De l’underground aux podiums, comment les raves redéfinissent la culture
Entre rébellion et création, l’influence de la rave sur la scène mondiale
22 Octobre 2024
« Les raves ne sont pas seulement des fêtes, elles sont des révolutions silencieuses, des carrefours où la musique et la mode se croisent et fusionnent. » Cette citation illustre parfaitement l’essence de ce phénomène culturel qui, depuis les années 80, n’a cessé d’effacer les frontières géographiques et sociales pour se transformer en un véritable espace de liberté et d’expression. Les raves, loin d’être de simples événements nocturnes, sont une plateforme où la mode et la musique dialoguent, influençant mutuellement leurs codes esthétiques. Depuis l’émergence de l’acid house à Chicago, cette relation symbiotique a permis à des mouvements comme celui des raves d’imposer des esthétiques décalées, souvent avant-gardistes, qui traversent les décennies. La scène rave a ainsi redéfini l’expression personnelle à travers des looks psychédéliques, où les motifs, les couleurs et les accessoires extravagants racontent autant que les beats une histoire d’émancipation culturelle.
@theravearchive One thing i find interesting about rave is there’s never a definitive answer for questions like this the way there is in hip-hop, IMO this is the first track that fully resembles what would become breakbeat (though very obviously not the first track with a breakbeat in it). It says a lot that the majority of the copies of this were sold to the UK. #rave #80s #80srave #90s #90srave #oldskool #dance #electronic #foryou original sound - The Rave Archive
L’usage du mot « rave » remonte aux années 1950, quand il désignait les fêtes bohémiennes de Soho, à Londres. Cependant, c’est dans les années 80, avec l’arrivée de l’acid house, que les raves telles que nous les connaissons ont pris leur forme actuelle. Les pionniers de l’acid house, comme Frankie Knuckles et Larry Heard, ont importé ce son unique en Europe, transformant d’abord Manchester et Londres, puis le continent tout entier, en foyers de cette révolution musicale. Le terme « rave » a été réapproprié par les Britanniques pour désigner ces gigantesques soirées où les DJs américains et britanniques attiraient des milliers de danseurs. En témoigne Frankie Bones, légende de la scène new-yorkaise, qui, après avoir joué devant une foule de 25 000 personnes à Coventry, ramena l’énergie des raves au cœur de Brooklyn avec les célèbres Storm Raves. Ces événements ont permis de transposer cette effervescence culturelle aux États-Unis, ancrant la rave comme une contre-culture internationale, où l’échange entre musique et mode devenait un vecteur de diffusion d’idées nouvelles.
@tiktok_fashion_show Walter Van Beirendonck | Fall Winter 2020/2021 #Fashion #WalterVanBeirendonck #runway original sound - kenny.muur
Au-delà des dancefloors, les raves ont profondément marqué le monde de la mode, inspirant plusieurs créateurs majeurs à intégrer cette culture dans leurs collections. Walter Van Beirendonck, membre éminent des Antwerp Six, a été l’un des premiers à s’emparer de cette esthétique. Raver passionné lui-même, il a introduit des éléments de la culture acid house dans ses collections dès 1989 avec « Hard Beat », où il mélangeait des motifs graphiques colorés, des masques en tricot et des bottes en fourrure, capturant l’esprit excentrique et exubérant des premières raves. Ce style éclectique a trouvé un écho chez d’autres designers visionnaires comme John Galliano et Alexander McQueen, qui fréquentaient les clubs gays underground de Londres, où la théâtralité et l’extravagance régnaient. Leurs créations, tout en flirtant avec l’anarchie et l’esprit DIY des free parties, ont ouvert la voie à une mode plus flamboyante et transgressive. Plus récemment, des créateurs comme Raf Simons et Demna Gvasalia ont puisé dans l’univers des raves pour des collections qui mêlent minimalisme et influences ravewear, faisant revivre cette esthétique underground dans la haute couture. Ces créateurs ont su capter l’essence même de la culture rave — l’anti-conformisme, l’esprit de rébellion et l’expression individuelle — pour la réinjecter dans des collections qui bousculent les codes établis de la mode.