Ludovic de Saint Sernin part à la conquête de l'Amérique
De Paris à la Grosse Pomme, le créateur français écrit un nouveau chapitre de sa carrière
12 Janvier 2024
L'annonce retentissante de Ludovic de Saint Sernin de déplacer son défilé de la Fashion Week automne-hiver 2024-2025 de Paris à New York marque un tournant dans sa carrière, faisant écho aux créateurs de renoms qui ont également défié les conventions géographiques. En emboîtant le pas à des icônes telles que Coco Chanel, ayant aussi lancé ses créations à New York dans les années 1930, Ludovic de Saint Sernin semble faire perdurer la tradition. Son parcours, débutant chez Balmain après avoir obtenu son diplôme à l'École Duperré, a été marqué par un stage chez Saint Laurent, la création de sa marque éponyme et une brève période à la tête de Ann Demeulemeester. Alors, seulement six mois après l'annonce de sa nomination en tant que directeur artistique de la marque, la maison a brusquement fait part du départ du créateur sans fournir de détails supplémentaires. Malgré cela, sa première et unique collection, celle de l'automne-hiver 2023-24, a réussi à insuffler une nouvelle vie, teintée de glamour, à la griffe qui était demeurée en sommeil depuis le départ de sa créatrice en 2013. Cette annonce a suscité de nombreuses interrogations quant à l'avenir du designer belge. Mais le voici, près d’un an après, se lançant dans la conquête de la Grande Pomme.
New York, souvent décrite comme la ville qui ne dort jamais, a servi de toile de fond à d'innombrables moments emblématiques de la mode. Comme il l’a lui-même commenté à la suite de l'annonce: «C’est un endroit qui a toujours occupé une place spéciale dans mon cœur. Il a toujours été une source d’inspiration, en raison de son héritage en tant que lieu clé de l’histoire de la culture queer contemporaine et de certains des mouvements artistiques déterminants d’aujourd’hui, mais aussi en raison de l’incroyable communauté qui s’est construite autour de la griffe dans la ville». Au-delà de la portée symbolique que la ville revêt dans l'univers artistique de Ludovic de Saint Sernin, le choix de cette localisation s'enracine également dans l'importance cruciale du marché nord-américain. Cette pertinence s'est solidifiée au fil des ans, ponctuée par des moments clés et des succès significatifs. Outre la solide base de fans aux États-Unis, ce marché représente la part la plus substantielle du chiffre d'affaires de la griffe, totalisant fièrement 32 %. C'est une motivation supplémentaire qui stimule la détermination du créateur à renforcer cette relation transatlantique. Cette implantation se révèle être l'épicentre idéal pour dévoiler de nouvelles facettes de sa créativité, inspirer une clientèle déjà dévouée, et briller aux côtés de marques solidement ancrées dans la métropole, mais qui demeurent relativement méconnues du public européen, à l'instar de Sandy Liang, Luar, Laquan Smith, Staud, et bien d'autres.
Les attentes suscitées autour du défilé créent un buzz palpable, alors que l'industrie de la mode se prépare à accueillir une nouvelle Fashion Week dans la Ville Lumière. La décision de déplacer son défilé tombe à pic, à un moment charnière où le calendrier de la Fashion Week parisienne semble s'étirer jusqu'à la saturation. Dix jours de frénésie, où toutes les marques rivalisent pour en mettre plein la vue à la fashion sphère, entre invités spéciaux, activations et événements en tous genres. Il est indéniable que Paris est et restera le berceau de la Fashion Week ; cependant, ce berceau tend à être encombré. Si Ludovic de Saint Sernin choisit judicieusement de s’éloigner de la maison mère le temps d’une saison, il est fort probable qu'il en revienne encore plus fort en juin 2024.