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Le compte TikTok des Jeux Paralympiques fait polémique

Simple technique pour faire des vues à prendre à la rigolade ou publications véritablement problématiques?

Le compte TikTok des Jeux Paralympiques fait polémique  Simple technique pour faire des vues à prendre à la rigolade ou publications véritablement problématiques?

«Le compte des Paralympiques a-t-il été hacké?» Voilà ce que se demandent certains internautes à la vue des vidéos postées par le compte TikTok officiel des Jeux Paralympiques où les athlètes sont tournés en dérision, voire moqués. Dans ces dernières, on y voit par exemple, un cycliste aveugle en train de chercher son vélo sur un fond de Beethoven ou encore une coureuse qui s’étale de tout son long avant la ligne d’arrivée sur des bruitages du jeu Mario Kart. Le comité international des Paralympiques semble avoir misé sur le vecteur de l’humour noir et du ton décalé pour attirer un jeune public sur ses réseaux sociaux. Une stratégie qui porte ses fruits car les vidéos devenues virales, ont accumulé des millions de vues et des centaines de milliers de likes sur la plateforme vidéo chinoise. 

@paralympics

Para Triathlon is swim, bike and air piano.

original sound - paralympics

Cependant, cette campagne est loin de faire l’unanimité. Certains membres de l’opinion publique accusent le comité de renforcer les stéréotypes négatifs sur les personnes portant un handicap. Côté athlète, David Lysaght, un paracavalier irlandais, a appelé au boycott de ces contenus narquois qui selon lui cautionnent et encouragent des moqueries et des abus que subissent déjà tous les jours les personnes handicapées dans la société. Il a notamment déclaré sur Instagram que ces vidéos dénigrent le dévouement des athlètes paralympiques et décrédibilisent leur sport. Un goût amer que partage la snowboardeuse paralympique américaine Brenna Huckaby qui a regretté le manque de considération de la part du comité:  « Il y a un manque d’équilibre entre la mise en valeur de ce que les athlètes paralympiques peuvent réaliser et le côté rigolo des vidéos. Cela semble condescendant et irrespectueux ». 

Des critiques que rejette fermement le comité des Paralympiques. Craig Spence, le responsable de la marque et communication de l’IPC explique que l’humour est utilisé pour attirer une audience plus jeune qui va ensuite s’intéresser aux épreuves de Paris 2024 et les regarder. Il souligne également que le comité publie des contenus éducatifs sur les sports paralympiques en parallèle des vidéos humoristiques. Andrew Parsons, président du comité paralympique, renchérit en rappelant que le but est l’acceptation de l’handicap par les plus jeunes: « Nous voulons sensibiliser les jeunes publics pour qu’ils adoptent une approche plus inclusive ». Certaines athlètes comme Emeline Pierre, paranageuse de l’équipe de France, approuvent l’approche du comité. « Si les gens arrivent à prendre ça à la rigolade, peut-être qu’ils arriveront à nous voir de façon un peu plus normale » a-t-elle déclaré. 

Cette polémique semble ressasser l'éternel débat de «peut-on rire de tout?». Une question pour le moins compliquée car l’humour est un sujet complexe qui mêle culture et politique. Dans une société où les personnes en situation d'handicap sont institutionnellement discriminées, toutes les personnes ne sont pas équipées pour comprendre le ton satirique (voulu par le comité)  et pourrait amener à, au contraire, encourager les préjudices. Il faut notamment remarquer que malheureusement, les vidéos éducatives sur le handicap - beaucoup plus bénéfiques en termes d’inclusion et de représentation -  ne créeraient pas autant d’engouement que les publications drôles et légères en raison des lois intransigeantes des algorithmes des réseaux sociaux.