Hermès brouille les frontières entre sac et bijou

Tout commença en 1984, à bord de ce qui était censé être un simple vol Paris-Londres pour la jeune Jane Birkin, grande habituée de cette trajectoire. Un simple vol qui pourtant transportait de toute évidence des passagers d’élite, car sur le siège avoisinant celui de la chanteuse était assis Jean-Louis Dumas, alors président exécutif d’Hermès. La conversation entre les deux débuta après que la jeune maman de 3 enfants renversa son sac de paille, et par conséquent tout son contenu devant Dumas, qui lui conseilla tout naturellement de se procurer un sac avec des compartiments plus grands. Elle lui répondit que ce n’était pas faute d’avoir cherché, mais qu'aucun modèle disponible sur le marché ne correspondait à sa demande de maman chargée. Un échange d'idées et quelques croquis dessinés sur le sac à vomis plus tard, le sac Birkin prenait forme. S’il a été pensé et créé de manière spontanée afin de rendre service à une jeune mère en détresse en manque d’espace, le statut du Birkin a aujourd’hui bien changé, tout comme son public cible et surtout son accessibilité, exigeant des mois voire des années de patience avant de pouvoir se le procurer. 

Dans son prototype, Dumas a incorporé la forme trapézoïdale et le rabat supérieur du Haut à Courroies, le premier sac de la maison française, lancé à la fin du XIXe siècle et qui pouvait à l’époque contenir une selle ainsi que des bottes d'équitation. Aujourd’hui, il pourtant difficile d’imaginer quiconque se munir d’un sac Hermès pour se rendre à l’équitation. En plus de son statut, l’esthétique du sac n’a fait qu’évoluer, et si le modèle de base était proposé en cuir brut dans des coloris neutres, aujourd’hui il en existe de toutes les couleurs et en tous les motifs. Pierre Cardy, directeur créatif de la Haute Joaillerie chez Hermès, a d’ailleurs décidé cet automne de pousser la tendance encore plus loin, en proposant le Birkin le plus bling bling et chargé conçu par la Maison à ce jour, portant le Birkin au-delà de son statut de sac et de son aspect pratique. C’est en effet un véritable bijou que la Maison Hermès vient de présenter, composé de plaques asymétriques d'or blanc ou jaune qui donnent l'illusion d'un cuir de crocodile. Le corps et la hanse du sac sont quant à eux décorés d’un camaïeux de bleu, jaune, orange et jaune en diamants, un dégradé inspiré en partie par les archives de la maison qui comptent plus de 75 000 couleurs de soie différentes. Pour ce faire, la Maison n’a évidemment pas lésiné sur les moyens : chaque pièce est incrustée de près de 3 000 diamants, améthystes, grenats spessartites, aigues-marines et saphirs. 

Bien que le Sac Bijou soit une version particulièrement élaborée du Birkin, ce n’est pas la première fois que la Maison sort des sentiers battus et propose un modèle de ce genre. Les modèles Sunrise et Sunset rainbows en sont le parfait exemple : deux modèles cousins sortis en 2020, décorés de rayures colorées rappelant la poésie de l’aube et du crépuscule. Dans un registre plus animalier, on retrouve le Himalayan Birkin, créé par Jean-Paul Gaultier en 2010, considéré comme l’un des sacs les plus rares et chers au monde, ainsi que le Ombré Birkin, réalisé en peau de lézard. Le Birkin Metallic, quant à lui, une édition limitée sortie en 2005, ajoute une touche plus disco à la collection, par sa couleur argentée métallique, aussi disponible en doré, s’inspirant des vitrines du magasin de la rue Faubourg Saint Honoré. Au niveau de la praticité, Hermès a également sorti 2 modèles un tantinet plus utiles pour la vie de tous les jours, comme le Cargo Birkin sorti en 2020, présentant une poche supplémentaire sur le devant, et le 3 in 1, comportant une pochette intérieur détachable. Le sac le plus convoité du monde fêtera d’ailleurs cette année ses 40 ans, qui sait ce que la Maison Hermès nous réserve afin de fêter cette occasion. Peut-être une collection entière de sacs plus originaux et innovants les uns que les autres ?