Vedi tutti

Le délogement d’un club de pétanque parisien sème la discorde

L'impact d'une décision municipale sur une communauté soudée

Le délogement d’un club de pétanque parisien sème la discorde L'impact d'une décision municipale sur une communauté soudée

Ce lundi matin, l’avenue Junot, habituellement calme, a été assaillie par 8 camions CRS pour déloger non pas des terroristes mais bien des boulistes. Les adhérents du Club Lepic Abbesses pétanque (Clap), vieux d’un demi-siècle,  bataillaient depuis des mois pour conserver leur terrain historique sur la Butte, face à la mairie de Paris - propriétaire des lieux - qui souhaitait le revendre à l’hôtel de luxe mitoyen pour que ce dernier puisse agrandir sa terrasse. Depuis le 19 avril, quelques membres du Clap se relayaient jour et nuit, en installant des tentes, pour dissuader leur expulsion de cette zone classée. Fin mai, la mairie avait déclaré que si la médiation n’aboutissait pas, elle ferait l’usage des forces de l’ordre pour déloger les boulistes. 

Faute d’accord, les forces de l’ordre sont arrivées ce lundi matin sur les lieux où elles ont commencé par déloger les trois adhérents qui dormaient sur place. Elles ont par la suite détruit le club house et chargé un camion de déménagement de toutes les affaires qu’elles pouvaient trouver. Très vite, les autres membres du club sont venus à la rescousse pour empêcher l’évacuation. Ces derniers se sont couchés sur la voie pour contester pacifiquement, aux côtés de quelques riverains qui sont venus apporter leur soutien. Dans le courant de l’après-midi, sous les regards réprobateurs, les CRS ont fini par déloger les quelque 80 personnes qui manifestaient. Une opération qui bien évidemment attise la colère de nombreuses personnes à commencer par le président de Clap, Nicolas Jamme qui a déclaré au micro du Parisien qu’il portera plainte: «Ce qui est choquant, c’est de voir les forces publiques qui travaillent pour un opérateur privé en détruisant un lieu classé. Le directeur de l’Hôtel particulier a lui pu rentrer sur le site et dès midi il installait sa banderole pour annoncer le futur jardin. »

@reelmediaofficiel Partie 1/2 -> "On risque tout : du pénal, des amendes, de la garde à vue. Et vous voyez, ils viennent quand même.” Le CLAP, club de pétanque parisien menacé d'expulsion par la mairie du 18e, a lancé la première ZAD de Paris. Depuis vendredi, ils occupent le terrain appartenant à la mairie sur lequel ils sont installés depuis plus de 50 ans. La mairie souhaite reprendre le terrain pour créer un jardin public et en céder une partie à un hôtel voisin. #petanque #paris #paris18 son original - Réel média

Aymeric Caron, député de La France Insoumise (LFI) qui était venu sur les lieux pour soutenir les boulistes a dénoncé auprès de l’AFP: «Si les gens du Clap sont virés, c’est tout simplement pour permettre à l’hôtel particulier voisin du club de récupérer la gestion du terrain pour en faire quelque chose qui est assez nébuleux pour l’instant.» L’acteur Fabrice Luchini a quant à lui exprimé sur X son étonnement qu’un maire de gauche choisisse de « préférer le tourisme de luxe à un club de pétanque de riverains de tous milieux sociaux présent depuis 50 ans dans un square classé (...)» Installé depuis 1971 dans cet espace vert classé, cette opération est un vrai crève-cœur pour le Clap qui était plus qu'un simple club de pétanque mais un véritable lieu de rencontre intergénérationnel historique dans le quartier de Montmartre. Le club, qui compte 300 membres, a toujours sollicité la signature d’une convention d’occupation auprès de la mairie, mais celle-ci n’a jamais répondu. Aujourd'hui, elle affirme que le Clap occupe les lieux sans droit ni titre, justifiant ainsi l’opération d’évacuation.