La génération Z sauvera-t-elle les bibliothèques publiques ?

« J'ai découvert un nouvel endroit pour étudier et travailler », annonce Chiara, 22 ans, « c'est une bibliothèque publique, donc l'entrée est gratuite ». Avec 75,2 mille publications sur TikTok, le hashtag #biblioteca propose une série de vidéos racontant l'expérience personnelle d'étudiants universitaires. En plus du café, qui apparaît inévitablement entre les mains des protagonistes, le storytelling de la génération Z les montre plongés dans la lecture, habillés de pulls épais, de jeans des années 80 et de lunettes à monture fine, tout à fait en accord avec l'esthétique geek chic qui porte les marques intellectuelles sur le devant de la scène. Plus qu'un lieu d'étude sérieux, la bibliothèque est le nouveau terrain de jeu de la génération Z, un espace loin de la stérilité des médias sociaux pour rencontrer de nouvelles personnes et se montrer. Les données confirment cette nouvelle tendance : en Italie, les recherches en ligne pour " bibliothèque près de chez moi " ont augmenté de +300% au cours de la dernière année, tandis qu'en novembre dernier, un rapport de l'American Library Association a révélé que les jeunes utilisent les bibliothèques publiques plus que toute autre génération précédente - même si 43% de la génération Z ne se considère pas comme des lecteurs assidus, selon la recherche de l'ALA, la moitié visite une bibliothèque au moins une fois par an. Si nous pensions que les tendances Academia et Litcore provenaient de séries télévisées comme Mercredi Addams et Élite, nous nous trompions.

En Italie également, BookTok, l'un des nombreux petits mondes nés sur les réseaux sociaux chinois, n'est plus un phénomène de niche à tel point qu'une section dédiée aux livres populaires a été installée dans de nombreuses librairies - la première étant la Mondadori de Piazza Duomo à Milan. Il y a un nombre incalculable de créateurs qui publient du contenu sur le thème des livres, aussi varié que les genres qu'ils explorent. Tandis que les romans de Colleen Hoover connaissent un succès mondial, influençant considérablement les ventes des maisons d'édition, en Italie, des comptes tels que @boogiebookie, @libreriadicami et @lalibreriadiginii accumulent des milliers de followers par mois. Aux côtés de cette vague désormais grand public de romans de fantasy et de Book Hauls, se développent une série de pages au contenu plus classique, comme @whitelandsrarebooks, @rickypedi et @edoardoprati_, qui racontent l'histoire de la littérature moderne - et des manuscrits anciens, dans le cas de @whitelandsrarebooks - à un jeune public en tirant parti de l'algorithme de TikTok et d'une esthétique académique à l'ancienne. Évoquant les tenues du film 'Le Cercle des poètes disparus', le succès des nouveaux créateurs de livres italiens repose en partie sur l'esthétique. Que ce soit le charme d'un pull à losanges ou l'intérêt des étudiants pour Montale, les nouvelles générations aiment les rats de bibliothèque et les maisons d'édition l'ont bien compris, avec le merchandising plus tard nommé 'litcore' qui les représente.

Sur les traces de la maison de production A24, qui a revitalisé le marché du merchandising cinématographique grâce à la production d'articles de mode, le monde littéraire a découvert l'impact des auteurs à succès sur les nouvelles générations. Ils veulent le nom de Joan Didion, de Zadie Smith et d'Italo Calvino sur une casquette de baseball ou, encore mieux, l'image de leur couverture la plus célèbre sur un sac en toile. Une stratégie marketing qui vient aussi de petites entreprises indépendantes, faire de la lecture une caractéristique à afficher et à intégrer dans son propre style personnel est l'une des nombreuses manières avec lesquelles la génération Z redécouvre de vieux passe-temps et les reconditionne dans une esthétique tendance, prête à la consommation. Tous les amateurs de lecture ne font pas étalage de leur passion sur TikTok, mais tous les habitués des bibliothèques savent que, tôt ou tard, ils finiront dans une vidéo de leur voisin de table.