Libres comme l'air dans la ss25 de Stella MacCartney
Dans un hommage à la nature à la mode et surtout un appel à sa préservation
01 Octobre 2024
Hier, sous un ciel ouvert, terrain de jeux de tous les oiseaux de Paris, gris mais miraculeusement sec pour cette fin de mois de septembre, était présentée la collection ss25 de Stella McCartney. Après un manifesto narré par Helen Mirren sur le fait de sauver ce que l’on aime tant qu’il en est encore temps, les mannequins entrent et marchent en rythme sur When Doves Cry de Prince, un titre minutieusement choisi non pas pour le vibrato impressionnant de son interprète mais surtout pour le message qu’il délivre. En effet, le thème principal autour duquel s'articule la collection entière est celui des oiseaux, dans un subtil et poétique appel à l’aide mais surtout dans une invitation à les protéger quoi qu’il en coûte. Mais ne nous méprenons pas : pas de fausses plumes cheap ou de tenues d’autruches exagérées sur le tarmac qui a fait office de podium au défilé hier matin, seulement des détails discrets, réalisés dans des couleurs parfois neutres parfois plus criardes, le tout dans un hommage équilibré et bien pensé à la nature et toutes les merveilles qui la composent.
La collection se divise principalement en deux catégories: d’un côté, on retrouve les tailleurs à épaulettes et les pantalons amples, semblant sortir tout droit du dressing oublié mais pourtant bien fourni d’un papa des années 80, à porter de jour, et les robes plissées transparentes ainsi que de la lingerie délicate à porter de nuit. À la main des mannequins pend un nouveau modèle de sac de sport qui n’a pas manqué d’attirer l’attention du public: le Ryder, fabriqué évidemment en matériaux végétaliens et disponible dans toutes les tailles possibles et imaginables. Le tulle vaporeux se retrouve dans de nombreuses robes cette saison, aux côtés des perles argentées en franges, des tissus fluidement drapés, de dentelle transparente, de soie froissée et du denim, décoré de cristaux. Véritable démonstration de savoir-faire en matière de couture, de construction et de design, la collection met l'accent sur des silhouettes volumineuses avec ses robes bouffantes, ses larges épaulettes et ses ornements audacieux, et allie des pièces classiques telles que des débardeurs et des pantalons en cuir végétalien, trouvant ainsi le parfait équilibre entre minimalisme et maximalisme des temps modernes. En plus des cuirs végétaliens, la créatrice a également eu recours à des bouteilles en plastique recyclées afin de fabriquer des robes qui semblent pourtant tout sauf en plastique. Un choix avant tout éco-responsable, très attendu de la part de Stella McCartney qui n’en est plus à ses premières armes en matière d'innovations écologiques, mais effectué également dans un élan activiste, l’essence au final de sa collection si l’on si penche plus sérieusement.
«Un milliard et demi d'oiseaux sont tués pour la mode. Les plumes appartiennent aux oiseaux, nous pouvons donc nous en inspirer. Cette saison, il s'agissait d'être élevé, d'être un oiseau, d'être libre et de voir les choses d'un point de vue différent : masculinité, féminité », expliquait-elle à Vogue. La collection est donc une ode à la nature, mais surtout une critique à ceux qui la détériorent et à l’industrie dans laquelle la créatrice exerce pourtant depuis des décennies, dans une tentative de changer les choses et de prouver que la mode peut vivre et prospérer sans pour autant être néfaste à la planète sur laquelle elle prend vie. Un message que la créatrice a tenté de faire passer de toutes les manières possibles : en plus du choix de la bande son et des imprimés de la collection, des casquettes décorées de l’inscription About Fucking Time (slogan de la campagne faite en collaboration avec Peta) étaient gentiment posées sur chaque siège, aux côtés d’exemplaires du Stella Times, un journal signé McCartney composé de faits et de statistiques sur la nature et son état, qui, plus largement, combine des vérités dures et inconfortables annoncées toute en subtilité par la créatrice et son humour britannique légendaire, dans une tentative de faire réfléchir ses lecteurs et les adeptes de ses créations quant à leur consommation. En tout cas, si les 55 looks présentés hier n’ont pas réussi à convaincre les spectateurs de changer leur mode de vie du tout au tout et de se débarrasser de leurs vêtements en cuir et en plume, elle leur aura au moins permis le temps d’un défilé de se sentir libre comme l'air, ou plutôt comme une hirondelle, ce qui est déjà un très bon début.