Une exposition à Paris dévoile l'art de Basquiat à travers le prisme de Vénus
Dans un dialogue unique entre sculptures romaines et œuvres du peintre Américain
14 Octobre 2024
Si Jean-Michel Basquiat a dit un jour «Vénus, étoile du matin, patate douce, j’ai l’argent et tu as l’or», c’est aujourd’hui dans une exposition entièrement dédiée à la déesse romaine qu’une des ses pièces jusqu’alors peu connue du public sera mise sous le feu des projecteurs. Tout commence pour Untitled, l'oeuvre qui sera présentée à la Galerie Gagosian d'ici quelques jours, en 1982, lorsque Basquiat est invité à se rendre à Modène, une petite ville du nord de l’Italie proche de Bologne, par le collectionneur Italien Emilio Mazzoni afin d'y réaliser huit oeuvres qui se retrouveront dans une seule et même exposition. Bien que l’expérience semblait alléchante de prime abord, ce fut un désastre pour le peintre Américain, qui fut contraint de travailler dans un entrepôt qu’il qualifia d'«usine malade». L’exposition promise n’eut au final d’ailleurs jamais lieu pour cause de problème de payement, mais le travail du jeune peintre ne fut toutefois pas en vain, car un marchand d’art et collectionneur Suisse du nom de Bruno Bischofberger acheta quatre des huit tableaux, dont Untitled que l’on retrouvera à partir du 17 octobre à la galerie Gagosian de Paris.
Toutefois le tableau ne sera pas exposé en solo, mais accompagné d’une sculpture romaine impériale de la déesse tenant dans sa main une robe qui se drape autour de ses hanches, appartenant à la collection Torlonia, la plus grande collection privée de l’Antiquité romaine. Une collection qui n’a que très rarement été montrée au public depuis le milieu du XXe siècle. Cette année marque d’ailleurs la première fois où cette dernière à quitté son territoire natal, l’Italie et Rome en particulier, pour atterrir d’abord au musée du Louvre, qui expose actuellement une sélection de ses chef-d’œuvres jusqu’au 11 novembre. Un prêt qui a été accordé dans de strictes conditions, faisant en sorte que la galerie soutienne la conservation de la sculpture romaine.
L’art classique est un thème qui n’est pas inconnu à Basquiat. Avant de partir pour Modène, il a passé quelque temps dans la Ville Éternelle accompagné de sa compagne Suzanne Mallouk, qu’il surnommait alors Vénus. Pourtant dans les 8 oeuvres qui composent Modena, la déesse de l’amour et de la beauté n’est pas la seule à être représentée. Elle est accompagnée de figures mythiques et mystiques telles que l’ange, le diable, le prophète, l’avare et le fermier, peints dans des couleurs vives et d’une manière presque enfantine. Untitled est pourtant le seul tableau à montrer un personnage féminin. Dans cette peinture, il n’y a pas que le thème qui est spirituel: ses couleurs et nuances de bleu, vert, jaune et noir lui donnent un caractère envoutant rappelant presque une aura et énergie magique, et de nombreuses références artistiques qui évoquent La Naissance de Vénus de Botticelli, œuvre emblématique de la Renaissance italienne (1445) sont également présentes. L’exposition Jean-Michel Basquiat : Venus se trouvera donc à la galerie Gagosian (rue de Castiglionne, Paris, 75001), à partir du 17 octobre et jusqu'au 20 décembre 2024.