George Clooney et Brad Pitt sont amis ennemis dans Wolfs

À la 81e Mostra de Venise, Wolfs, une œuvre d'AppleTV+ avec George Clooney et Brad Pitt,  a été présenté hors compétition, dialoguant avec un autre film de la même plateforme sorti il y à moins d'un mois, où les protagonistes sont cette fois Matt Damon et Casey Affleck. The Instigators, écrit par Affleck avec Chuck MacLean et réalisé par Doug Liman, raconte l'histoire de deux individus ordinaires, un ancien marine et un ex-détenu, qui se retrouvent impliqués dans un braquage parce qu'ils ont besoin d'argent, mais ne savent pas vraiment ce qu'ils font. Dans Wolfs, en revanche, les protagonistes sont des professionnels, des experts que l'on appelle lorsque quelque chose doit être réglé, que ce soit faire disparaître un cadavre ou nettoyer une scène de crime.

Bien que les métiers et les compétences des personnages dans les deux films soient très différents, ils partagent bien plus qu'un simple genre commun, le buddy movie, où les protagonistes, d'abord ennemis, deviennent, très prévisiblement, amis. Ce qui les relie vraiment, c'est la manière dont les quatre acteurs choisissent et acceptent de jouer des hommes qui ont depuis un certain temps dépassé la quarantaine et n'ont pas peur de l'admettre. Les affres du vieillissement sont la composante la plus amusante du film écrit et réalisé par Jon Watts, principalement connu jusqu'à présent pour son travail avec Tom Holland sur leurs Spider-Man du MCU. Une comédie qui joue avec l'ego des personnages et montre que, même s'ils n'ont pas perdu de leur éclat, ils doivent toujours mettre des lunettes pour lire une adresse sur un téléavertisseur ou ont besoin de pilules et de médicaments pour soulager leurs maux de dos.

Clooney et Pitt, tout comme Casey Affleck et Matt Damon, s'éloignent du souvenir de l'équipe de charmeurs qui, au début des années 2000, ne ratait jamais un coup dans la trilogie Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh. Cela amène à réfléchir sur les décennies qui passent et sur la manière dont, pour ce quatuor d'interprètes, il peut aussi être libérateur de faire preuve d'auto-dérision, tout en le faisant avec un The Instigators moins efficace mais tout de même agréable, accélérant la cadence pour un excellent produit de divertissement comme Wolfs.

Se joignant au duo de compañeros hollywoodiens, une nouvelle recrue qui ne démérite pas du tout aux côtés des stars, déterminant même le rythme et l'équilibre d'un duo qui, à la fin, devient soudainement un trio, sans que cela ne paraisse forcé avec Austin Abrams, le garçon que les personnages croyaient mort, et qu'ils se retrouvent à pourchasser, bien vivant, à travers les rues froides de New York. Une ville silencieuse, mais vibrante pour une œuvre qui se déroule en une seule nuit, changeant à jamais la vie des protagonistes.

Arrogants, susceptibles et méfiants à l'égard de quiconque les entoure, les personnages de Brad Pitt et George Clooney - dont les noms ne sont strictement pas révélés - ont été entraînés dans une sorte de monachisme fait de sacrifices et de vie isolée. Embauchés tous deux pour une mission, et en rompant ainsi les codes de leur propre protocole, ils réalisent que, peut-être, un peu de compagnie leur manquait après tant d'années de travail, et qu'il est agréable d'avoir quelqu'un sur qui compter. En se taquinant, se lançant des piques et sans manquer l'occasion de faire des blagues simples mais percutantes - le doigt d'honneur de Pitt dans l'une des scènes finales est peu original, mais mérite nos éclats de rire - Wolfs se termine par une fin ouverte et deux lueurs d'espoir : tout d'abord que, dans la vraie vie, il n'est jamais trop tard pour trouver un ami, et d'autre part, qu'à l'ère des sequels, celle déjà annoncée pour le film de Watts est à prendre très au sérieux.