Les looks surdimensionnés de Vetements prouvent que les mèmes ne suffisent pas plus

Fondée dès le départ sur une esthétique fondamentalement indisciplinée et non conventionnelle, la maison de couture Vetements a été créée par Demna Gvasalia et son frère Guram dans le but de défier l'industrie en incorporant des éléments directement inspirés de l'underground soviétique et de la culture de la rue dans des collections de tailleur raffinées. Maintenant que la marque repose entièrement sur le dos de Guram, il semble que l'audace de Vetements se soit estompée au profit de modèles déjà vus. En effet, la nouvelle collection SS24 de Vetements, conçue par Guram Gvasalia en collaboration avec son ami de longue date, le créateur de haute couture Elie Saab, ressemble plus à une répétition des défilés passés de Demna pour Balenciaga qu'à un effort d'innovation sartoriale, bien que l'idée de base du lookbook soit tout à fait originale, et l'effet provocateur de la coupe surdimensionnée est néanmoins réussi.

La collection 

Le lookbook SS23 de Vetements s'inspire du mannequin que Guram observait enfant pendant que sa grand-mère travaillait sur la machine à coudre, un objet qui, à l'époque, lui permettait de voyager avec son imagination. Trouvant un point de rencontre entre la tradition innée de ce mannequin, utilisé depuis des décennies, voire des siècles, par les tailleurs et les stylistes, et les nouvelles technologies, l'équipe de Guram a utilisé des scanners 3D pour transformer de vrais modèles en mannequins à l'apparence humaine. Les vêtements qu'ils portent sont tous volumineux, à la limite de l'inusable tant ils sont surdimensionnés, mais ils occupent harmonieusement l'espace et le corps de ces "mannequins vivants". Des sweats à capuche aux robes princières en velours, l'ensemble SS24 réunit de manière cohérente le moderne et l'ancien dans une collection physique qui, malgré le fait que le communiqué de presse de la collection ait été créé à l'aide de ChatGPT, se veut une critique de l'intelligence artificielle. Comme l'explique le créateur lui-même, «la qualité et le savoir-faire ne peuvent être obtenus que par des mains humaines et avec une passion qu'aucune machine ne peut avoir». Jouant avec les attentes que les fans de la marque pouvaient avoir vis-à-vis de cette nouvelle collection, Guram Gvasalia a décidé de fabriquer à la main des vêtements qui, à première vue, sembleraient avoir été créés par l'IA, mais qui représentent en réalité une célébration du travail humain et de l'artisanat dans le domaine de la mode.

Les références 

La collection SS24 de Vetements reprend uniformément les codes stylistiques de la maison de couture, à ceci près que chaque look semble tout droit sorti d'une ancienne collection de Balenciaga. Le look dystopique des mannequins rappelle vaguement - mais pas trop - les aliens de la Haute Couture FW22, dont le visage est entièrement recouvert d'un écran noir réfléchissant ; les coupe-vent géants, la doudoune et le blouson à manches longues pourraient faire partie des anciens défilés FW18 et SS20 de Balenciaga, tandis que les bodys et les robes en velours lisse de Guram, de couleur neutre, rappellent les robes entièrement noires de la FW20. Ils partagent peut-être des gènes, mais leurs ateliers, jusqu'à preuve du contraire, devraient être éloignés l'un de l'autre. Ce n'est certainement pas la première fois que Vetements, dans l'ère post-Demna, s'inspire fortement du travail du créateur géorgien, copiant souvent des parties de la collection de manière plus ou moins flagrante.