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Pourquoi la Gen Z est-elle obsédée par l’automne?

De l'insta-mom aux rituels cocooning

Pourquoi la Gen Z est-elle obsédée par l’automne? De l'insta-mom aux rituels cocooning

Lenny Kravitz l'a inauguré, le «brat summer» est officiellement terminé, et depuis, on ne peut s’empêcher d’embrasser notre inner 2010’s insta-mom. Depuis quelques années, l’automne n’est plus simplement une saison. C’est devenu un événement — un moment tant attendu, presque sacré, que l’on prépare avec impatience. Cette année, avec le retour viral de l’énorme écharpe de Lenny Kravitz, il est désormais clair : nos rêves d’été indien sont loin derrière et nous avons pleinement basculé dans l’étreinte de la saison. Mais pourquoi cet engouement collectif pour cette saison en particulier ? Il semblerait qu’elle coche toutes les cases pour une génération avide de nostalgie, et soyons honnêtes, de contenu soigneusement élaboré.

Au début des années 2010, l’automne était associé à une certaine figure d’influence : l’insta-mom. Elles inondaient nos fils d’actualité avec des photos de citrouilles, de familles parfaitement assorties, et bien sûr, de lattes posés sur des tables en bois. Caitlin Covington est d’ailleurs devenue la reine non officielle du «Christian girl autumn», un terme mi-sarcastique, mi-révérencieux qui décrivait cette esthétique ultra-cadrée et très domestique. Elle incarnait tout ce que l’automne représentait sur Instagram : écharpes en laine XXL, bottes hautes et joie superficielle enveloppée d'un filtre orangé en accord avec la couleur des feuilles mortes. Aujourd’hui, la Gen Z le vit différemment, beaucoup moins axé sur la perfection polie mais plus sur des ambiances mélancoliques et rêveuses, en hommage à Twilight et à la scène emo des années 2000. Bienvenue dans la «hoa hoa hoa season», un terme emprunté à la chanson Eyes on Fire de la bande originale du film homonyme. Subitement, il n'est plus qu'une histoire de citrouilles ramassées en famille, mais évoque plutôt des paysages embrumés, des jours de pluie et une sorte de nostalgie douce-amère. Sur  TikTok, l'esthétique du Pacifique Nord inspirée par la saga a fait son grand retour, et cette fois, elle est «cool». Des prises de vue aériennes de forêts de pins brumeuses, de coins de rue pluvieux et de ciels gris, accompagnées de cette mélodie troublante, envahissent les réseaux sociaux, rendant l'automne un peu plus introspectif et nostalgique d'une époque plus simple.

Du retour du fameux Pumpkin Spice Latte chez Starbucks aux rayons fictifs surchargés de décors à thèmes sur Amazon, les marques ont rapidement compris l’obsession collective autour de cette saison et en ont fait une machine à profit. La mode, bien sûr, joue un rôle majeur dans cette fièvre automnale. Des marques comme Chloé ou bien Staud profitent depuis longtemps de l’attrait des collections pré-automnales, qui regorgent de textures riches, de tons profonds, et de manteaux ajustés qui nous font désirer l'air frais pour pouvoir exhiber nos plus belles pièces. Même l'esthétique «Meg Ryan Fall»—née de ses looks iconiques dans des films comme Vous avez un message et Quand Harry rencontre Sally —fait un retour en force. Mais ce n’est pas qu’une affaire de vêtements. L’arrivée de l’automne signifie aussi la transformation de nos intérieurs. Des tables Instagram-ready aux plaids de luxe soigneusement posés sur un recoin de canapé, le désir de «automnifier» nos espaces est bien réel. Tous les ans, cette envie irrésistible de vivre la saison autant que de la porter revient, qu’il s’agisse de layering ou en exploitant enfin cette collection de bougies Diptyque qui font souvent plus office d'accessoires décoratifs que d'objets utiles.

Au-delà des tendances et du consumérisme, il y a un aspect émotionnel à l’automne, une sensation qui est difficile à décrire mais que tout le monde comprend. L’automne ressemble à un bouton «reset» — un moment de renouveau, de redémarrage. Peut-être parce que l’année scolaire commence à cette période, ce qui nous amène à revoir nos objectifs. Ou peut-être est-ce parce qu’après l’agitation estivale, nous sommes prêts à ralentir, à nous recentrer, à cuisiner des soupes maison et à binge-watcher notre sitcom préférée pour la énième fois. Amy Odell, autrice de la newsletter Back Row, parle de cette «idée Hallmark de l’automne», cette envie collective d’une version idéalisée de la saison, faite de moments cocooning et de balades en forêt. Même dans les endroits où les feuilles ne changent pas de couleur et où l’air ne devient pas plus frais, nous aspirons à cette vision romantisée. Dans un monde où tout semble de plus en plus incertain — réchauffement climatique, crises politiques, flux continu de contenu numérique — il nous offre une forme de stabilité. Les pulls, les bougies, les rituels qui en découlent comme préparer un thé chaud nous ancrent. Ils nous rappellent que même si tout semble chaotique à l’extérieur, nous avons au moins ce moment de répit, cette illusion de contrôle et de confort. L’idée de l’automne, avec son ambiance et son énergie, est devenue si ancrée dans la culture populaire que nous trouverons toujours des moyens de le célébrer, même si le thermomètre affichera probablement 30°C en octobre.