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Pénurie de bouquinistes pour les quais de Paris

La ville Lumière est à la recherche de prochain locataire pour ses petites boîtes vertes

Pénurie de bouquinistes pour les quais de Paris La ville Lumière est à la recherche de prochain locataire pour ses petites boîtes vertes

Comptant parmi les symboles mythiques qui contribuent au charme de la ville Lumière, les quais de Seine et leur tranquillité légendaire semblent pourtant faire face à une crise. Des 200 bouquinistes gérant plus de 900 boîtes sur 3 kilomètres de Seine, 16 sont vacants et peinent à trouver un nouveau locataire. En effet, malgré leur statut bien établi, la crise sanitaire du covid-19 et le manque de touristes qui en a découlé a eu raison de lui et de ses exposants. Le fait que les bouquinistes aient bien failli être déplacés pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris tenue cet été n’a pas non plus aidé. Aujourd’hui, la capitale et l’association culturelle des Bouquinistes de Paris lancent un appel aux candidatures, dans l’espoir de relancer ce classique de la culture parisienne qui pourrait risquer de passer au second plan, voir de tomber aux oubliettes si la situation ne s'améliore pas. 

C’est avec la naissance de l’imprimerie en 1450 que les bouquinistes,  ces petits marchands colporteurs qui commencent à prendre possession des quais de Seine pour vendre leurs livres, souvent d’occasion, voient le jour. Par terre, étalés à même le sol ou sur des tables de fortune, tous les moyens sont bons pour exposer leur marchandise. Le Pont Neuf, construit en 1606, est particulièrement prisé par ces vendeurs de livres. Après de nombreuses complications causées par les libraires peureux de perdre leurs clients et les autorités royales et après avoir été chassés puis réintégrés dans la course à la vente du livre, les bouquinistes deviennent officiellement ceux que l’on connaît aujourd’hui et adoptent ce nom en 1789. Ils gagneront en popularité grâce à Napoléon Ie qui élargira leur zone de vente, devenant ainsi le quartier général des intellectuels de la ville. D'année en année, le nombre de Bouquinistes a continué de croître : en 1892 ils étaient 156, 200 en 1900 lors de l’Exposition Universelle, et 240 en 1991. En 1930, la longueur des étals est fixée à 8 mètres. Aujourd'hui, on peut parcourir 3 km de livres anciens et contemporains, de gravures, de timbres et de diverses revues, le tout sous la régulation de la Mairie de Paris. 

Mais alors si elles ont gagné en popularité année après année et font désormais partie du patrimoine de la culture française, pourquoi aujourd’hui les boîtes se vident-elles et surtout pourquoi personne ne semble vouloir reprendre le flambeau ? Ces dernières années ont été particulièrement challengeantes pour les commerçants, entre la crise sanitaire de 2020 susmentionnée, les nombreuses manifestations qui ralentissent régulièrement la capitale et l’ascension des réseaux sociaux et des livres en ligne en un clic. «La clientèle, n'est plus là. Après les différentes crises des gilets jaunes, les grèves, la crise du Covid, il faut se rendre compte que les bouquinistes ont eu beaucoup de mal», explique un des bouquinistes pourtant bien installée à son post depuis des décennies à BFMTV. Et qui dit baisse de client dit abandon des commerçants, et dit également post peu alléchant pour les potentiels repreneurs du commerce. 

Pourtant les fameuses petites échoppes vert bouteille sont chères au cœur de bien des lecteurs dont l’appétit culturel n’a pas baissé d'un millimètre, tout comme l’envie de se balader parmi les boîtes et d’échanger quelques mots avec les commerçants plutôt que de succomber au livre électronique. Et heureusement, car l’institution ne s’avoue pas encore vaincue: l’appel à la candidature est ouvert jusqu’au lundi 14 octobre 20 heures. Il est possible d’envoyer sa candidature de deux manières : par mail, à l’adresse [email protected] ou bien par courrier à la Direction de l’Attractivité et de l’Emploi BEE – bouquinistes, 8 rue de Cîteaux 75012 Paris. Le Comité de sélection des candidatures à un emplacement de bouquiniste des quais de Seine se réunira ensuite le 6 novembre 2024 afin de choisir les candidats à qui l’autorisation d’exploitation d’un emplacement de bouquiniste sera accordée pour une durée de cinq ans. Malgré des appels répétés et une communication postée sur plusieurs canaux, jusqu’à présent peu de candidatures ont été envoyées, au grand regret de Jérôme Callais, président de l'association des bouquinistes de Paris selon «qui le délai entre la décision de la date de la commission et la date butoir pour déposer les candidatures est trop court». Espérons que d’ici le 14, les boîtes des quais auront trouvé au moins quelques nouveaux occupants qui continueront de faire vivre ce petit coin de paix qui rend encore plus jolie la carte postale qu’est Paris.