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Du masque aux antennes, quand les artistes repoussent les limites du genre humain

De David Bowie à SZA, en passant par Grace Jones et Melanie Martinez

Du masque aux antennes, quand les artistes repoussent les limites du genre humain De David Bowie à SZA, en passant par Grace Jones et Melanie Martinez

Depuis toujours, les humains ont été fascinés par les mutations ou la possibilité d’avoir une apparence non-humaine. Que ce soit pour des raisons performatives ou culturelles, la capacité d’entrer dans un autre monde pour transmettre quelque chose de significatif à nous-mêmes rend la création de ces hybrides et personnages moins une façade qu’un prolongement de notre identité. Avec l'essor de l'intelligence artificielle ces dernières années, on observe une augmentation des expressions artistiques et créatives. Des logiciels comme Adobe Photoshop permettent aux utilisateurs d’utiliser leurs propres photos pour en créer des variations à partir de prompts personnalisés, donnant à chacun la possibilité d’expérimenter numériquement avec des fantasmes, des personnages et des représentations basées sur leur apparence, ouvrant ainsi l’esprit à d’autres univers. Après tout, la beauté est l’une des choses les plus importantes dans notre société, alors pourquoi ne pas expérimenter ce que nous pourrions peut-être atteindre un jour ? Ou simplement échapper à ce qui nous rend tous identiques. Certains artistes en tout cas, comme SZA sur la couverture de son dernier album, on trouvé dans l'altération corporelle un terrain de jeux. 

La fascination pour l’apparence "non-humaine" existe depuis toujours, témoignant de notre attirance pour le mystique, le divin et le futuriste. Les cultures anciennes donnaient souvent à leurs dieux et divinités des traits exagérés ou surnaturels pour symboliser leur puissance et leur supériorité sur les humains ordinaires. Les rituels et le théâtre, comme dans la Grèce antique ou le Nô japonais, utilisaient des masques et des costumes pour transformer les gens en esprits, animaux ou êtres surnaturels, rendant les récits plus magiques. Même à la Renaissance, des artistes comme Hieronymus Bosch ont créé des créatures étranges et surréalistes pour explorer des thèmes de moralité et d’inconnu. À des époques plus modernes, le look "non-humain" est devenu un symbole de rébellion, de créativité et d’expression de soi. Des vibes extraterrestres du glam rock à l’utilisation actuelle de la technologie et des prothèses dans la mode et l’art, ces esthétiques repoussent les limites et nous invitent à imaginer de nouvelles possibilités. Se déguiser ou se présenter comme "non-humain" a toujours été une manière de sortir des normes, de canaliser une énergie mythique et d’explorer ce que cela signifie d’aller au-delà du terrestre et du rationnel. 

Au fil de l’histoire, les artistes ont utilisé des esthétiques surréalistes et "non-humaines" pour repousser les limites de la créativité. Dans les années 1970, David Bowie a été un pionnier avec son alter ego extraterrestre Ziggy Stardust, mêlant glam rock et flair interstellaire. Dans les années 1980, Grace Jones a incarné une persona androgyne et robotique avec un style avant-gardiste saisissant. Plus récemment, Melanie Martinez a adopté un look d’un autre monde, notamment durant son ère Portals, où elle se transforme en une créature fantastique et surréaliste avec des tons pastel et des designs étranges. Aujourd’hui, SZA a adopté une esthétique céleste et inspirée par les aliens pendant son ère SOS, fusionnant des visuels de science-fiction et de déesse cosmique, la positionnant comme un être venu d’ailleurs. 

Dans son interview Hot Ones de la chaine YouTube First We Feast,  la chanteuse de Kill Bill a discuté des relations, du processus créatif et de son adoption d’un nouveau style simplement parce qu’elle « en a envie ». Tout en dégustant des sauces ultra-épicées, la chanteuse restait expressive avec ses prothèses exagérées. « Je suis juste fatiguée de ne pas être un insecte », a-t-elle expliqué. « Cette transformation me procure tellement de sérénité dans le domaine de l’existence, car être humain est tellement écrasant, » confiait-elle. « Être dans sa propre peau, tout ce bazar... la liberté de... Je suis juste fatiguée de ne pas être un insecte. » a-t-elle poursuivi. 

@aureliastclair Gonna start saying this when people ask me how I am *tired of not being a bug* #sza #hotones #interview original sound - Aurélia St Clair

À travers les âges, l’attrait pour l’apparence "non-humaine" a toujours été un miroir de nos aspirations, de nos peurs et de notre imagination collective. Aujourd’hui, grâce à l’évolution de la technologie et des outils créatifs comme l’intelligence artificielle, cette fascination trouve de nouvelles formes d’expression, permettant à chacun de jouer avec son image et d’explorer des identités alternatives. Que ce soit pour s’échapper de la monotonie, repousser les normes ou embrasser l’étrange et le fantastique, le désir de transcender notre humanité reste profondément ancré dans notre quête de sens et de beauté. Dans un monde de plus en plus connecté et uniformisé, ces métamorphoses visuelles et spirituelles nous rappellent que l’imagination et l’expression de soi sont des moyens puissants pour redéfinir qui nous sommes et ce que nous pourrions devenir.