Les leçons à tirer des JO de Paris 2024 pour Milan-Cortina 2026

Après un été sportif et mouvementé, Paris à désormais tourné la page : les touristes venus des quatre coins du monde pour suivre les Jeux Olympiques sont partis, la bonne ambiance générale et l’esprit bon enfant de compétition aussi, l’après-coup de l’événement quant à lui a bel et bien pointé le bout de son nez. Bien que Paris ait offert des moments mémorables de succès sportif et d'esprit olympique, d'inévitables interrogations concernant les impacts économiques, sociaux et environnementaux qu'un événement d'une telle envergure impose au pays qui l’accueille surgissent. Afin d’héberger les jeux et ses visiteurs comme il se doit, Paris a dépassé de manière générale les estimations initiales, et les avantages économiques attendus qui auraient toutefois pu faire remonter le taux de bénéfices engendrés par les jeux restent également incertains. En effet, ll’impact économique est estimé à 11,145 milliards d'euros, mais avec des effets négatifs sur de nombreuses entreprises locales (-60 % de ventes dans certaines zones). Un bilan en somme bien moins rose qu’espéré, qui pourrait bien inquiéter l'Italie, qui accueillera les Jeux Olympiques d'hiver en 2026. En effet, la botte s’apprête à faire face à un défi de taille : capitaliser sur l'héritage positif de l'événement et exploiter les avantages qu’il offre sans tomber dans les mêmes pièges que Paris. Heureusement pour l’Italie, l'expérience française offre un certain nombre de perspectives et d'avertissements qui pourraient influencer l'organisation de Milan-Cortina et lui permettre d'éviter de faire les mêmes erreurs. 

Défis en matière de sécurité et de coûts

La complexité de la gestion de la sécurité pour un événement de cette ampleur est importante. Paris, qui disposait pourtant d’un budget de 348 millions d'euros et de 45 000 agents a tout de même été victime d’actes de sabotage qui ont paralysé le réseau ferroviaire TGV, affectant trois des quatre principales lignes à grande vitesse du pays, une menace qui pourrait également s'abattre sur Milan-Cortina 2026. Même les technologies de pointe comme vidéosurveillance algorithmique (VSA) et  drones équipés de caméras intelligentes pour surveiller les sites olympiques depuis le ciel n’ont pas suffit à empêcher d’inévitables désagréments, ajoutant également à la liste un problème de respect de la vie privée et de protection des libertés individuelles. Milan-Cortina 2026 devra relever des défis similaires, voire plus complexes, dans un contexte géographique alpin difficile à protéger et avec des événements répartis sur une vaste zone.

Défis juridiques et impact sur la collectivité

212 affaires liées à l'événement ont été portées devant les tribunaux. Parmi ces affaires, 41 % concernaient des délits économiques et financiers, 44% les violences volontaires et d'infractions au code de la route, y compris les vols de drones non autorisés. Des incidents qui ont donné lieu à 86 condamnations, dont 49 cas d'emprisonnement et 8 interdictions de stade.  Des problèmes importants en termes d'impact sur le marché du logement et les communautés locales ont également fait surface : le village olympique se trouvait dans des zones caractérisées par un taux de criminalité élevé, avec plus de 20 000 délits enregistrés en 2020. La transformation du village olympique en un quartier résidentiel et commercial risque de ne pas produire les bénéfices escomptés si les questions de sécurité et de criminalité ne sont pas traitées de manière adéquate. Et l’Italie pourrait bien être confrontée à des inquiétudes similaires, avec par exemple la gentrification, l’impact négatif potentiel sur les communautés locales, ou encore l'afflux de touristes. Les communautés alpines pourraient être moins bien préparées à gérer l'afflux de visiteurs et les conséquences économiques de l'événement.

Promesses environnementales vs. réalité

Paris 2024 visait à réduire drastiquement l'impact environnemental, avec une estimation de 1,58 million de tonnes de CO2 émises, en deçà de l'objectif initial. Toutefois, le bilan environnemental final ne sera connu qu'à la fin de l'année 2024, ce qui laisse une marge d'incertitude. Les objectifs en matière de recyclage des déchets sont ambitieux, mais on craint que le volume généré ne dépasse les 6 000 tonnes. Les émissions dues aux transports représentent un tiers de l'empreinte carbone des Jeux, et les solutions telles que les véhicules électriques et l'amélioration des transports publics pourraient ne pas compenser les dommages causés par les vols internationaux et les déplacements de masse. Milan-Cortina, avec les Jeux d'hiver, est confrontée à un défi encore plus complexe, car l'événement dépend fortement des ressources naturelles, ce qui soulève des doutes quant au maintien d'une approche écologique durable.

L’Italie n’aura donc que de choix que de trouver un équilibre entre besoins logistiques et protection de l’environnement, tout en respectant ses invités, ses sportifs et surtout en évitant de compromettre le paysage visuel. Il est également essentiel de veiller à ce que les bénéfices des Jeux soient répartis équitablement entre les communautés locales afin de créer un héritage durable. Milan-Cortina 2026 représente donc une opportunité unique pour l'Italie, mais aussi une grande responsabilité. Seule une planification méticuleuse et une vision à long terme peuvent transformer l'événement en un moteur de croissance durable et de prospérité pour le pays.