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Interdiction du port du hijab pour les athlètes françaises aux Jeux Olympiques

La France internationalement critiquée pour sa politique discriminatoire

Interdiction du port du hijab pour les athlètes françaises aux Jeux Olympiques La France internationalement critiquée pour sa politique discriminatoire

En prélude aux Jeux Olympiques de Paris 2024,  la question de l'interdiction du hijab pour les athlètes françaises divise, plaçant une fois de plus cet événement et son pays hôte sous les feux de la rampe. À travers ce voile de la discorde, la France révèle une fois de plus les contradictions et les défis de son modèle de laïcité, mettant en lumière une politique à deux vitesses qui exclut des citoyennes de leur propre pays. C’est en septembre 2023, qu’Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, annonçait que les athlètes françaises ne pourraient pas porter de hijab lors des compétitions olympiques. « Cela garantit la prohibition de tout type de prosélytisme et assure la neutralité absolue du service public, » déclarait-elle. Cette interdiction s'inscrit dans la tradition laïque de la France, qui impose depuis 2004 l'interdiction des signes religieux ostensibles dans les écoles publiques. La laïcité en France, conçue comme une séparation stricte entre l'État et la religion, vise à préserver la neutralité dans les espaces publics. Cependant, cette vision s'est souvent heurtée à la question des libertés individuelles, notamment celles des minorités religieuses. L'interdiction du hijab dans les écoles publiques et maintenant dans le sport professionnel, sans mentionner la récente débâcle sur l’abaya, soulève plus que jamais des questions sur les limites de ce principe et son impact sur les droits humains.

L'annonce n'a pas tardé à déclencher une vague de critiques internationales. L'Organisation des Nations Unies a rapidement réagi, rappelant que « personne ne devrait imposer à une femme ce qu'elle doit porter ou ne pas porter.» Amnesty International a également dénoncé cette interdiction dans un rapport accablant, soulignant la discrimination systémique dont souffrent les femmes musulmanes en France. Anna Błuś, chercheuse sur les droits des femmes à Amnesty International, ne mâche pas ses mots : « Interdire aux athlètes françaises de participer aux Jeux olympiques et paralympiques si elles portent un couvre-chef sportif vide de leur sens les affirmations selon lesquelles les Jeux olympiques de Paris 2024 sont les premiers à atteindre la parité des genres et met au jour la discrimination raciale et liée au genre qui caractérise l’accès au sport en France ». Les voix des athlètes concernées se sont également fait entendre. Hélène Bâ, une joueuse de basketball, partageait son indignation : « C’est une violation claire de la Charte, des valeurs et des dispositions olympiques, et une atteinte à nos droits humains et libertés fondamentales. Je pense que ce sera un moment honteux pour la France. » Le rapport d'Amnesty International, intitulé « On ne respire plus. Même le sport, on ne peut plus le faire,» détaille avec justesse les conséquences dévastatrices de cette interdiction sur les femmes et les filles musulmanes en France et comment cette politique les empêche de participer pleinement aux activités sportives, les exclut des compétitions mais nuit également à leur développement personnel et professionnel. Les témoignages inclus sont édifiants. «, une autre athlète, y exprime sa frustration : « C’est malheureux. C’est même honteux d’être à ce stade en 2024, de bloquer les rêves juste pour un bout de tissu. » Un récit parmi tant d’autres, mettant  en lumière une réalité où le prétexte de la laïcité en France devient un instrument de discrimination, privant de nombreuses femmes de leurs droits fondamentaux.

@screenshothq France is banning its female athletes from wearing hijabs during the Olympics. Rights groups are concerned that this ban violates the athletes' human rights, but the International Olympic Committee has chosen not to intervene in the issue. What do you think about France banning the hijab at the Olympics? #france #olympics #paris2024 #hijab #humanrights #streetinterview #voxpop The Champion - Lux-Inspira

Ironiquement, les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été annoncés comme les premiers Jeux à atteindre une parité parfaite entre hommes et femmes. Pourtant, cette célébration de l'égalité est grandement ternie par cette exclusion des athlètes voilées. Comment peut-on se féliciter d'une telle avancée tout en imposant des restrictions basées sur des choix personnels et religieux ? Le Comité International Olympique (CIO) n'a pas non plus échappé aux critiques. Accusé de faiblesse et de lâcheté par Amnesty International, il a choisi de ne pas intervenir, arguant que  « la liberté de religion est interprétée de différentes manières par différents États. » Une réponse perçue comme une esquive, évitant d'aborder les violations plus larges des droits humains impliquées. Les impacts de cette interdiction vont bien au-delà des Jeux Olympiques. Que ce soit sur les terrains de football, de basketball ou de volleyball, non seulement elle exclue les femmes des terrains mais les privent aussi des opportunités d'entraînement et de compétition nécessaires pour atteindre un niveau olympique. Mais elle a également des répercussions profondes sur la santé mentale et physique des femmes concernées. Pour Hélène Bâ, qui n'a pas pu participer à une compétition de basketball depuis octobre 2023, les conséquences sont lourdes. « Mentalement, c’est difficile aussi, parce qu’on se sent vraiment exclue. Surtout si vous allez vers le banc et que l’arbitre vous dit d’aller dans les gradins. Tout le monde vous voit… C’est une marche de la honte. »

Face à cette situation, plusieurs organisations de défense des droits humains et des collectifs sportifs ont lancé des appels à l'action. En juin, des membres de Sports & Rights Alliance et de Basket pour toutes ont adressé une lettre au CIO, demandant de faire pression sur les autorités sportives françaises pour lever ces interdictions. Malgré une réponse jugée insuffisante, la détermination des militants ne cesse de croître. De même, le rapport d'Amnesty International et les témoignages des athlètes montrent qu'il est encore possible de faire changer les choses. En effet, malgré le temps imparti, les autorités françaises, les fédérations sportives et le CIO peuvent encore annuler ces interdictions et s'assurer que ces Jeux Olympiques, ainsi que toutes les activités sportives en France, soient vraiment inclusifs et accessibles à tous. Qui sait, peut être que cet outrage international sera catalyseur de changement.