Le micro-ghosting ou l’apogée des micro trends ?

Entre les situationships et les red flags, la vie amoureuse de la Gen Z semble être sans répit, avec de nouveaux concepts de dating qui apparaissent toutes les semaines. Le dernier en date? Le micro-ghosting, qui se définit comme une forme intermittente de ghosting, où une personne coupe sporadiquement les liens sans explication claire. Face à l’apparition de ce mot, une question se pose: assistons-nous à la création de concepts à partir de rien, influencés par la viralité des micro trends, ou le micro-ghosting repose-t-il sur des réalités sociales profondes ? Contrairement au ghosting traditionnel, où la rupture est nette et sans retour, le micro-ghosting permet des réapparitions occasionnelles, maintenant ainsi une certaine connexion, bien que ténue et incertaine. Ce comportement est souvent observé dans les relations amoureuses, où l'une des parties hésite à s'engager pleinement tout en laissant entrevoir une possibilité de reprise. En gros, une personne qui veut vous garder en option sans avoir le courage de vous communiquer ses sentiments honnêtes. 

Sur des plateformes comme TikTok, de nombreuses femmes ont pris la parole pour dénoncer le micro-ghosting, le qualifiant de comportement toxique. Ces témoignages mettent en lumière cette attitude malhonnête qui cause du mal-être, où l'absence de communication claire crée une atmosphère de doute et d'insécurité. Les créatrices de contenu soulignent également l'impact émotionnel négatif, allant de la confusion à la perte de confiance en soi. Il est indéniable que l'avènement des réseaux sociaux a amplifié la visibilité de certains comportements ou tendances, les transformant en sujets discutés largement. On se souvient par exemple du cinnamon cookie butter hair ou encore du balletcore qui avait envahi TikTok. La viralité des contenus sur des plateformes donne l'impression que ces phénomènes sont éphémères et surtout superficiels. Bien souvent, les micro-tendances reprennent en fait des notions déjà courantes et les rendent commercialisables. Par exemple, le cinnamon cookie butter hair s’agit simplement d'une nouvelle façon de commercialiser les cheveux bruns. 

En ce qui concerne le micro-ghosting, l’analyse mérite d’être approfondie car ce dernier s’agit d’un concept propre à notre société contemporaine et à ce jour, il n’existe pas d’autres mots pour l’exprimer pleinement. Les dynamiques relationnelles évoluent avec le temps, influencées par des facteurs tels que la rapidité des échanges, la superficialité des interactions en ligne et la peur de l'engagement. Le micro-ghosting pourrait ainsi être vu comme une adaptation des comportements relationnels aux nouvelles modalités de communication, où la facilité de couper les liens tout en maintenant une présence minimale devient une stratégie de gestion des relations complexes. De plus, en sociologie, plusieurs théories soutiennent l'idée que « nommer, c'est faire exister ». L'hypothèse de Sapir-Whorf (ou relativisme linguistique) souligne que la langue structure la perception du monde et influence la pensée. Nommer un phénomène contribue à le conceptualiser et à le rendre accessible à la réflexion collective.  Ainsi, donner un nom au micro-ghosting permettrait non seulement de mettre en lumière cette attitude dans les relations amoureuses, mais aussi de mieux la comprendre et de susciter des discussions pour y répondre. Cette nouvelle tendance sur TikTok serait peut-être bien plus profonde qu’elle ne paraît et pourrait inciter à des changements dans les relations amoureuses.