Sommes-nous tous atteints de TDAH ?

TikTok enregistre environ 157 millions de publications liées à la santé mentale - plus spécifiquement à la «Mental Health Trend». Qu'il s'agisse de vidéos qui se moquent des problèmes liés aux maladies mentales ou de vidéos informatives expliquant comment les reconnaître, la plateforme sociale préférée de la Gen Z regorge de ce genre de contenu. Le sujet préféré sur TikTok, apparu en tête de toutes les tendances en matière de santé mentale pendant la pandémie, semble toujours être le TDAH (trouble déficitaire de l'attention/hyperactivité), qui compte aujourd'hui 159,9 millions de publications. D'une part, les créateurs qui s'appliquent à créer du contenu sur le sujet - et la plateforme elle-même - affirment contribuer à la sensibilisation à la maladie et avoir facilité «l'accès à des informations faisant autorité en matière de santé mentale», d'autre part, la vague toujours plus grande de vidéos présentant le TDAH comme une bizarrerie qu'on peut transformer en un trait de notre personnalité aggrave la situation, tout comme les influenceurs-médecins qui encouragent l'autodiagnostic. 

Qu'est-ce que le TDAH

Le trouble déficitaire de l'attention/hyperactivité est l'une des maladies mentales les plus courantes chez les enfants. Les symptômes comprennent une incapacité générale à maintenir la concentration, une hyperactivité disproportionnée par rapport aux circonstances, et l'impulsivité. On dit qu'il est plus facile d'identifier le trouble de l'attention chez les garçons, car les filles ont tendance à manifester les symptômes de manière plus discrète, passive. Cependant, récemment, des phénomènes comme la sensibilisation sur TikTok et d'autres plateformes sociales ont augmenté le nombre de contrôles chez tous les adultes. Selon une recherche menée par le Centers for Disease Control and Prevention, le pourcentage d'adultes américains prenant des médicaments contre le TDAH est en augmentation depuis des années, mais a connu une hausse notable pendant la pandémie, en particulier chez les femmes âgées de 20 à 49 ans. 

TikTok et la promotion de contenus sur les troubles mentaux

Si TikTok et les créateurs qui partageant du contenu sur la santé mentale sont convaincus que publier des informations à caractère médical sur une plateforme principalement utilisée par les jeunes peut être le bon moyen de sensibiliser la population, beaucoup ne sont pas d'accord. Outre le fait que les réseaux sociaux sont parmi les principaux contributeurs à l'épidémie de dépression et de solitude chez la Gen Z, une nouvelle étude de Comprehensive Psychiatry montre que les plateformes en ligne comme TikTok sont des «incubateurs de personnalité et de psychopathologie comportementale», un terrain fertile pour contaminer les utilisateurs avec des maladies psychosomatiques dont ils n'avaient même pas ressenti les symptômes auparavant. De plus, le boom des recherches, des clics et des vues sur le sujet a donné naissance à une sorte de subculture dont Big Pharma, les marques de «mode» et les sites en ligne profitent déjà, entre quiz d'autodiagnostic et t-shirts arborant des phrases comme «Overthinking, Overstimulated, Overwhelmed». Affirmer que le problème des mauvais diagnostics ou de la pénurie de psychotropes est entièrement dû à TikTok serait une exagération, mais il est possible que, comme toutes les tendances, la commercialisation d'une maladie ne lui ait pas été bénéfique.