondés de publications mettant en avant les moments forts du défilé, consolidant ainsi la réputation de la griffe toujours indépendante en tant que reine de la communication sur les plateformes. Un engouement dépassant aussi les frontières de la mode et servant d’inspirations à d’autres, à l’instar du sketch de l’humoriste Malik Bentalha récemment publié sur sa chaîne Youtube. La collection Les Sculptures incarne parfaitement l'évolution exceptionnelle de la marque Jacquemus, reflétant la maturité atteinte par la griffe au fil des années. Une évolution non seulement esthétique, mais également structurelle, avec une entreprise désormais forte de trois cent cinquante employés et visant le demi-milliard pour 2025.