Jean-Marie Le Pen parti, les Français dansent

Hier, le fondateur du Front national Jean-Marie Le Pen mourait à l’âge de 96 ans. Aujourd’hui, internet déborde de mèmes, de tweet et de Tik Tok en tous genres dans lesquels les Français expriment leur joie et débloquent un niveau d’humour noir probablement jamais vu auparavant. Dès hier soir, des milliers de personnes se sont rendues sur la place publique de plusieurs grandes villes de France afin de célébrer le décès de l’homme politique d’extrême droite, prévoyant feux d’artifices, apéro et panneaux tous plus jolis et colorés les uns que les autres. Si Marine de Diam’s, connue pour son refrain « moi j’emmerde qui? Le Front national », devenait à nouveau il y  a quelques mois l’hymne de la jeunesse française de gauche qui a eu une grosse frayeur en juillet dernier alors que l’extrême droite se rapprochait dangereusement de la victoire, hier, elle résonnait de nouveau dans les rues de France, du Sud au Nord et de l’Ouest à l’Est. 

Ces célébrations sur la place publique ont été accompagnées de Tweet tous plus créatifs les uns que les autres. Entre « c’est la demi Franck Ebony il a pas supporté » (en référence à la demi-finale de la Star Academy qui verra s’affronter deux candidats de couleur), des utilisateurs qui annoncent déjà la fin de leur dry january pour célébrer ou encore des commentaires tels que « un ange parti trop tard », « trouble à son âme », ou « il nous regarde d’en bas », les internautes s’en sont donné à coeur joie. Un comportement qui n’a pas fait l'unanimité et en aura choqué plus d’un, dont certains politiques comme Bruno Retailleau, qui écrivait sur X « rien, absolument rien ne justifie qu’on danse sur un cadavre. La mort d’un homme, fût-il un adversaire politique, ne devrait inspirer que de la retenue et de la dignité. Ces scènes de liesse sont tout simplement honteuses ». 

Une question morale s’impose alors: peut-on se réjouir de la mort d’un être humain s’il a commis des actes et tenu des propos atroces de son vivant ? Selon les quelques centaines de personnes rassemblées pour célébrer ce décès, oui : « Normalement, je ne fête pas la mort d’un être humain, mais lui, c’est différent », expliquait l’un d’eux. Alors que l’extrême droite gagne en terrain et que les élections de juillet 2024 ont apporté des résultats effrayants, cette disparition représente bien plus que la fin d’une vie pour la jeunesse française, mais surtout la fin d’idées poussées à l’extrême et d’une politique remplie de haine, de racisme, l’homophobie et bien plus encore. « Ça doit être le jour de l'espoir, le jour de l'humanité en France, le jour d'un esprit collectif, tous ensemble, contre le fascisme, contre le racisme, contre l'antisémitisme, contre l'islamophobie. Voilà, c'est pour ça que c'est important d'être ici aujourd'hui », explique un manifestant venu participer à un apéro géant place de la République à Paris. Une chose est sûre : s’il s'agit certes de la mort d’un homme, d’un père et d’un ami, espérons surtout qu’il s’agisse de la perte des valeurs qu’il partageait et essayait de propager. Que la mise en terre de Jean-Marie Le Pen soit synonyme de disparition de ses idées graves et dangereuses.