Phoebe Philo au cœur d'une nouvelle polémique

Après des mois d'attente trépidante pour la première collection de la marque éponyme de Phoebe Philo, et suite au succès instantané des drop de la marque immédiatement sold out, la designer britannique se retrouve maintenant au centre d'une grave polémique pour avoir été accusée de pratiques abusives par ses employés. Ce serait la fashion editor et influenceuse Brenda Hashtag qui aurait soulevé la question, publiant le 15 août dernier un tweet ensuite supprimé (nous ne savons pas s'il a été supprimé par X ou par l'influenceuse) dans lequel elle invitait les Philophiles (fans de l'esthétique de Philo) et toute la communauté de la mode à consulter les avis anonymes d'anciens employés de la marque sur Glassdoor. Le tweet de l'éditrice allemande a été mentionné dans une vidéo TikTok de la jeune créatrice de mode Katie Robinson, qui a expliqué en détail que la plupart des témoignages dénonçaient un environnement profondément toxique, géré par un management autoritaire : en plus des nombreuses heures supplémentaires non payées, certains témoignages parlent d'insultes et de réprimandes injustifiées reçues de Philo, qui, avec le snobisme et la franchise qui la caractérisent, ne se souviendrait même pas des noms des membres de son équipe.

Ce n'est pas la première fois que les méthodes de travail et les choix professionnels de Phoebe Philo font l'objet de polémique : dans The Cut, dans un article consacré à la première collection de la designer, la rédactrice de mode Danya Issawi relance une controverse passée concernant certains choix esthétiques de la créatrice, accusée de « racisme sur les podiums » ; dix ans plus tôt, l'activiste des droits de l'homme et ancienne mannequin Bethann Hardison soulignait, dans une interview de 2013 pour The Standard, l'absence de femmes noires dans les défilés de Phoebe Philo pour Céline, bien que la clientèle de la marque fût extrêmement diversifiée. Selon Hardison, à l'époque, de nombreuses femmes noires portaient les bijoux oversize de Céline, ainsi que les sacs en cuir précieux tels que le Triumph (un des it-bags de l'époque), également porté par Viola Davis dans Murder. La supermodèle Iman, première femme afro-américaine à défiler pour les grandes maisons, déclarait encore en 2022 dans une interview pour Sway's Universe: « Voilà pourquoi je n'ai jamais acheté un sac Céline : elle a droit à son podium et moi j'ai droit à mon portefeuille ».

Malgré les graves accusations portées contre Phoebe Philo, la demande pour les pièces d'archive de ses collections Céline ne cesse de croître. La prêtresse du quiet luxury, malgré sa longue absence de la scène, a réussi à rester pertinente au fil des ans, influençant l'esthétique de marques contemporaines acclamées comme Peter Do et The Row, jusqu'à atteindre les rayons du fast fashion, qui tentent souvent de reproduire certains de ses vêtements à la coupe impeccable, mais qui obtiennent des résultats médiocres. Au-delà des polémiques, l'industrie de la mode n'a pas cessé de reconnaître le talent de la designer britannique et le mérite d'avoir créé une esthétique minimaliste et « effortless », libérée du regard masculin, mais néanmoins exclusive dans son choix de représenter un seul modèle de femme blanche, mince, nécessairement riche pour pouvoir se permettre des vêtements aussi coûteux. Comparé à l'ère Céline, on peut observer dans les récentes campagnes publicitaires de la marque de Phoebe Philo une plus grande inclusivité dans les choix de casting, notamment en ce qui concerne l'âge des mannequins. Pour l'instant, il ne nous reste plus qu'à attendre et voir si, cette fois, la polémique aura ou non des effets et des conséquences sur la perception de la marque et la réputation de la designer.