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JO 2024 et changements sur les transports en commun

Paris, banlieue et provinces se réinventent en terrain de jeu pour la mobilité

JO 2024 et changements sur les transports en commun  Paris, banlieue et provinces se réinventent en terrain de jeu pour la mobilité

Avec les Jeux Olympiques de Paris 2024, la capitale et ses régions avoisinantes connaissent une transformation majeure de leurs infrastructures de transport. Si l'on pensait que les JO étaient seulement une question de sport, on avait bien tort. C'est aussi une question de savoir comment acheminer des millions de spectateurs, athlètes et journalistes d'un point A à un point B sans que tout le système ne s'effondre. Depuis le 15 juillet, 185 kilomètres de voies réservées «Paris 2024» ont été mises en service. Ces voies, accessibles uniquement aux véhicules autorisés (athlètes, délégations, secours, sécurité, taxis, mais pas les VTC), relient les différents sites olympiques à Paris et dans toute l'Île-de-France. Marquées au sol et surveillées par des radars automatiques, elles distribuent généreusement des amendes de 135 euros à ceux qui osent s'y aventurer sans autorisation et ce jusqu’au 11 septembre, après la clôture des Jeux paralympiques. «Ces voies sont essentielles pour garantir la fluidité des déplacements des participants aux JO», explique Marc Guillaume, préfet d'Île-de-France. Pendant les Jeux, les transports en commun en Île-de-France resteront au niveau habituel, un véritable miracle en plein été. Toutefois, de nombreux changements sur les lignes sont au programme à Paris et ailleurs. Des voies réservées aux nouvelles lignes de métro, voici un tour d'horizon détaillé des changements à venir.

Les stations Concorde, Champs-Elysées-Clemenceau et Tuileries, proches des installations olympiques, seront fermées pendant plus de deux mois. Et pour pimenter le tout, les prix des tickets de métro et de bus doubleront entre le 20 juillet et le 8 septembre, passant de 2,15 euros à 4 euros. «Une hausse nécessaire pour gérer l'afflux de visiteurs», affirme un porte-parole d'Île-de-France Mobilités. Une amélioration notable est l'extension de la ligne 14 du métro, qui relie désormais directement l’aéroport d’Orly au centre de Paris depuis le 24 juin. Pour utiliser cette liaison sans abonnement couvrant la zone 4, un ticket spécifique à 10,30 euros est nécessaire. Une application dédiée, Transports Publics Paris 2024, a été mise en place pour aider les utilisateurs à naviguer ces changements. Les vélos seront les véritables héros des JO 2024. Tous les sites olympiques seront accessibles à vélo, avec des pistes cyclables aux couleurs des Jeux et 50 kilomètres de nouvelles pistes aménagées. Vélib’ ajoute 3 000 nouveaux vélos à sa flotte, et des stations temporaires géantes feront leur apparition, notamment au Stade de France. «Nous voulons encourager l'usage du vélo pour réduire l'empreinte carbone des Jeux», déclare Tony Estanguet, président du comité d’organisation des JO. Avec 10 000 places de stationnement pour vélos près des sites de compétition, Paris se transforme pas à pas en capitale du deux-roues, de quoi ravir Anne Hidalgo!

Des projets d'envergure comme le Grand Paris Express viennent aussi amplifier cette transformation, promettant de redessiner en profondeur le paysage de la mobilité francilienne. Pour commencer, la ligne 11 du métro parisien a été prolongée de six kilomètres pour desservir cinq nouvelles communes en Seine-Saint-Denis : Les Lilas, Bagnolet, Montreuil, Romainville, Noisy-le-Sec et Rosny-sous-Bois. Une initiative ayant pour but de désenclaver le département et de faciliter la mobilité de ses habitants. De même, après des années de supplice pour ses utilisateurs, la ligne 14 a enfin repris son cours et a été étendue pour relier directement l'aéroport d'Orly, avec sept nouvelles stations, dont six dans le Val-de-Marne. Cette ligne devrait devenir l'une des plus fréquentées au monde, avec un million de voyageurs par jour en 2025.

 

Le RER E, quant à lui, a été prolongé jusqu’à Nanterre-La Folie via La Défense, bien que le service soit initialement réduit. Cette extension est l'une des rares infrastructures majeures des JO à être prête pour l'événement. À l’heure où le Grand Paris Express continue de prendre forme, les autorités locales et les planificateurs urbains doivent naviguer entre les avantages de ces grands projets d’infrastructure et leurs impacts sociaux potentiels.  «Nous assistons à une transformation urbaine qui, tout en offrant des opportunités, engendre aussi un risque de gentrification qui peut exclure les résidents historiques», souligne Anne Clerval, géographe et co-auteure de Les Naufragés du Grand Paris Express. Cette dynamique a déjà été observée dans d'autres grandes villes confrontées à des projets d'infrastructure similaires ainsi qu’à Paris dans des quartiers comme le 10e, le 19e et le 20e arrondissements. Bien que ces infrastructures améliorent la mobilité elles suscitent néanmoins des inquiétudes.

Mais les changements ne s'arrêtent pas aux seuls habitants de Paris et de l'Île-de-France. Bien qu'ils y soient déjà considérables, les adaptations régionales méritent également une attention particulière pour assurer une connectivité optimale à travers tout le pays. Bordeaux, ville hôte de matchs de football, voit sa ligne C du tram renforcée pour l'occasion. Des navettes spéciales seront mises en place depuis la gare de Cenon pour acheminer les supporters jusqu'au stade. Des Pass Jeux seront disponibles pour 24 heures, 48 heures ou 72 heures, facilitant l'accès aux événements. Châteauroux, où se dérouleront les épreuves de tir, propose également des navettes entre la gare SNCF et le site de compétition, avec un itinéraire cyclable de 6,5 kilomètres pour les plus sportifs. Et cerise sur le gâteau, les transports publics y sont gratuits depuis 2001, une tradition qui s'applique également aux navettes spécifiques mises en place pour les JO. «Nous voulons offrir une expérience fluide et agréable à tous les visiteurs», a déclaré Gil Avérous, maire de Châteauroux.

 

Le Stade Pierre Mauroy de Lille accueillera des matchs de football. Il sera accessible par les moyens de transport habituels, avec des renforts prévus pour gérer l'afflux de spectateurs. À Nantes, où se dérouleront huit matchs de football, les transports en commun seront renforcés. Mieux encore, les trams, bus et tram-trains seront gratuits pour les détenteurs de billets les jours de match, et pour tous les usagers le week-end.  Une nécessité pour la maire Johanna Rolland, qui a déclaré vouloir «encourager l'usage des transports publics pour réduire la congestion et les émissions de CO2». Pour finir, Saint-Étienne, avec six matchs de football au stade Geoffroy-Guichard, mettra en place des parcours piétonniers balisés, appelés «fan walks», et une ligne spéciale JO 2024 les jours de match. De plus, tout le réseau de transports sera gratuit pour les détenteurs de billets. Si ces transformations promettent de faciliter la mobilité durant les Jeux, elles laissent également entrevoir un héritage durable pour les infrastructures de transport en France. Reste à voir comment ces modifications influenceront le quotidien des habitants une fois la flamme olympique éteinte.