La Deutsche Bahn réinvente (étrangement) la cuisine française
Quand le coq au vin rencontre l’Orangina
04 Octobre 2024
La Deutsche Bahn s’aventure en territoire culinaire, et on ne va pas se mentir, c’est un peu déconcertant. Vous montez dans un train en espérant vivre un petit moment de plaisir gastronomique façon « haute cuisine » française, et là, surprise : au lieu de savourer un grand cru pour accompagner votre coq au vin, vous vous retrouvez avec une bouteille d’Orangina à la main. Oui, vous avez bien lu. Du soda pétillant pour accompagner un plat censé représenter la France et son patrimoine culinaire. L’idée même semble sortie d’un mauvais rêve de chef étoilé, mais c’est pourtant la réalité du programme « so schmeckt Europa » lancé par la compagnie ferroviaire allemande. Et si l’intention de célébrer la cuisine française est louable, le résultat a de quoi laisser perplexe.
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Le concept, qui en français se traduit par « goûter l’Europe », se veut un hommage aux différentes traditions culinaires du Vieux Continent, avec un pays mis à l’honneur tous les deux mois. Pour septembre et octobre, c’est la France qui est à l’honneur. Sur le papier, ça fait rêver : un voyage en train ponctué de découvertes gastronomiques, le tout dans une ambiance conviviale. Sauf que la réalité dans les wagons-bars n’a pas exactement répondu aux attentes. Le fameux « coq au vin », classique indémodable de la cuisine hexagonale, se voit dénaturé par des choix pour le moins curieux : une sauce à tremper avec du pain à l’ail, le tout accompagné d’une boisson gazeuse, qui, avouons-le, n’a pas vraiment sa place sur une table française.
Mais la vraie surprise, c’est le croissant. Ce monument de la viennoiserie, symbole du savoir-faire français, est ici servi dans une version salée, fourré de gouda, de tomates et parfois même de salami. Un choc culturel pour qui associe cette douceur feuilletée à la tradition du petit-déjeuner parisien. Si le croissant salé a commencé à faire son chemin en France ces dernières années, il reste une curiosité plutôt qu’une norme. En Allemagne, cependant, il semble qu’il ait déjà trouvé sa place, à mi-chemin entre un sandwich classique et une viennoiserie revisitée.
Et c’est là que le bât blesse : en essayant de fusionner ces deux mondes, la Deutsche Bahn semble avoir un peu perdu de vue ce qui fait l’essence de la cuisine française. Mais au-delà de ces choix surprenants, ces réinterprétations culinaires traduisent surtout une fascination allemande pour la gastronomie étrangère, même si le résultat manque parfois de finesse. Ce programme, bien que critiquable, reflète aussi une volonté de rendre hommage à la diversité des goûts européens, avec une certaine maladresse certes, mais aussi une réelle intention d’ouverture.