Les 5 marques à la croissance la plus rapide sur les réseaux sociaux pendant la semaine de la mode

De nos jours, le seul indicateur pour évaluer le succès ou l'échec d'un spectacle est l'EMV, c'est-à-dire la Valeur des Médias Acquis, une mesure qui quantifie la valeur monétaire de l'exposition organique générée par les contenus sociaux tels que les publications d'influenceurs et les mentions positives dans les médias, qu'ils soient numériques ou imprimés. En effet, l'EMV est une mesure de la visibilité ou, si l'on veut, de la valeur publicitaire qu'une marque gagne - mais la beauté de cela est que ce gain peut provenir soit d'un certain investissement, comme par exemple faire défiler Bella Hadid sur le podium, soit de la viralité d'un certain contenu et n'est donc pas directement lié au budget d'un spectacle. Cette valeur, ou plutôt sa croissance, a été calculée dans le rapport cosigné par Karla Otto et Lefty qui résume les données sociales du mois de la mode et indique quels étaient les marques dont l'EMV avait le plus rapidement augmenté cette saison - toutes plus ou moins indépendantes (nous le verrons bientôt), mais surtout toutes inattendues.

1. Molly Goddard

Si la collection présentée par la designer à Londres, dans la salle de l'English Folk Dance and Song Society, a été un point culminant de sa carrière, ce qui a captivé l'attention des commentateurs a été la présence de la bébé de Goddard, à peine âgée de onze semaines, née pratiquement en même temps que le développement de la collection. Goddard a connu la croissance d'EMV la plus spectaculaire de toutes : la marque a généré un EMV de 758 000 dollars cette saison, ce qui représente une croissance de 3111 % par rapport à l'EMV de 23 000 dollars de la saison FW23.

2. Willy Chavarria

Chavarria est désormais un grand classique de la New York Fashion Week, ainsi qu'un des designers indépendants dont la vision est la plus nette et la plus claire opérant aujourd'hui. Vice-président du design chez Calvin Klein et Designer de l'Année pour la mode masculine aux CFDA 2023, Chavarria a présenté lors des derniers mois de la mode peut-être l'une de ses plus belles collections. La couture de Chavarria est dramatique, avec de lourdes influences des années 70, incroyablement fluide dans sa capacité à mélanger des inspirations tirées aussi bien de l'histoire du prêt-à-porter masculin que de l'iconographie américaine et de la culture chicana. Pour cette saison, Chavarria a introduit sa collection avec un court métrage et a créé sur le podium une grande table éclairée par des bougies et des cierges votifs avec des icônes religieuses rappelant la Cène. Le spectacle a enchanté toute la presse, marquant une croissance de l'EMV de la marque de +678 %, soit 964 000 dollars par rapport aux 124 000 dollars de la saison précédente Automne/Hiver.

3. Courrèges

Nous avions déjà expliqué dans le passé pourquoi le redémarrage de Courrèges réalisé par le Belge Nicolas Di Felice est l'un de nos favoris sur la scène actuelle : un mélange magnifiquement glacial des codes d'archives du passé et d'une sensibilité bouillonnante et moderne. Pour le dernier spectacle de la marque, Di Felice a placé une toile au centre du podium qui se soulevait et s'abaissait en imitant la respiration humaine - sur le podium, les mannequins défilaient avec la main enfoncée dans une poche avant juste en dessous du nombril, dont la malice amusante a porté l'EMV de la marque à augmenter de +642 %, ce qui correspond à 9,73 millions de dollars par rapport aux 1,3 million de dollars générés l'année dernière. Il convient de noter, cependant, que Courrèges n'est pas exactement une marque indépendante car elle est détenue par le Groupe Artemis, qui n'est autre que la holding de la famille Pinault, qui possède également 40,9 % de Kering ainsi que des participations minoritaires dans Giambattista Valli et Puma.

4. Batsheva

La new-yorkaise Batsheva Hay ne s'est pas ménagée cette année. Son spectacle a été ouvert par un quintette à cordes sur les notes duquel a dansé Lori Belilove et par l'icône du cinéma adolescent Molly Ringwald qui a ouvert une défilé de mannequins matures dont le casting (toutes ou presque étaient des mannequins non professionnels, contactés par la designer elle-même) a été l'un des plus appréciés du mois dernier. Un élément qui a suscité un intérêt particulier a été un pull ironique avec l'inscription "Hag" c'est-à-dire "Megera" ou "Befana", tandis que sa collaboration avec Keds a été très bien accueillie par la critique. L'EMV de la marque a augmenté de +419% soit 172 000 dollars (lors du dernier défilé hivernal, l'EMV était de seulement 33 000 dollars) grâce au spectacle - et nous sommes prêts à parier qu'il continuera de croître au cours des prochaines saisons.

5. Onitsuka Tiger

Devenu de plus en plus un canal d'expression et d'expérimentation pour l'italien Andrea Pompilio, Onitsuka Tiger continue de se définir de plus en plus clairement saison après saison. Le dernier spectacle, présenté à la Milan Fashion Week, a vu un bond de l'EMV de +334% (ce qui correspond à 7,5 millions de dollars par rapport aux 1,7 million de dollars générés l'année dernière) et a été ouvert par une performance chorégraphique de la troupe Avantgardey, présentant une série de silhouettes très sobres animées par des travaux sur le tissu reproduisant les striures de pluie qui apparaissent sur les vêtements des passants de Tokyo lorsqu'une pluie explosive éclate. Autre point fort de la collection, les vêtements de tailleur à rayures réalisés avec des tissus techniques et, bien sûr, les creepers qui devraient faire leur retour cette saison selon de nombreux pronostics.