Qui regarde encore Miss France ?
Et bien des millions de téléspectateurs
13 Décembre 2024
Ce samedi, la France va couronner la nouvelle reine de la beauté qui va succéder à Ève Gilles, Miss Nord-Pas-de-Calais 2023 et Miss France 2024. L’événement sera diffusé en direct sur TF1 et va très certainement attirer des millions de téléspectateurs (7 millions de personnes s’étaient réunies pour l’édition précédente). Comment expliquer ces chiffres impressionnants à l’heure où le body positivisme et le féminisme sont désormais au cœur des conversations quotidiennes ? À une époque qui célèbre la diversité et l'émancipation, le concours Miss France semble être figé dans des stéréotypes d'un autre temps. Certaines associations féministes n’hésitent pas d’ailleurs à le qualifier d’archaïque et sexiste pour ses critères de sélection comme par exemple devoir mesurer minimum 1m70 sans talons. Mais alors, qui regarde encore cette émission?
D’après les données de TF1, 61% de l’audimat se compose de femmes âgées entre 15 et 24 ans. L'analyse des audiences et des profils des spectateurs montre que le concours Miss France a vu une augmentation de son audience chez les 15-24 ans depuis 2015. La première raison qui pourrait expliquer le succès du télé-crochet s’agit de l’aspect social de l’émission. « Miss France, c’est un rendez-vous annuel, à regarder en famille ou entre amis, de 7 à 77 ans. » avait déclaré Jean-Pierre Foucault, présentateur depuis 30 ans de l’émission, lors d’une conférence de presse en 2022. En effet, le concours de beauté vieux de 38 ans est devenu une tradition familiale ou amicale pour de nombreuses personnes. Il y a quelque chose de réconfortant à regarder en groupe une émission à la même formule chaque année.
Le deuxième facteur non négligeable s’agit de la fierté de l’appartenance régionale. Il est évident que Miss France réveille le chauvinisme de chacun. Voir une jeune femme de sa petite région sur un podium d’une telle envergure crée sans aucun doute un sentiment de fierté qui donne envie de l’encourager. Diane Leyre, ancienne Miss France, explique dans les colonnes de Gala: «On voit des régions qui sont très fortes comme le Nord-Pas-de-Calais, l'Alsace, les îles avec Tahiti ou la Martinique... Ce sont des endroits qui aiment leur identité régionale et qui aiment le mettre en avant. Ils soutiennent leur Miss coûte que coûte. C’est d’ailleurs très beau à voir».
Le «hate-watching», c’est-à-dire regarder une émission pour la dénigrer, notamment sur les réseaux sociaux contribue également à la hausse de l’audimat. En effet, l’émission de beauté peut être considérée par certains comme un plaisir coupable. Sophie Barel, chercheuse à l’Université de Rennes-2, explique à Ouest-France: « Les gens aiment bien l’émission dans le fond, en tout cas ceux qui regardent. C’est comme l’ Eurovision . C’est une émission que tout le monde connaît, qui a un côté kitsch assumé et c’est presque une madeleine de Proust. C’est réconfortant et empli de nostalgie. Sans compter qu’on aime aussi suivre le concours sur X car les réactions des internautes sont drôles. » Même sur les réseaux sociaux, le compte @MissFranceOff qui dévoile l'envers du décor sur Instagram, compte à ce jour 699 000 followers. Un chiffre impressionnant qui confirme la popularité de l’émission auprès des jeunes notamment. Malgré ses règles désuètes, Miss France reste une tradition immanquable pour beaucoup de téléspectateurs qui aiment se retrouver, -sans l’avouer bien souvent-, devant ce live qui dure 3 heures.