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Le secteur de l’habillement menacé par la crise au Bangladesh

Les pertes sont estimées à plusieurs milliards d’euros

Le secteur de l’habillement menacé par la crise au Bangladesh  Les pertes sont estimées à plusieurs milliards d’euros

Depuis son indépendance en 1971, le Bangladesh s’est imposé comme l’un des principaux acteurs de l’industrie textile mondiale, devenant le troisième plus grand exportateur de vêtements après la Chine et le Vietnam. Cependant, le pays fait face aujourd'hui à une crise majeure qui menace de perturber profondément ce secteur devenu vital. La démission du premier ministre Sheikh Hasina, après 15 ans au pouvoir, a déclenché une série d’événements perturbateurs : manifestations violentes, couvre-feux, coupures d’internet et intervention militaire. Cette situation a non seulement perturbé la logistique portuaire à Chattogram, principal port du pays, mais aussi entraîné des pertes économiques estimées à plusieurs milliards d’euros pour le secteur de l’habillement. Le Bangladesh, troisième plus grand exportateur mondial de vêtements est actuellement plongé dans un chaos total. En quelques semaines, ce pays clé pour l’industrie de l’habillement est passé d’un pilier de stabilité à un champ de bataille logistique. La situation à Chattogram (anciennement Chittagong), principal port du pays, illustre parfaitement ce chaos. Chattogram, par lequel transite plus de 90 % du commerce international du Bangladesh, est aujourd’hui paralysé. Les analystes de Linerlytica, une société de conseil asiatique spécialisée dans le transport maritime, signalent que ce port connaît actuellement les pires délais de mouillage au monde. Environ 50 navires sont en attente dans une file de 25 milles nautiques dans la baie du Bengale, certains étant contraints de patienter plus d’une semaine avant de pouvoir décharger leur cargaison. Hier, seulement 1 175 TEU (unités équivalentes à vingt pieds) ont été déchargés, un chiffre dérisoire comparé aux 8 000 TEU traités quotidiennement en temps normal. Cette paralysie s’explique par les grèves, les blocages et l’arrêt presque total des opérations portuaires causés par les manifestations étudiantes et les troubles politiques qui secouent le pays.


@bbcnews Bangladeshi PM Sheikh Hasina has resigned and fled the country after anti-government protests in which hundreds of people have been killed. #Bangladesh #SheikhHasina #BangladeshProtests #Protests #Dhaka #News #BreakingNews #BBCNews original sound - BBC News

Les répercussions de cette crise sur le secteur de l’habillement sont colossales. De nombreux acheteurs internationaux, inquiets par la situation instable, ont annulé leurs commandes ou exigent désormais que les marchandises soient transportées par voie aérienne, beaucoup plus coûteuse, plutôt que maritime. Les premières estimations font état de pertes de plus de 4 milliards de dollars en commandes, avec des pertes directes de 800 millions de dollars pour le secteur en seulement cinq jours. Les acheteurs internationaux, autrefois fidèles au Bangladesh pour son coût de production bas et sa main-d'œuvre abondante, commencent à réévaluer leurs stratégies d’approvisionnement. Le Vietnam, l’Inde, le Cambodge et l’Indonésie se profilent comme des alternatives potentielles. Un changement majeur qui pourrait redessiner la carte mondiale de la production textile. Sur le plan social, les conséquences sont tout aussi désastreuses. Le secteur textile, véritable poumon de l’économie bangladaise, emploie des millions de personnes, principalement des femmes. Avec les usines fermées et les commandes annulées, les pertes d’emplois massives semblent inévitables. Cette situation pourrait entraîner une aggravation de la pauvreté et des tensions sociales déjà exacerbées par la crise politique. Zaved Akhtar, président de la Chambre de commerce des investisseurs étrangers, a déclaré que les couvre-feux industriels et l’arrêt d’internet devraient entraîner un impact économique de 10 milliards de dollars, avec des coûts qui ne cessent de grimper. La crise actuelle ne menace pas seulement le secteur de l’habillement, mais l’ensemble de l’économie bangladaise.


@anat.international

What’s happening in Bangladesh? Also correct me if i misspoke on any of these points, I am learning about this still

original sound - Anat.International

Face à cette crise, les réactions des autorités et des entreprises locales tentent de calmer les inquiétudes. Mostafiz Uddin, PDG de la Bangladesh Apparel Exchange (BAE), a adressé une lettre ouverte aux acheteurs internationaux, défendant avec ferveur le Bangladesh comme une destination stable et attractive pour la production de vêtements. "Malgré les troubles civils, le Bangladesh reste une destination sûre et attrayante pour les acheteurs de mode internationaux", affirme-t-il. Uddin souligne les efforts du gouvernement pour maintenir un environnement commercial stable et appelle à la solidarité internationale pour continuer à soutenir le secteur textile bangladais. Cependant, pour que ces assurances se traduisent en réalité, il faudra bien plus que des paroles rassurantes. Les acheteurs internationaux doivent maintenir leur confiance et leurs commandes, surtout à l’approche de la saison cruciale des achats de Noël. "Votre partenariat et votre soutien sont plus essentiels que jamais", conclut Uddin, soulignant l’importance d’une coopération internationale pour surmonter cette crise. Les perspectives futures pour l’industrie textile du Bangladesh restent incertaines. La capacité de récupération du secteur dépendra de la stabilité politique et de la reprise des opérations logistiques normales. Le pays devra peut-être diversifier ses sources d’approvisionnement et investir dans des infrastructures plus résilientes pour éviter que de telles perturbations n’aient des effets aussi dévastateurs à l’avenir.