Pour sa collection SS24, Martine Rose s'est inspirée des centres sociaux anglais
Une mode faite par des Londoniens, pour des Londoniens
12 Juin 2023
Pour comprendre Martine Rose, il faut être londonien. A tel point que le travail de la créatrice britannique est ancré dans le paysage de sa ville et semble presque étranger à ceux qui vivent ailleurs et doivent lire, entre les lignes de ses looks, des références à des scènes et des situations de la vie dans la capitale anglaise qui sont autant de références à ses nombreuses communautés. D'après ce que Rose elle-même a confié à Hypebeast après le défilé de sa dernière collection SS24 qui s'est tenu hier, les deux grandes références étaient les centres sociaux anglais, espaces dédiés aux activités des communautés locales, et les jeunes qui s'y rassemblent pour danser - pas, donc, un clubbing berlinois décadent, mais une atmosphère intime et directe, celle d'où émane, comme souvent dans les défilés de Rose, un langage familier et spécifique qui est l'essence même de sa propre identité et de son succès. Le spectacle, qui avait pour but de sublimer le langage des communautés de quartier des centres sociaux londoniens, n'avait rien de la mise en scène mondaine et hautaine à laquelle nous sommes habitués: si les jumelles Olsen servent du thé vert, du lait d'amande et des fruits frais de saison lors des dèfilès de The Row, ici il y avait des bouteilles de Stella Artois et des chips Irish Tayto - l'adhésion à la réalité était totale et dépourvue de tout effet de mode.
Martine Rose se tourne toujours vers la rue, comme son mentor Demna, pour la raconter - avec moins d'ironie et de nostalgie que son mentor, mais aussi sans essayer de prendre le quotidien et d'en faire quelque chose de "pour les riches", sa mode est une œuvre expressive, elle ne parle pas de la transformation rapace des codes de la classe ouvrière en luxe. Il n'y a que l'ennoblissement, l'élévation et la célébration d'un archétype, la narration affectueuse du présent et, en définitive, un langage que tous ceux qui le souhaitent peuvent s'approprier mais qui est né pour inclure et non pour exclure, même s'il n'est pas évident de le comprendre au premier abord. Pour la collection qui a été présentée hier, Rose a exploré ces codes en reproduisant la taille et l'usure de vêtements usagés, en exprimant leur personnalité singulière de manière à raconter, à travers l'assortiment des vêtements, des fantaisies et des attitudes extraordinairement ancrées dans la réalité, dans le quotidien, mais aussi expressives de changements culturels plus généraux, réinterprétés dans un horizon connu et reconnaissable qui devient ainsi une sorte de lentille à travers laquelle on regarde le reste du monde. Les community centers anglais sont des lieux où l'on va danser, par exemple, dans une atmosphère qui n'est pas celle, feutrée et huppée, du club exclusif - ce sont des lieux où des communautés de quartier, unies par la même appartenance nationale et culturelle, souvent par la simple proximité, se rencontrent et se contaminent, en réaffirmant leurs origines mais aussi en réactualisant les "vieilles" coutumes avec l'inévitable changement de générations. Ce sont des lieux où la beauté ou la désirabilité d'une robe ou d'une tenue n'est pas utilisée pour dominer et conquérir les autres ou pour s'évader dans des réalités rêvées, mais pour s'exprimer en tant qu'individu et en tant que membre d'un groupe. La dimension est familière, décontractée, mais aussi profondément originale, car elle répond à des besoins plus authentiques que le marquage du statut social.
En bref, Rose est ainsi capable de raconter son propre monde et ses transfigurations, ses changements mais aussi son attachement au passé, tout en racontant comment les changements culturels d'une réalité beaucoup plus vaste s'y reflètent - c'est là que réside son universalité, qui n'est pas toujours facile à traduire. Cette capacité à raconter le grand en observant le petit, un processus d'induction (un mot qui, dans son sens de "faire entrer", évoque le désir, exprimé par Rose dans l'interview de Hypebeast, de «pousser les gens vers l'intérieur», est un élément essentiel de l'universalité de Rose il proprio immaginario) che è ben testimoniato dalla presenza della sua popolarissima collaborazione con Nike, sorta di ponte tra il piccolo mondo sentimentale che Rose va raccontando e la piattaforma più vasta della cultura pop che la designer continuerà a conquistare quest’anno con la prossima collaborazione con Clarks e quella, già passata, con Stussy. Non c’è forzatura – la sua è un tipo di comunicazione veristica (data l’area geografica inglese, potremmo parlare di kitchen-sink realism) che parla dei progressi e dell’evoluzione di un angolo delimitato della realtà che però rimane comunque specchio e miniatura di tutto quanto il resto dell'universo che lo circonda. Per molti versi, Rose rimane forse l’erede più fedele alla visione di Demna e del Vetements degli inizi ma anche la designer in grado di darne la rilettura più propria e originale.