Top 5 des tendances de la semaine de la mode de Milan
Le virus vert menthe et les franges à toutes les sauces
25 Septembre 2023
Pour l'industrie de la mode milanaise, cette semaine a le goût d’un dimanche après-midi. Tandis que beaucoup se rendent à Paris pour se préparer à la semaine de la mode dans la capitale de la haute couture, ceux qui sont restés à Milan font le bilan de la semaine qui vient de s’achever. Entre défilés sous la pluie et afterparties, ils rassemblent les éléments clés. Aujourd’hui, la rédactrice pense que c’est le meilleur moment pour faire le point sur ce qui a été présenté sur les podiums, éliminer le superflu et dégager un fil rouge entre toutes les collections. Comme chaque année, nous avons rassemblé pour vous les tendances à suivre pour la prochaine saison estivale.
Sans plus attendre, voici les cinq principales tendances féminines de la Semaine de la Mode de Milan SS24.
Franges
Ces derniers jours, l'excentricité n'est plus à démontrer, mais il y a eu un détail capable d'attirer l'attention. Les franges ont dominé les podiums milanais dans toutes leurs déclinaisons. De la maroquinerie à la maille, on les retrouve composées en paillettes sur les trenchs et les jupes de Gucci, formées en sequins sur les robes en cuir noir d'Andreadamo, et recouvrant en blanc l'ange de Blumarine. Sur le podium de Bottega Veneta, Daniel Lee a poussé cette astuce textile à l'extrême sur l'ourlet des manteaux en laine, sur les encolures colorées des robes en cuir, et même en pompons sur les robes en maille. Glenn Martens, chez Diesel, a exploré de nouvelles voies avec les franges, en proposant des denims déchirés et bruts. Prada s'est inspiré de la collection SS24 de Men's, interrompant les graphiques de ses chemises par de petites découpes et enveloppant des robes en taffetas blanc dans un style méduse. Chez Jil Sander, de longues franges texturées ont créé de larges cols, rappelant le manteau plumeux d'un corbeau noir. La liste des créateurs qui, pour SS24, imaginent un monde déchiqueté, effiloché, réduit à de fines bandes de tissu est sans fin, peut-être un signe de ces temps incertains ?
Vert menthe, citron vert et bleu cendré
Ainsi qu’il a été dit par la Semaine de la Mode de Milan, l’été prochain nous n’aurons envie que de sorbet. Les palettes pastel rehaussées par l'éclat du citron vert et du vert menthe ont éclipsé la concurrence lors de plusieurs défilés. Le vert menthe a été choisi par Prada et Boss pour la décoration intérieure de leur défilé, par Maximilian Davis pour le look de Paloma Elsesser chez Ferragamo, tandis que chez Fendi, grâce à une étude minutieuse de la directrice de la création Kim Jones, c'est une palette parfaite, plutôt qu'une collection, qui a défilé. Du jaune citron au bleu cendré en passant par l'orange presque écarlate, Fendi a créé des couchers de soleil inoubliables. Ces nuances ont illuminé la même maroquinerie grise que nous avions appréciée en février dernier. Plus mordante, la tendance des couleurs sorbet a été reprise par Roberto Cavalli sur des robes vert lime à plumes et léopard, et par Etro sur des motifs floraux. Le défilé de Diesel a été marqué par des nuances percutantes entre le vert acide et le citron vert, tandis que chez Versace, les derniers looks, bien qu’accrocheurs, ont pris une touche sucrée avec des nuances de pâte à sucre. Enfin, Daniel Lee a présenté Bottega Veneta, le créateur expert en trompe-l'œil qui, cette fois, s'est également amusé à choisir les couleurs, et Jil Sander, qui a également étonné les fans de la marque classique avec une robe jaune néon avec un imprimé réaliste représentant un chat.
Wet et Nude Look
Pendant la semaine de la mode, les créateurs ont introduit une nouvelle sensualité sur les podiums en favorisant le « wet and nude look », sans pour autant opter pour la nudité. Lasses de devoir découvrir le corps des mannequins pour attirer un minimum d'attention sur leurs collections, les créateurs ont opté pour des astuces matérielles qui couvrent le corps des mannequins, réussissant à mettre en valeur leurs formes et à les rendre extrêmement sexy. Il s'agit du wet look de Glenn Martens pour Diesel, qui a fait défiler sous la pluie milanaise des vêtements moulants et pailletés qui, enrichis d'un effet translucide, ont donné aux vêtements un effet apocalyptique et sexuellement chargé. Même chez Gucci, grâce à Sabato de Sarno, qui a fait revivre le cuir verni des années 60 pour les tailleurs et les jupes crayons on l’a pu voir. La femme chez The Attico et Dolce&Gabbana, par contre, aime le nude, se balade dans Milan en combinaison couleur chair constellée de miroirs et de plumes, en mackintosh transparent à pois, en lingerie apparente, et ne craint pas d'exhiber son corps dans une robe à larges mailles - à condition que les sous-vêtements soient entièrement recouverts de cristaux.
Des poches pour tous
L'un des aspects sur lesquels les créateurs de la Semaine de la mode de Milan ont décidé de parier est la praticité. Les poches, historiquement absentes des garde-robes féminines, se sont multipliées cette saison, ont doublé de volume et sont devenues aussi grandes que celles trop souvent enviées des garde-robes masculines. Lors des défilés Diesel et Dolce&Gabbana, les mannequins marchaient d'un pas décidé, les mains dans les poches de leurs cargos en cuir et en denim pour le premier, dans celles des mackintosh et des manteaux en laine des années 50 pour le second. Chez JW Anderson, les poches des sweat-shirts en matière plastique ressemblaient à une oasis de confort, malgré l'ambiguïté du look, tout comme celles des robes en crochet et des blousons bombardiers en plumes. Les mains dans les poches également sur les podiums de Fendi, Iceberg, Alberta Ferretti et Act N°1. Il y a quelques mois, on parlait de bedcore, mais aujourd'hui, il semble bien qu'il soit temps de sortir de chez soi et de retrouver cette lointaine odeur de confort dans les poches de sa veste.
Anges
Alors que le défilé de Victoria's Secret, il y a quinze jours, n'a pas réussi à ramener les anges d'antan, oubliant leurs origines, les défilés de la semaine de la mode de Milan se sont, quant à eux, inspirés de cette même imagerie. Chez Blumarine, plusieurs mannequins ont arboré d'immenses ailes de plumes blanches, assorties à leur look see-through aux détails dorés, tandis que dimanche soir, lors du lancement de la collaboration entre Dolce&Gabbana et Blanco, deux mannequins sont apparues à la fin du défilé avec de grandes ailes noires et blanches, ressemblant à de pittoresques putti, icône clé de l'imaginaire du chanteur romain. Au son inimitable de Michelangelo, assister au défilé, c'est accéder à un petit coin de paradis.