La télé française a un sérieux problème de présentateurs

« Je ne contrôle pas ma force » : phrase prononcée de manière ironique par Guillaume, l’adolescent gringalet nerd dans Nos Jours Heureux, mais aussi par un adulte de 54 ans au lobe frontal complètement développé accusé de violences conjugales sur deux de ses anciennes compagnes. Hier, après des mois de procès, l’animateur télé et agent immobilier Stéphane Plaza a été condamné à 12 mois d’emprisonnement avec sursis pour violences récurrentes sur son ancienne partenaire, entre 2018 et 2022. Suite à cette sentence, la chaîne de télévision M6, dont il était la star avec ses émissions immobilières Recherche appartement ou maison, Maison à vendre, ou encore Chasseurs d’appart, a décidé à juste titre de déprogrammer toute transmission impliquant l’agent immobilier. Bien que M6 ait décidé d’agir de la sorte et de se dédouaner d’un personnage problématique aux actes condamnables (et d’ailleurs condamnés), ce n’est pas le cas d’autres chaînes de télévision françaises qui continuent de mettre en lumière des personnages aux idées douteuses voire dangereuses. 

On ne compte plus les accusations qui ont visé Cyril Hanouna, animateur de l’émission Touche pas à mon poste depuis 2010, ces dernières années. La plus récente concerne le député Louis Boyard, insulté publiquement par l’animateur lors de son passage sur le plateau de TPMP. Avant cela, l’animateur a été de nombreuses fois accusé d’homophobie : en 2017, par exemple, lors d’une émission de “TPMP Radio Baba” (variante de la version télévisée), Hanouna se livre à des canulars téléphoniques en s’amusant à piéger des hommes homosexuels à travers une fausse annonce sur un site de rencontre. Les conversations où moquerie est le mot d’ordre seront bien sûr retransmises en direct sans le consentement des personnes concernées, ce qui entraînera près de 50 000 signalements de téléspectateurs auprès du CSA et une amende de 3 millions d'euros pour C8. Mais bien entendu cela n’a pas refroidi les protagonistes de TPMP. Par deux fois Touche pas à mon poste a été rappelé à l'ordre ou condamné par le CSA en raison de faits relevant d'agressions sexuelles. À l'automne 2016, Jean-Michel Maire, chroniqueur dans l'émission de Cyril Hanouna, embrasse sans consentement une jeune femme sur le sein, en direct, sous les rires des autres chroniqueurs et les applaudissements du public. À la suite de cet incident, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), saisi par la ministre des Droits des Femmes de l'époque, Laurence Rossignol, adresse une mise en demeure à la chaîne C8. Quelques mois plus tard, en décembre 2016, un autre incident à connotation sexuelle survient: lors d'une séquence diffusée dans la chronique de l'humoriste Jean-Luc Lemoine, bien qu'enregistrée hors antenne, Cyril Hanouna participe à un "jeu" jugé de très mauvais goût avec Capucine Anav, alors chroniqueuse de l’émission. Les yeux bandés, la jeune femme est invitée à toucher différentes parties du corps de l'animateur pour les identifier, jusqu'à poser sa main sur son entrejambe. En réaction à cette séquence, le CSA sanctionne C8 en lui imposant une suspension de publicité de deux semaines, entraînant une perte financière pour la chaîne.

Et pourtant, alors que ces phénomènes graves sont devenus un fait récurrents chez Cyril Hanouna depuis des années et malgré les nombreuses amendes, accusations et condamnations, l’émission continue de tourner. Heureusement, d’ici fin du mois, la chaîne C8 disparaîtra du groupe TMT. Mais cela ne veut pas dire que le même sort attend Hanouna et son émission, car il semblerait que l’animateur ait entamé des discussions avec M6 pour une potentielle reprise de son programme, chose qui n’aurait aucun sens au vu de la récente décision prise par la chaîne après la sentence de Plaza. Karine Lemarchand, animatrice adorée de L’amour est dans le Pré, a d’ailleurs annoncé que si Hanouna venait à débarquer sur M6, elle n'hésitera pas à prendre la porte. Si tel est l’effet que produit Hanouna même sur ses collègues de l’industrie, ce n’est pas du tout celui que faisait Stéphane Plaza. On peut même dire avec certitude que la réaction des accusations à son égard et de la condamnation auront fait dire à nombreux fans du petit écran “je ne l’aurais jamais imaginé”, voire “c’est pas son genre” ou encore “j’y crois pas”. Comme quoi, cette histoire nous rappelle que la télévision française à un sérieux problème d’animateurs. Vincent Bolloré, Jean-Michel Maire, Benjamin Castaldi, Laurent Ruquier : la liste de personnalités de la télévisions française qui ont été accusés, condamnés ou ont au moins une fois tenu publiquement des propos graves est longue. Que ça soit le bon copain du coin dont le métier est littéralement d’aider les gens en leur mettant un toit sur la tête ou bien l'odieux personnage qui déballe une liste longue comme le bras de propos graves à la minute, il serait temps de faire un tri dans les présentateurs, ou bien que les chaînes de télé renforcent leur système d’embauche et d’entretiens avant de donner de la visibilité à ce genre de personne.