Pourquoi la Céramique semble revenir à la mode ?
Un retour au Home made pour une génération en quête de sens et de sérénité
06 Novembre 2024
« Qui aurait cru que la terre cuite deviendrait quelque chose de cool ? » Aujourd’hui, la céramique ne se contente plus d’être une activité de niche réservée aux ateliers poussiéreux. Elle s’impose en icône d’un lifestyle bien contemporain, celui qui rêve de ralentir et de renouer avec l’essentiel. Dans les grandes villes, les ateliers de poterie font le plein, de Clay Atelier dans le 11ème arrondissement jusqu’à Sola dans le 6ème ouvert récemment, ces lieux vous apprenant comment fabriquer votre vaisselle de demain semblent bien conquérir la capitale petit à petit, accueillant des amateurs avides de toucher cette matière brute qui semble être le nouveau remède contre le stress parisien. Ce retour vers l’artisanat à l’air d’exprimer plus qu’une simple tendance : il révèle une soif de reconnexion, de création personnelle et de maîtrise, une sorte de « yoga des mains » pour ceux en quête de sérénité. En réponse à une société de plus en plus dématérialisée, la céramique semble se présenter comme une échappatoire tangible, un refuge à l’ère de l’immatériel.
À mesure que les adeptes du fait-main se multiplient, la céramique s’est taillée une place dans nos intérieurs et nos fils Instagram. Cette tendance rappelle l’engouement pour d’autres pratiques artisanales comme le crochet et la couture, qui sont réapparues plus ou moins au même moment. Entre la vaisselle en grès, les plaids crochetés et les vêtements faits main, un même esprit règne : celui de l’unique, du retour aux sources et de l’authenticité. Chiner des céramiques ou réaliser soi-même ses pièces crochetées ou cousues, c’est s’approprier un savoir-faire manuel, presque méditatif. On ne se contente plus de consommer passivement, on valorise l’objet créé, façonné, porteur d’une histoire. Ainsi, la céramique, le crochet et la couture composent un trio qui incarne une rupture avec la consommation de masse et les produits standardisés, en se frayant un chemin jusque dans nos intérieurs. La tendance s’affiche sur Instagram, où #ceramics (22,9M) et #crochet (50,7M) totalisent des millions de posts, et attire cette génération adepte du DIY en quête de sens.
Ce phénomène semble venir d’un engagement : celui de sortir des schémas industriels et d’ajouter du sens à une certaine oniomanie remarquable dans notre génération. Il se peut que ça soit également le fait d’ajouter un côté humain à ce qu’on le possède. Après tout, quoi de plus satisfaisant que de dire que sa nouvelle jupe est « Home made » après une demande quant à sa provenance. Dans cette même quête de sens, la céramique devient un acte de résistance, une réponse au monde jetable. La pandémie du Covid a sûrement dû être un accélérateur du mouvement pour plusieurs, comme avait pu le décrire Seth Rogen à l’époque dans l'interview Q with Tom Power. À la croisée des tendances vintage et slow life, elle attire une génération qui se veut toujours plus unique. La terre, matière première universelle, se fait ainsi le symbole d’une renaissance artisanale qui défie cette frénésie moderne. Acheter une pièce de céramique, c’est un choix engagé, une façon de voter pour un futur plus ancré, plus conscient, où chaque objet aura au final – une histoire à raconter. À savoir si cela restera une tendance passagère comme beaucoup ou s’installera comme réelle habitude à l’égard notre mentalité de consommation.